Le Mans Classic 2016 – Bugatti Type 57 Ventoux coach usine de 1937 vendue par Artcurial

Le Mans Classic 2016 – Bugatti Type 57 Ventoux coach usine de 1937 vendue par Artcurial

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Artcurial a mis en vente lors du Le Mans Classic 2016 une sublime Bugatti Type 57 Ventoux coach usine de 1937. Elle a été adjugée à 524 480 euros. Il s’agit du châssis 5754 et du moteur n°384.

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Le châssis roulant Type 57 avec le moteur n°384 est assemblé à l’usine Bugatti en avril 1937 avec huit autres châssis Type 57 et un seul du nouveau modèle Type 57C. Sa carrosserie Ventoux, coach quatre places, est terminée à l’atelier le 22 avril 1937.

Le véhicule est ainsi décrit dans le cahier : « Coach 57/384. 22.4.37. Vert Mousse cuir havane. » Ce type de carrosserie Ventoux, la troisième sur ce châssis, montre un dessin de capot comportant trois rangées de cinq ouïes verticales. Elle ne sera produite qu’entre octobre 1936 et juin 1937 et totalisera moins de 30 exemplaires.

Le Registre de vente mensuel indique au crayon : « 57547-384 Paris. 23.4.37 », surchargé à l’encre : « Créquy. 4.5.37 ». Créquy et Cornette dirigent la concession Bugatti de Lille, dont le garage se situe au 59 rue d’Artois. La bourgeoisie de la métropole, issue de l’industrie textile, est une bonne et fidèle cliente.

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La Bugatti châssis 57547 est immatriculée neuve à la date indiquée par le Registre de vente, soit le 4 mai 1937, sous le numéro 3361 MD 3. L’heureux premier propriétaire est Jean Barthelemy, domicilié au 74 boulevard de Paris, à Roubaix, aujourd’hui boulevard du Général de Gaulle. C’est la seule Bugatti qu’il possèdera jamais. Il se peut qu’il ait été apparenté à Marcel Barthelemy, également de Roubaix : assureur, c’est alors le seul autre amateur de Bugatti de ce nom dans ce département. Il a possédé entre 1924 et 1934 au moins sept Bugatti : 16-soupapes, Type 30, Type 38, Grand Sport 2,3 litres, 3 litres et deux 5 litres Type 46. Il est possible qu’il ait transmis sa passion à Jean Barthelemy, qui conserve sa Bugatti verte jusqu’en 1946. Le 1er octobre 1946, elle est immatriculée, toujours dans le Nord, au nom de Pierre Wandewynckele, domicilié 75 rue de Wervicq à Bousbeque. Cette adresse correspond à la commune où son père Ignace Wandewynckele (1898-1976) possède une usine de tissage et blanchisserie. Cet industriel fait partie de la bourgeoisie lilloise.

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Le 18 décembre 1948, Pierre Wandewynckele fait enregistrer sa Bugatti à sa nouvelle adresse du 29 avenue de Verdun à Marcq-en-Barœul. La maison dispose d’un très grand garage convenant mieux au véhicule. Le 27 novembre 1950, la Bugatti quitte les brumes du Nord pour rejoindre la capitale, où elle est immatriculé sous le numéro 4300 N 75 au nom de Raymond Dupont, domicilié 17 rue Henri Barbusse, dans le 5e arrondissement de Paris. Cette résidence, aujourd’hui détruite, jouxte le collège Lavoisier. Notre homme est entrepreneur en peinture et vitrerie, et passionné de Bugatti : après avoir acheté le coach Ventoux, il devient propriétaire en décembre 1951 de la sublime Atalante Gangloff 57S, châssis 57532. En avril 1952, Raymond Dupont se défait de ses deux premières Bugatti par l’intermédiaire de René Hermanns, garagiste d’Asnières spécialiste de la marque, pour acquérir une sage berline Type 57 de 1939 qu’il utilisera jusqu’en 1958. La vente est matérialisée par une facture au nom de JJ Peugeot, datée du 22 mars 1952 : « Vente de la Bugatti 57 immatriculée 4300 N 75, par René Hermanns, Garage du Pur Sang, 8 rue de Malakoff à Asnières, pour la somme de 150.000 FF. »

