La maison Bonhams met en vente une rare Porsche 550 RS Spyder non restaurée lors du Goodwood Revival qui va se tenir fin de semaine en Angleterre. Son prix de vente estimé est entre 5,6 millions et 7,4 millions d’euros.
Cette Porsche 550 RS Spyder (châssis 090) est entièrement d’origine, dans son jus, RS signifiant « Rennsport ».Son état de préservation est excellent malgré la présence de quelques défauts, notamment au niveau de la peinture qui se craquelle à quelques endroits. Il s’agit de la patine naturelle qui en fait sa particularité et sa rareté.
Histoire de la Porsche 550 Spyder
La première réputation de Porsche se faisait sur de petits coupés au design aérodynamique, basés sur la technologie Volkswagen, comme son origine dans les années 1930 avec la «voiture du peuple» sous la direction du Prof. Dr. Ferdinand Porsche. Un constructeur allemand a montré la voie à Porsche pour fabriquer un ascendant de la 550 Rennsport Spyder. En 1950, un revendeur Volkswagen, basé à Francfort, Walter Glockler, travaillait avec ingénieur local – Hermann Ramelow – pour assembler une voiture de sport dédiée uniquement à la course automobile, sur la base d’une Porsche. Il a utilisé un châssis tubulaire soudé sur lequel il a installé un moteur 4 cylindres Porsche de 1086 cm3 refroidi par air, monté juste devant l’essieu arrière. Ce « Glockler Spyder » ne pèse que 450 kg, permettant ainsi un très bon rapport poids-puissance. Glockler a amélioré l’idée de base avec une deuxième voiture, cette fois propulsé par un moteur 1500 cm3 de Porsche, avec laquelle il brisa rapidement le record du tour de sa catégorie lors de la course cote de Fribourg-Schauinsland.
Fin 1951, Glockler a vendu la voiture à l’importateur américain Porsche et BMW, Max Hoffman, dans les mains duquel elle est devenue une compétitrice très familière des courses organisées par la SCCA.
Encouragée à construire des voitures de compétition plus sportives que les modèles de série (les Porsche 356), l’usine Porsche a lancé en 1953 son modèle définitif 550 Rennsport. La base de ce nouveau modèle était un châssis tubulaire soudé en acier qui a été rigidifié matériellement par une carrosserie aérodynamique en panneaux d’aluminium, fixés entre eux afin de créer une sorte de structure semi-monocoque. Même le tableau de bord est soudée à la sous-structure pour former un autre élément de rigidité transversale. La Porsche 550 Spyder est équipée d’une capote en toile qui peut être pliée ou complètement enlevée selon le choix du conducteur.
Une nouvelle suspension indépendante a été adoptée, avec des bras doubles et une barre de torsion transversale à l’avant. Après les deux premiers prototypes de la 550 Spyder, une nouvelle suspension à bras a été installée à l’arrière permettant d’avoir une meilleure tenue de route. Les freins à tambours équipent aussi la voiture. Les premières voitures pesaient autour de 550 kg puis plus tard autour de 590 kg.
Ces petites Porsche aérodynamique sont extrêmement rapides en ligne droite – ayant une vitesse supérieure à 220 km/h. Le 0 à 100 km/h est atteint en moins de 10 secondes – ce qui est spectaculaire en effet avec un tel moteur de petite capacité au début des années 1950.
Le moteur de la Porsche 550 a été créé par le fameux Professeur Ernst Fuhrmann (premier dirigeant de Porsche) qui a donné ses lettres de noblesses au fameux moteur 1.5 l Flat 4. Il est connu pour être le père du moteur Typ 547, le 4 cylindres à plat à 4 arbres à came. Doté d’un carter en aluminium, le moteur Flat 4 de 1498 cm3 développe un puissance de 110 ch à 7800 tr/min. Il respirait par deux carburateurs Solex double. Les deux soupapes par cylindre sont inclinées et le vilebrequin était du type Hirth, permettant l’utilisation de 4 paliers principaux pour minimiser les pertes par frottement. Le moteur a également un double allumage avec deux fiches, deux bobines et deux distributeurs pilotés par les arbres à came supérieurs.
