Organisé annuellement et confié aux équipes de l’Automobile Club de l’Ouest (ACO) organisant les 24 Heures du Mans, le stage de formation des équipes d’extraction françaises, mais aussi Belges et Portugaises s’est déroulé les samedi 30 et dimanche 31 Janvier 2016 sur le circuit Bugatti du Mans. J’ai pu participer à ce séminaire pour mieux découvrir et comprendre les différentes techniques d’extraction sur des Porsche 919 Hybrid et 911 GT3, des Formule 1, Formule 4, une Formula Renault 3.5 et des voitures de rallye et vous faire découvrir cette fonction méconnue du grand public.
Pas moins de 130 personnes étaient présentes durant ces deux jours pour tester, mettre à niveau et certifier leurs compétences à extraire les pilotes de leur voiture, en cas de nécessité, à l’issue des accidents en course.
Mais quel est le rôle d’un extracteur?
Un extracteur est un secouriste spécialisé qui joue un rôle essentiel avec son équipe dans l’extraction (et non de désincarcération) d’un pilote lors d’un accident lors d’une course automobile.
Il intervient très rapidement avec l’équipé médicale et permet de sortir le pilote en toute sécurité de sa voiture de course. La vie du pilote est ainsi entre ses mains. Les extracteurs sont les premiers sur les lieux.
Une équipe d’extracteurs compte en général six personnes : un médecin et 5 extracteurs. L’action des extracteurs correspond à la troisième phase du dispositif de sécurité en course.
Martin Goureau, responsable sécurité pistes au Mans : « La première est préventive. Elle concerne tous les efforts faits par les constructeurs sur les voitures pour que les accidents n’arrivent pas. La deuxième concerne les infrastructures : rails de sécurité, bacs à graviers, etc. La troisième est dite de prévision. C’est à cette dernière phase qu’appartiennent les commissaires de course, l’équipe médicale, les extracteurs… ».
Les extracteurs sont positionnés lors des 24 Heures du Mans et de SPA à différents endroits du circuit au travers de plusieurs équipes et sinon au centre de contrôle du circuit prêt à partir.
Au 24 Heures du Mans, chaque équipe d’extracteurs a une Audi Q7 3.0 TDI quattro à sa disposition, spécialement aménagée.
L’ACO va plus loin en mettant dans chaque équipage de voiture médicale (Medical Car) un extracteur avec le médecin et le pilote de la voiture médicale. Cela permet à une premier extracteur (expert spécialisé dans les voitures hybrides) d’arriver le premier sur les lieux pour la sécurisation de la voiture accidentée et de préparer l’extraction avec le médecin en faisant un premier diagnostique de la situation et des blessures en attendant l’équipe d’extraction. L’équipe d’extraction arrive dans la foulée, avec à peine 30 secondes de décalage. Chaque temps est précieux et l’ACO l’a bien compris par sa longue expérience en courses d’endurances.
Comment devenir extracteur?
Un candidat pour devenir extracteur doit avant tout passer les deux premiers brevets de secourisme PSE1 (Premiers Secours en Équipe de niveau 1) et PSE2 (Premiers Secours en Équipe de niveau 2).
Puis il faut postuler à une association de secourisme et d’assistance médicale (infos auprès de l’ACO).
Il s’agit de bénévolat sur son temps libre. L’extracteur peut intervenir sur différentes courses à travers la France, voire à l’étranger. Les frais liés à cet engagement sont pris en charge par l’association.
Séminaire d’extraction
Ce stage, unique en France qui a lieu une fois par an au Mans est reconnu internationalement. Il est un formidable terrain d’échanges pour toutes les équipes d’extraction.
En plus de la formation aux nouvelles techniques et aux nouvelles innovations, il permet de rappeler les fondamentaux, d’aborder les dysfonctionnements rencontrés lors de la saison précédente et de trouver des solutions.
L’extraction a pour objectif de sauver la vie de pilote mais aussi de protéger son rachis (colonne vertébrale) via différents matériels dont le KED (Kendrick Extrication Device) qui est un dispositif d’immobilisation (attelle) de la colonne vertébrale facilitant l’extraction de la victime d’un habitacle de voiture.
