Le Mans Classic 2016 – Porsche 935 Compétition Client d’Usine 1977 vendue par Artcurial

Le Mans Classic 2016 – Porsche 935 Compétition Client d’Usine 1977 vendue par Artcurial

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La célèbre maison de ventes aux enchères Artcurial était présente au Le Mans Classic 2016 avec une nouvelle fois de superbes modèles exposés et pour la très grande majorité vendus. L’une des voitures phares était une Porsche 935 Compétition Client d’usine de 1977, vendue le samedi 9 juillet 2016 à 1 301 600 euros.

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En 1976, le Championnat du Monde des constructeurs se courait avec des voitures de GR V, dites de production ou « silhouette ». Porsche était prêt. En 1973 et 1974, l’usine de Zuffenhausen avait essayé et engagé en compétition à titre expérimental des voitures prédécesseurs directs des coupés 935 qui connurent le succès dès leur première course.

Les Porsche 935-76 furent extrêmement allégées. En partant d’une coque nue renforcée de 930, les capots avant et arrière, les portes et les ailes sont en matière plastique GFK. A l’avant, le grand spoiler et les deux ailes sont réunis en un seul élément amovible. A l’arrière, on a le choix, selon les courses, pour une carrosserie courte ou longue. La silhouette typique des ailes a disparu pour des raisons de finesse aérodynamique. Le capot est plongeant et les phares, de ce fait, sont placés très bas. L’aileron arrière est en aluminium et plastique et comprend une réglette d’appui réglable, entouré de deux prises d ‘air Naca sur le dessus des ailes. Campée sur d’énormes roues BBS à voile aérodynamiques, l’ensemble est réussi et très agressif.

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Tout matériel d’insonorisation a disparu. Le pare-brise est en verre Securit, et les vitres latérales en plexiglas. Il n’y a ni sièges passager, ni roue de secours, ni revêtement intérieur et l’arceau de sécurité est en aluminium. Le tableau de bord est spartiate, il n’y a rien de superflu en dehors du compte-tours, de la température moteur, d’un très beau manomètre de pression de Turbo siglé Porsche, de la pression d’huile et d’essence et d’une molette servant à faire varier la pression du turbocompresseur, de 1,2 à 1,55 bar suivant le type d’épreuve, endurance ou sprint, octroyant ainsi une puissance de 550 à 650 ch.

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Le moteur de 2856 cm3, basé sur un bloc/vilebrequin de 930 de série mais assemblé avec des gougeons de 917, des bielles en titane, un double allumage, d’une pompe à huile de 908 et de l’injection Bosch K-Jetronic, se révèle idéal en toutes circonstances et incroyablement robuste.

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La Porsche 935-76 pèse en fait moins de 900 kg. Le règlement fixait le poids minimum à 970 kg. On dû lester les voitures, ce qui permit de répartir les masses entre l’avant et l’arrière de façon satisfaisante (47% à l’avant, 53% à l’arrière). La suspension arrière est un héritage de celle de la 930 Turbo, mais les barres de torsion ont été remplacées par des ressorts hélicoïdaux en titane et les arbres de transmission fabriqués dans le même métal, provenant de la 917. Seuls les points d’ancrage de la suspension avant diffèrent de la voiture de série. Le système de freinage est emprunté à la 917. Le 6 cylindres développe 600 ch à 8000 tr/mn et consomme 50 litres aux 100 km ! Pour la première fois sur une boîte Porsche dérivée de la série (930), les rapports peuvent être changés sans déposer le moteur.

Porsche a participé officiellement à huit des neuf épreuves du Championnat du Monde des constructeurs en 1977 et remporta la victoire à Watkins Glen, et à Brands Hatch. Sur 8 manches comptant pour le championnat du monde des marques, Porsche en gagna quatre et abandonna quatre fois alors que la 935 d’usine était en tête.

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En 1978, Porsche ne participa pas officiellement, laissant le champ libre à ses clients privés sauf au Mans où la Porsche 935 termina 8ème.

En 1979, l’usine présenta 2 Porsche 936 spiders mais de nombreux privés s’illustrèrent dans l’épreuve Mancelle. Les trois premières places revinrent aux 935, la première par une groupe 5 pilotée par Ludwig et Whittington.

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La voiture de la vente, le numéro 904, est l’un des 13 modèles compétition-client de 1977, fournie par Porsche à des écuries privées afin de participer aux Championnats d’Europe et du Monde d’Endurance en catégories Gr V ou IMSA. Elle fut vendue à Reiner Kamphausen, le manager de Jurgen Kannacher qui participa à 2 courses du Championnat national allemand, avant de la céder au célèbre pilote suisse Claude Haldi qui l’engagea aux côtés du talentueux Herbert Muller, « Herbie », ancien pilote d’usine Porsche à 9 épreuves du Championnat du Monde 1978 et au 24 heures du Mans avec Nico en renfort. La préparation fut confiée à Guido Haberthur. Sa couleur d’origine était « Indian red » et arborait les couleurs de la marque de cigares Meccarillos.

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Pour la saison 1979, Haldi s’inscrivit à 12 épreuves du même Championnat avec Jacques Rey et à l’épreuve Mancelle avec le suisse Herbert Loewe et Rodrigo Teran. Ce dernier, alors champion d’Amérique centrale, effectuait sa première sortie hors de son territoire habituel et, premier pilote Panaméen à participer à cette course, il avait reçu l’aide de son gouvernement. Le drapeau Panaméen décorait le stand de la N°43 de couleur rouge. Elle était préparée par Guido Haberthur et bénéficiait des freins type 79 et d’un nouveau système d’alimentation et de refroidissement. 5ème au général entre la 16ème et la 19ème heure de course puis 4ème à la 20ème heure, elle rétrograda définitivement à la 11ème place à la suite d’une « touchette » au virage d’Indianapolis.

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En 1980, c’est le français Pierre Destic, originaire de la petite commune de Saint-Céré dans le Lot et propriétaire de la SERMATI, usine de confection de pièces aéronautiques, qui l’acquit et participa avec le célèbre champion Danny Snobeck aux 6h de Mugello où ils signèrent une 8e place. Puis vinrent les diluviennes 24 Heures du Mans, sous une livrée blanche et bleue qu’elle détient toujours, couleurs de la SERMATI. Les trois pilotes arrachèrent la 20e place au général.

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Elle fut vendue aux enchères sous le marteau de Maître Poulain à Paris en 1990 au propriétaire actuel pour la somme de 3,5 millions de francs! Cette importante Porsche 935 a été entièrement reconditionnée chez Snobeck Racing Service après le Mans 1980 et n’a pas roulé depuis ni n’a été redémarrée. Elle résida jusqu’à ce jour entre l’atelier du fameux pilote/préparateur Michel Nourry en haute Normandie et le Musée des 24 Heures du Mans. Elle est équipée d’un système de relevage à vérins hydrauliques contrôlable de l’intérieur. Le spoiler endommagé pendant la course suite à une « touchette », fut remplacé par un d’origine 935. Le propriétaire retrouva des années plus tard celui de remplacement de la course, sticker à l’appui, un modèle beaucoup plus aérodynamique qui a été livré avec la voiture. Durant les essais et en course, la voiture a atteint 284 km/h avant Indianapolis et 293 km/h dans la ligne droite des Hunaudières.

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Cette véritable Porsche de compétition, qui a participé 3 fois aux 24 h du Mans, n’a jamais été accidentée, se trouve dans un état d’origine « sortie de course » des 24 Heures 1980, probablement unique. Nous espérons la revoir sur la piste des futurs Le Mans Classic.

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