Le moteur était bien sûr refroidi par air par un ventilateur entraîné par une courroie. Le moteur est monté en avant de la ligne de l’essieu arrière, avec la boîte de vitesses qui surplombe à l’arrière. Les premières Porsche 550 Spyder de 1954 étaient équipées de boîtes de vitesses à 4 rapports. En 1955, le pilote Richard von Frankenberg a participé à la course Tourist Trophy à Dundrod en Ulster avec Porsche 550 Spyder équipée d’une transmission expérimentale à 5 vitesses. Cette nouvelle boîte de vitesses a été montée de série à partir de 1956.
En 1953, Porsche a engagé des 550 Coupé aux 24 Heures du Mans dont deux ont terminé aux 2 premières places dans leur catégorie. Les Porsche 550 ont continué à briller dans d’autres grandes courses classiques, dont la fameuse course italienne Mille Miglia, et la Carrera Panamericana Mexico en Amérique centrale, permettant à Porsche de rentrer dans la légende en courses automobiles.
Cette voiture a fait l’objet d’un reportage dans le numéro de juin 1971 du magazine américain « Road & Track ». La Porsche 550 RS Spyder a été photographiée William Motta et l’article a été écrit par le spécialiste Allan Girdler qui a également testé la voiture des années 1950.
Road & Track a mis en avant que la Porsche 550 Spyder a été la première réelle voiture de course de Porsche, lancée au Salon de Paris 1953. Cette voiture était plus une voiture de course homologuée pour la route qu’une réelle voiture de tous les jours.
Les Porsche 550 RS Spyder ont été construites par Porsche en série très limitée. Aux États-Unis le modèle n’est pas considérée comme une voiture de sport routière, malgré qu’elle ait un équipement pour rouler sur la route et qu’elle ait une capote. Les équipements n’étaient pas assez nombreux pour avoir cette considération, selon la SCCA (Sports Car Club of America).
Le grand pilote Ken Miles est devenu un autre pilote de Porsche 550. Lors d’une année où 23 pilotes ont marqué des points nationnaux lors de courses organisées par la SCCA dans la catégorie F modifiée, 21 d’entre eux pilotaient des Porsche 550 Spyder.
La direction, le freinage et la suspension furent bien jugés à l’époque, mais cela reste loin de nos standards actuels. La voiture avait été testée sur le circuit du Nürburgring pour sa mise au point et Porsche avait été en avance à son époque.
La répartition du poids est de 48/52 (avant / arrière), donc assez équilibrée.
Historique du châssis 0090
Cette voiture, la n°90, a été acheté par un dirigeant de la télévision de la côte Ouest (États-Unis) – Willett H. Brown, ancien Président de CBS. La voiture a été livrée en version route et ne fut au début de sa vie très utilisée. Lors de la sa première vente en 1956-1957, la voiture n’avait que 1020 km au compteur.
Le second propriétaire était plus enthousiaste. Après avoir parcouru à son volant plus de 19 000 km, il l’a vendu pour financer l’ouverture d’une concession Porsche aux États-Unis.
Elle fut ensuite acquise en 1971 par Fred Sebald, qui aimait les Spyder, notamment via leurs participations en courses automobiles.
Sebald était réparateur de carrosseries de voitures de course dans le sud de la Californie. Par la suite, il est devenu moniteur de ski et s’installa en montagne, donc avec de la neige sur les routes en hiver. La voiture a passé la plupart de son temps soigneusement bâchée dans un garage. Quand il l’a acheté, il avait voulu qu’elle soit une très bonne publicité pour son atelier de carrosserie. Il voulait au départ la restaurer, puis il s’est résolu à la laisser d’origine, d’autant qu’elle n’a pas fait de compétition. La peinture est ainsi d’origine, ce qui fait son attrait et sa rareté supplémentaire.
La voiture a ensuite été vendue à Richard A. Barbour pour le prix de 4500 $ le 13 Avril, 1971, comme l’ateste une copie de l’acte de vente préservé dans les vastes fichiers de documentation qui accompagnent la voiture.
La voiture changea ensuite de mains, chez le collectionneur américain de voitures classiques George Reilly, qui a constaté que – exactement comme décrit dans l’article « Road & Track » – la voiture est restée totalement d’origine, avec tout l’équipement d’origine fourni avec la voiture à sa livraison.
Cette Porsche 550 Spyder avec le châssis « 0090 » n’a jamais été mis en vente publiquement et elle a été rarement vue. Sa présentation ce week-end à Goodwood offre une excellente occasion pour les amateurs de Porsche d’examiner et d’apprécier cette pièce historiquement importante et emblématique de la légende Porsche.