Les équipes étrangères ont débuté la formation dès 8 heures, le samedi 30 janvier, suivies par les équipes françaises, le dimanche. Ce debriefing était présidé par le Dr Jean-Jacques Issermann, (délégué spécial du président de la commission médiale de la FIA – Fédération Internationale Automobile), le père de l’extraction des pilotes de course dont la première équipe d’extracteurs fut créé en 1989. A 93 ans, il est encore très actif et donne ses précieux conseils issus de sa longue expérience.
Les stagiaires étaient encadrés par une équipe médicale composée de médecins de l’Automobile Club de l’Ouest (ACO), de la Fédération Internationale de l’Automobile (FIA) et de la Fédération Française du Sport Automobile (FFSA) ainsi que de médecins chefs de différents circuits européens.
Le début de matinée était consacré à l’aspect théorique, avant des exercices de mises en situations et un examen pratique en fin de journée afin de recevoir l’habilitation internationale officielle d’extracteur.
Cette habilitation est valable 2 ans, mais les équipes intervenant au Mans la repasse chaque année pour être au top des dernières techniques et technologies.
Toutes les équipes ont pu s’entrainer sur différents types de voitures.
Les voitures mises à disposition étaient la Porsche LM P1 919 Hybrid victorieuse du Championnat du Monde d’Endurance de la FIA 2015, prêtée pour l’occasion par le constructeur allemand Porsche ; deux Porsche GT FFSA ; une Formula Renault 3.5 ; une Suzuki Swift Rallye, une caracasse de Seat Leon et deux Formule 4 à siège-baquet de l’Auto Sport Academy.
Un châssis de Formule 1, spécialement adapté par l’Institut FIA pour les exercices d’extractions, complétait la formation de ces spécialistes.
L’une des nouveautés de ces dernières années est l’arrivée en course des voitures hybrides comme l’Audi R18 e-tron quattro ou la Porsche 919 Hybrid.
Pour ces voitures, des précautions et des équipements spécifiques sont nécessaires en raison du grand risque électrique.
Les 24 Heures du Mans ont toujours été un laboratoire d’innovations, notamment dans le secours médical et dans les techniques d’extractions.
Un certain nombre de matériels y a été inventé comme le plan dur qui est une planche en bois et de plus en plus en plastique avec une armature métallique permettant d’immobiliser la colonne vertébrale d’un patient.
Après validation du stage, les équipes interviendront sur l’ensemble des compétitions de sport automobile françaises comme internationales à travers le monde, que ce soit pour des épreuves d’endurance (24 Heures du Mans et de Spa), de rallye ou de monoplace à commencer par la Formule 1 ou la Formula E.
Ce stage confié à l’Automobile Club de l’Ouest démontre l’immense et permanent travail de qualité effectué par les personnels qui évoluent lors des épreuves organisées sur les circuits du Mans.
Toujours soucieux d’optimiser la sécurité et l’organisation de ses courses, l’ACO organisera également en mars prochain, une formation pour les chefs de zones, les opérateurs de direction de course et les directeurs de courses qui interviennent sur les 24 Heures du Mans ainsi que sur toutes les épreuves se déroulant sur le circuit Bugatti.
Je vous présenterais très prochainement en détail les équipements de sécurité des pilotes et des voitures, les différentes techniques d’extraction et le matériel des extracteurs via de nombreuses vidéos exclusives et photos montrant différentes situations sur différents véhicules et notamment sur les Porsche 919 Hybrid et 911 GT3.
Un grand Merci à l’ACO, et notamment à Mathieu Navarre (Chef de Piste à l’ACO), Martin Goureau (responsable sécurité piste à l’ACO), au Dr Alain Kind (Médecin Chef de l’ACO), au Dr Alain Chantegret (Délégué Médical à la FIA et membre du comité directeur de la FFSA), au Dr Jean-Jacques ISSERMAN (Délégué spécial du président de la commission médicale de la FIA et fondateur de l’extraction), au Dr Jacques Tropenat (Délégué Médical à la FIA), au Dr Jean Spadaro (Médecin FFSA), à toutes les équipes et autres Docteurs présents pour leur accueil et leurs explications et enfin à Brice Cropet-Fleury de Stand21 pour l’explication sur certains produits de sécurité.
