Rétromobile 2017 – Lamborghini Miura SV de 1972

Rétromobile 2017 – Lamborghini Miura SV de 1972

L’une des plus belles pièces de la vente aux enchères Artcurial au salon Rétromobile 2017, qui s’est tenue le vendredi 10 février 2017, est la Lamborghni Miura SV de 1972, châssis 5050, ayant le moteur n°30738.

Cette voiture a été livrée neuve par le distributeur français bien connu Paris Monceau Automobiles, le 10 juillet 1972. D’origine de teinte marron métallisé avec intérieur moutarde, cette superbe Lamborghini Miura SV a été délivrée à son premier propriétaire, Monsieur D. Castel qui l’immatricula à Bordeaux sous le numéro 8394 CZ 33, le 30 août 1972. Il la garde à peine deux ans et la cède le 15 février 1974 à son deuxième propriétaire, lui aussi résidant à Bordeaux, si bien que l’immatriculation ne change pas.

Le 11 février 1976, son troisième propriétaire, un grand passionné et amateur de sportives italiennes, collectionneur très discret, en fait l’acquisition et, contrairement aux deux précédents, il va la garder 37 ans! Elle reçoit alors l’immatriculation 8346 GB 13 à Marseille. Dans cet intervalle, ce collectionneur fait faire, au début des années 1980, des travaux de restauration à Modène, et c’est à cette occasion que la voiture est repeinte dans sa belle teinte rouge. Elle est entretenue par son mécanicien à demeure et on la croise de temps en temps dans le pays aixois et marseillais.

En 2014, elle bénéficie aussi d’une réfection complète du moteur par Jean-Michel Noël avant d’être acquise par le propriétaire actuel, un collectionneur allemand, fou de la marque au taureau. En 2016 le moteur a été révisé chez KL, spécialiste Lamborghini. Le compteur affiche aujourd’hui 42 580 km et tout nous montre qu’il s’agit de son kilométrage d’origine tant son intérieur en cuir beige, jamais refait, parle de lui-même.

Il s’agit d’un modèle hautement désirable et rare, car il s’agit de l’un des deux modèles équipés de l’air conditionné et du carter séparé livré neuf en Europe. En effet, les 17 autres ont tous été livrés neuf aux États-Unis. Enfin, elle est complètement d’origine car son numéro de fabrication (732) figure sur les portières, le capot et les ailettes de capot, numérotées de 1 à 5 comme il se doit et dans l’ordre. Il n’y a que sur le capot que le numéro est impossible à voir car, comme c’est souvent le cas, il est caché sous la peinture. Comme elle comporte aussi son moteur d’origine, sur cette voiture tous les numéros concordent. Elle correspond donc parfaitement à l’expression qu’affectionnent les collectionneurs, « matching numbers and panels ».

Rappelons que, présentée au Salon de Genève 1966, la Lamborghini Miura avait fait l’effet d’une bombe. De conception révolutionnaire pour une voiture de route, elle recevait un châssis-plateforme conçu par Giampalo Dallara, la moteur étant placé transversalement en position centrale-arrière et faisait bloc avec l’embrayage et la boîte de vitesses, formant un ensemble extrêmement compact. Cette disposition originale avait permis à Marcello Gandini, chez Bertone, de tracer une ligne basse, racée, inédite, différente de tout ce que l’on connaissait alors.

Stricte deux places, elle était dotée de phares inclinables entourés de « cils » reprenant le style de la prise d’air de capot et, à l’arrière, la lunette laissait place à des lamelles horizontales. Le moteur V12 provenait de la 400 GT, avec une puissance légèrement supérieure, de 350 ch, ce qui permettait à cette « supercar » d’atteindre 270 km/h. On était vraiment en présence d’une machine exceptionnelle et Ferrari mettra plusieurs années à réagir, ne commercialisant sa Berlinetta Boxer à moteur central qu’en 1973.

La Miura souffrait toutefois de défauts de jeunesse, en particulier au niveau de la fiabilité et de la stabilité. Ils seront progressivement éliminés sur les versions suivantes, Miura S et Miura SV. Ainsi, sur cette dernière, la puissance s’élevait à 385 ch, ce qui permet à la marque d’annoncer une vitesse de pointe de 300 km/h, valeur exceptionnelle pour l’époque et qui en faisait la voiture de route la plus rapide du monde. Sa suspension arrière modifiée et ses jantes plus larges lui permettaient également de rester mieux accrochée au pavé et de ne pas s’envoler à vitesse élevée. Le confort intérieur était plus soigné, pour confirmer la vocation de Grand Tourisme de la star de Sant’Agata Bolognese. « De tous les essais que j’ai réalisés, la Miura est la voiture qui m’a le plus impressionné », dira José Rosinski. De la part d’un essayeur riche d’un tel passé, c’est un compliment de poids! Enfin, la SV est aussi une version particulièrement rare, puisque sa production se limite à 150 exemplaires. Grâce à toutes ces caractéristiques, elle est de loin la plus recherchée des Miura.

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