Bugatti Type 27 Brescia Torpedo de 1923

Bugatti Type 27 Brescia Torpedo de 1923

Lors de la vente aux enchères Bonhams au Grand Palais qui a eu lieu le 9 février 2017, une très rare Bugatti Type 27 Brescia Torpedo de 1923 (châssis n° 1693 / moteur n° 555) avec sa carrosserie d’origine (Lavocat & Marsaud) a été adjugée 506 000 euros.

« Les Bugatti font appel à des recettes techniques qui changent radicalement et définitivement votre façon de voir les choses une fois que vous les avez découvertes. À leur volant, vous réaliserez que chacune d’elles représente un parfait équilibre entre forme et technique, une véritable œuvre d’art. » disait William Stobbs, Les grandes Routières.

Au début des années 1930, Ettore Bugatti s’était fait une réputation indiscutable de constructeur de voitures aux performances exceptionnelles, sur route comme sur circuit. Les plus grands pilotes de l’époque s’étaient forgés un palmarès à bord des voitures sorties de l’usine de Molsheim et les choisissaient souvent pour leurs déplacements quotidiens.

La première Bugatti « Brescia » Type 13 avait été conçue à partir de la première Bugatti construite à Molsheim, la Type 13 à empattement court de 1910. Des Types 22 et 23, à empattement plus long, furent construites, toutes deux utilisant le moteur à course longue à 16 soupapes et simple arbre à cames en tête qu’Ettore Bugatti avait conçu en 1914 et était offertes aux côtés de la version « Petit pur sang » à 8 soupapes. Apparue en 1919, la version 16 soupapes avait gagné au Mans en 1920 et avait reçu le nom de « Brescia » après les quatre premières places remportées par l’usine au Grand Prix d’Italie pour voiturettes, qui avait eu lieu sur le circuit éponyme en Lombardie. Quelques 2 000 Brescia furent construites entre 1914 et 1926 avec des cylindrées de 1 368 cm3, 1 453 cm3 et 1 496 cm3.

La Bugatti Brescia était l’une des petites sportives les plus en vue de l’époque, capable de rouler confortablement à 100-110 km/h avec une consommation incroyablement raisonnable. En fait, un quart de siècle plus tard, peu de voiture de 1,5 litres étaient capable d’égaler ses performances.

La Bugatti Brescia Type 27, telle que le modèle proposé, était assez comparable à la Type 22/23 qu’elle remplaçait, avec un moteur de 1 496 cm3 à 16 soupapes plus puissant, de 50 ch, soit 10 de plus qu’auparavant. Celle-ci fut livrée en France à Le Claux, le 15 mai 1923 avec l’immatriculation 3624 M3. Le 13 juin 1924, Joseph Barrel de La Seyne-sur-Mer achetait la Bugatti qui une semaine plus tard état immatriculée au nom d’un certain M. Cordesse, 363 rue de Paradis à Marseille.

Entre janvier 1925 et octobre 1926, la Brescia compta cinq autres propriétaires, Raoul Peralai, 98 boulevard de la Madeleine à Marseille, Raymond Léon, boulevard du Roi René à Aix-en-Provence, Alphonse Pogalatti, 6 cours Gambetta à Aix-en-Provence, Robert Mallet à Martigues et Olivier Fernand, 6 boulevard de la République à Salon-de-Provence.

Vers la fin des années 1920, la voiture fut utilisée – dit-on – lors d’un hold up au Bois de Boulogne, à Paris. Apparemment, le propriétaire aidé d’un complice sillonnait le bois de Boulogne à la recherche d’éventuelles victimes féminines. Lorsqu’une cible potentielle était repérée, le complice sautait de la voiture attrapait le sac de l’infortunée et remontait dans l’automobile. Rapide et maniable, la Bugatti Brescia était la monture idéale pour disparaître dans l’intense circulation parisienne. À partir du 13 juin 1930, elle reçut l’immatriculation 8106 RB 9.

En 1934, la Brescia fut achetée par Louis-François Arfeuille, maître d’hôtel au Fouquet’s, sur les Champs-Élysées, dont le nom apparaît sur une plaque fixée sur la voiture. Les 25 années suivantes, la Bugatti, remisée dans une grange à Saint-Martial-le-Vieux, dans le centre de la France, ne reprit plus la route, ensevelie sous des monceaux de paille et de terre. Immatriculée 457 00 AA 23, elle fut achetée en 1959 par René Mœuf et remise en état de marche cette même année. Grand collectionneurs de Bugatti, les frères Schlumpf, allèrent voir Mœuf et lui offrirent d’acheter sa voiture 800 000 francs pour leur collection de Mulhouse.

René Mœuf a probablement décliné leur offre, car le propriétaire suivant est Bruno Dalmas qui l’a achetée en 1969 et l’a conservée jusqu’en 1977. Le 12 mars 1977, Bruno Dalmas a vendu la voiture pour 25 000 francs à J. P. Oosterbaan de la Haye, en Hollande. Elle était alors immatriculée 457 AA 23 et reçut l’immatriculation AM-04-76 en Hollande. M. Oosterbaan avait fait restaurer deux Moretti et pour honorer la facture de carrosserie donna la Brescia au carrossier qui la revendit à Hugo Modderman au début de 2006. M. Modderman fit alors restaurer la mécanique chez Ventoux Moteurs Ingénierie (Laurent Rondoni) à Carpentras. Cette restauration complète comprenait une réfection complète du moteur, de la boîte, des freins et de la carrosserie. En possession du vendeur, la voiture a participé avec succès à de nombreux événements organisés par le club Bugatti hollandais (BCN) et en 2014 a remporté la catégorie « Preservation » au concours d’élégance du château de Bensberg.

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