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Le 7 avril 1952, le coach Ventoux 57547 quitte officiellement Paris pour la Franche-Comté, où il est enregistré au nom de Jean-Jacques Peugeot, en sa propriété du 11 rue Pasteur à Audincourt. La Bugatti reçoit l’immatriculation 537 AE 25. Jean-Jacques Peugeot (1899-1984) Né le 10 avril 1899 dans la commune de Valentigney, Jean-Jacques Peugeot se marie en 1925 avec Jacqueline Blech. Cet héritier d’une des branches Peugeot devient alors gérant de la Société Peugeot-Japy, qui usine des pièces pour l’industrie textile. En 1929, il achète une Bugatti Type 44 berline, puis roule en Peugeot 402. Pour son usage quotidien, il est tenu d’utiliser des Peugeot, 203, puis 403 et 404. Son petit-fils, Jean-François Bouzanquet, né en 1952, se souvient de la Bugatti dans laquelle il jouait enfant : « La voiture était noire cuir havane. Mon grand-père avait toujours rêvé d’une Bugatti 57. Il se la procura en région parisienne cette voiture qui se révéla une « pompe à ennuis » ; il roula peu avec. Elle était entretenue par Maurice Baroudel, propriétaire du Central Garage à Audincourt, qui démonta le moteur, le bloc ayant gelé. Il fut mal réparé, avec une plaque en aluminium, si bien qu’un bloc neuf fut commandé à Molsheim… » JF Bouzanquet possède toujours, en souvenir, le bloc fendu. La mort dans l’âme, le petit Jean-François voit partir la Bugatti un jour d’hiver 1961 : le coach noir est vendu le 21 février 1961 à un collectionneur de Montbéliard du nom de Jean Rauch, ingénieur « fluide » chez les Automobiles Peugeot.

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Au cours des années qui suivent, il participe à de nombreuses concentrations Bugatti, dont celles des E.B.A à Molsheim, tous les ans en septembre à partir des années 1980. Elle prend part également en 1981 aux festivités du centenaire de la naissance d’Ettore Bugatti.

En 1995, JF Bouzanquet, maintenant adulte, se donne les moyens de racheter au collectionneur montbéliardais la Bugatti de son enfance. La voiture n’a pas changé, toujours dans sa livrée noire et son intérieur havane qui a été conservé. Le 15 juin 1995, elle est officiellement sa propriété.

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A son volant, JF Bouzanquet sillonne les routes de France et profite enfin du plaisir de conduire la Bugatti familiale. Il l’équipe de roues neuves, peintes en noir. Elle fonctionne alors parfaitement bien. L’entretien est réalisé au garage Novo, changer l’huile au fil des km étant la seule contrainte !

En janvier 2002, la Bugatti est cédée à deux amateurs lyonnais éclairés, Yves Anselin et Franck Levotre. Une petite révision mécanique (réglage du carburateur, changement des conduites, vidange…) est entreprise au garage Novo en septembre 2002.

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En Juillet 2004, le véhicule est cédé à Pierre-Marie Knoll, en banlieue parisienne. Ce passionné a commencé à collectionner les voitures et les motos il y a une trentaine d’années en débutant modestement avec des voitures populaires et, au fil des années, faisant monter en qualité sa collection pour atteindre son rêve ultime : une Bugatti. Cette Bugatti a été découverte dans la grange de sa propriété aux côtés de la Delahaye 135 Cabriolet par Guilloré. Les deux autos n’ont pas roulé les trois dernières années, restant à l’abri et au sec dans la grange. Aussi, elles étaient toutes les deux recouvertes de poussière, offrant l’émotion si émouvante que seules les sorties de grange peuvent procurer!

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Passionné de tout ce qui roule, vole et flotte.

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