Rétromobile 2015 – L’un des 6 derniers exemplaires du char Tigre Royal

Rétromobile 2015 – L’un des 6 derniers exemplaires du char Tigre Royal

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Pour la 40ème édition du salon Rétromobile, le Musée des Blindés de Saumur présente un char exceptionnel, l’une des pièces majeures de leur collection, le seul encore en état de fonctionner : le Tigre Royal (Königstiger). Ce char d’assaut allemand était le plus gros, le plus lourd, le plus puissant, le plus impressionnant et surtout le plus destructeur.

Le Musée des Blindés de Saumur Saumur présente également un char AMX 30 de 1962 en démonstration dynamique.

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Mémoire de la France au combat …
Le Musée des Blindés de Saumur constitue l’une des plus importantes collections mondiales de véhicules blindés de la Première Guerre mondiale à nos jours. Cette institution représente non seulement un très important patrimoine technique mais elle remplit parfaitement sa mission de mémoire de la France au combat qui fait partie de notre histoire.

Le Panzerkampfwagen VI Königstiger, ou Sd.Kfz. 182 Panzer VI ausf B Tiger II, surnommé le Königstiger (Tigre royal) Royal fit son apparition en 1944 et sema la terreur sur les champs de bataille de la Seconde Guerre mondiale. Lorsque les divisions de chars des armées alliées apercevaient sa silhouette massive, il était déjà trop tard.

Henschel et Porsche se lancèrent sur le projet d’un char pour remplacer le Tigre I. Porsche étudia deux designs, l’un avec une tourelle centrale et l’autre, avec une tourelle positionnée en arrière sur le châssis.

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Au final, Porsche ne remporta pas l’appel d’offre car son concept de transmission et de châssis était trop avancé pour les techniques de l’époque. Son concurrent, Henschel, avait proposé un char plus conventionnel et plus économique que celui de Porsche, ce qui lui a permis d’emporter le marché. Néanmoins, les 50 premiers exemplaires furent munis de la tourelle Krupp mise au point pour le modèle Porsche. Par la suite, la tourelle a été redessinée par Krupp afin de corriger les défauts de la tourelle « Porsche » et  d’emporter plus de munitions.

Avec ses 69,4 tonnes à la balance et armé de son puissant canon de 88 mm très performant qui avait une portée de 10 km, ce monstre ne laissait aucune chance aux autres blindés. Il n’était pas rare qu’un seul Tigre Royal réduise au silence plusieurs chars des troupes alliées. A cette époque aucun autre char ne pouvait percer son blindage avant de 18 cm d’épaisseur d’acier.

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Mais ce géant avait ses faiblesses, il était très gourmand et engloutissait ses 500 litres d’essence aux 100 kilomètres pour une vitesse de 38 km/h sur route et 20 km/h en tout terrain. Avec à peine 150 km d’autonomie, il fallait un ravitaillement journalier en carburant très important. De plus, son moteur Maybach 12 cylindres 700 cv de 23 litres de cylindrée fonctionnait en permanence en pleine puissance et surchauffait.

Toute cette mécanique complexe demandait une maintenance constante. Ses dimensions et son poids le rendaient vulnérable. Il lui était impossible de s’engager dans les passages étroits. A cette époque, la majorité des ponts ne supportaient pas une charge aussi importante. Chaque déplacement de ce monstre, sur longue distance, imposait un travail titanesque aux équipes de mécaniciens, qui en plus du fastidieux entretien journalier, étaient dans l’obligation de changer les chenilles pour faciliter les manœuvres. En effet, deux jeux de chenilles étaient prévus pour ce géant, un jeu de 66 cm de large pour le transport par voie ferrée et un de 80 cm de large pour le combat.

Pratiquement tous ces Tigre furent détruits, soit par les chasseurs bombardiers américains et anglais soit par sabordage de leur propre équipage après qu’une panne de carburant ou un problème mécanique immobilisait le char. L’armée allemande passa une commande de 1500 Tigre II mais la production se limita à 489 exemplaires alors que l’armée américaine engagea dans cette guerre ses 48 000 chars Sherman.

Sur les 6 survivants des Königstiger, il n’en reste qu’un seul en état de fonctionner qui se trouve dans la collection du Musée des Blindés de Saumur et qui est présenté au salon Rétromobile 2015.

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L’histoire du Tigre Royal du Musée des Blindés
Longtemps les passionnés d’histoire se demandaient d’où provenait le Tigre 2 du Musée des Blindés de Saumur. Il fallut donc s’en remettre à une identification technique, c’est-à-dire retrouver le numéro de série du char, puis le faire identifier. C’est ce qui a été réalisé en 2002 grâce à une collaboration internationale, britannique et allemande.

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L’engagement
Fin août 1944. Après avoir été réceptionné au Camp de Mailly, 14 Tigre II sont débarqués d’un convoi ferroviaire à l’Est de Paris. L’escadron est alors dirigé vers Beauvais. Le 23 août, ils sont envoyés sur le front de la tête de pont US de Mantes-sur-Seine. En cours de route, la moitié des chars tombent en panne. Les autres Tigre arrivent dans le Vexin à 5 km du front américain.

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Bataille de Sailly
Après avoir combattu le 26 août à Fontenay-St-Père, les Tigre sont de nouveau engagés le 28 août à Sailly. Encerclé dans le village, notre Tigre Royal parvient à s’échapper vers le Nord, franchit le pont de la Montcient et remonte péniblement la côte.

Totalement à découvert, ce géant est rapidement repéré par les Américains, il tente d’esquiver le pilonnage intensif de l’artillerie en zigzagant. Arrivé sur le plateau entre Sailly et Montalet, un petit bois lui offre un abri provisoire où se concentrent aussitôt les tirs des canons américains. Le Tigre traqué lance ses 70 tonnes à pleine vitesse et défonce tout sur son passage, il traverse le bois de part en part en créant une trouée qui sera longtemps visible. Au débouché, le moteur surchauffé casse.

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L’équipage abandonne le char sous la mitraille et ne prend pas le temps de le saborder. Hormis trois détruits au combat, la plupart des chars de cette compagnie seront abandonnés (casse mécanique ou panne d’essence) et sabordés.

Ce Tigre Royal resta oublié en bordure du petit bois jusqu’à ce qu’une unité militaire de la France Libre vienne le récupérer. On suppose alors qu’il a été transporté à l’AMX de Satory pour être reconditionné. Début 1945, ce char avec d’autres engins allemands, formeront un escadron blindé français composé de chars de prise de guerre prévu pour la campagne d’Allemagne.
Par la suite, il sera remisé à Satory avant de rejoindre le Musée des Blindés de Saumur sous l’égide du Colonel Aubry.
Sources : Bruno Renoult Album « La Bataille du Vexin » 2004.

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Fiche technique :
Poids au combat : 70 tonnes
Longueur : 10,30 m
Largeur : 3,76 m
Hauteur : 3 m
Equipage : 5 hommes
Armement : 1 canon de 88 mm 72 coups – 2 mitrailleuses MG 34
Blindage : 4 cm à 18 cm
Moteur : Maybach 12 cylindres en V de 700 cv, 24 litres de cylindrée
Réservoir de carburant : 1 036 litres
Consommation : 6 à 10 litres au kilomètre suivant le terrain
Vitesse sur route : 42 km/h
Production : 489 exemplaires de Janvier 1944 à Mars 1945

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