Malgré les normes anti-pollution de plus en plus drastiques, notamment en Europe, obligeant les casses à détruire les plus anciens véhicules n’intéressant que quelques passionnés, il existait encore quelques années en arrière des trésors perdus et fascinants permettant de découvrir de nombreux véhicules d’un autre temps noyées dans une épaisse végétation. Voici un endroit incroyable – aujourd’hui disparu – que j’ai pu visiter en juillet 2009, à Båstnäs, à l’Ouest de la Suède, recelant de nombreuses voitures aujourd’hui très recherchée comme d’anciennes Auto Union Audi, des DK, des VW Combi T1 et de nombreuses Cox.
Suite à une rencontre et à une riche discussion avec un passionné et propriétaire de DKW lors des 100 ans d’Audi à Hazebrouck en juin 2009, Francis, alias Lamined, me fit part d’un lieu hors du commun où le temps semblait s’être figé.
Pour la petite histoire, Francis a découvert ce lieu via des photos d’un internaute qui s’est rendu sur place en 1999.
Après l’avoir contacté pour plus d’informations, ce dernier lui a décrit comment s’y rendre et où se trouvait ce lieu caché quelque part dans l’Ouest de la Suède à Båstnäs.
Lors du passage de Francis en 2005, le nombre de voitures présentes était hallucinant, il y en avait partout, autour de la maison du propriétaire fort sympathique.
En discutant avec Francis, on est vite arrivé sur les marques DKW et Audi. Il a pu voir quelques DKW intéressantes mais également des Audi comme une très rare Audi 60 Variant et une Audi 60 rouge facilement accessible.
Avec l’aide précieuse de Francis et de Google Earth, j’ai réussi à trouver l’emplacement exact de ce cimetière à voitures.
Mais une incertitude planait : ce lieu existait-t-il toujours?
En effet, d’après le récit de Francis et les vues satellites, l’endroit a fortement évolué en quatre ans.
Une grande partie des voitures a disparu laissant la place à la végétation.
Les vues satellites datant d’un an, cet endroit magique pourrait bien ne plus exister.
De plus, nous n’avions aucun moyen de contacter le propriétaire des lieux et nous ne savions pas s’il était toujours de ce monde, la personne était en 2005 déjà bien âgée.
Ayant découvert en Suède l’existence de deux Audi 60 Variant, j’ai décidé de tenter ma chance afin de voir si ce lieu était toujours présent et si je pouvais éventuellement sauver la fameuse Audi 60 Variant dont m’a parlé Francis, au cas où l’autre Variant serait dans un triste état.
Ainsi fin juillet 2009, je suis parti en direction de la Suède pour un long périple afin de découvrir ce Trésor perdu quelque-part au milieu des forêts denses et des lacs de cette région.
A quelques kilomètres du lieu, la route laisse place à un petit chemin de terre étroit et assez glissant. En effet, il a beaucoup plu et l’humidité y est importante. Le petit chemin se transforme en une véritable patinoire. De chaque côté de la route se trouve un fossé peu accueillant, notamment quand on tracte une remorque porte-voiture qui est sensible à tout dérapage.
Ce lieu en pleine nature, loin de tout village ou ville, était une sorte de musée automobile à ciel ouvert où de nombreux modèles et marques différentes se côtoyaient en pleine nature.
Et là ce fut le choc : des centaines de voitures étaient exposées en plein air sur des hectares de forêt et de pré. Le spectacle était fascinant et unique.
Après quelques frayeurs et des dizaines de kilomètres parcourus en forêt sur ces chemins glissants, avec un relief escarpé, l’endroit apparaît. Les voitures sont encore là par centaines malgré la fait qu’un ménage important a déjà été fait dans le passé.
Le lieu comporte quelques habitations qui ne semblent pas être occupées en permanence. Elles semblent être des résidences secondaires.
Après s’être garé, il était temps de profiter du spectacle. Je n’étais pas prêt de revoir un tel lieu, notamment en France. Il fallait donc immortaliser ce moment et bien en profiter.
La pluie ne cessait toujours pas en cette fin de journée. En cette période estivale, les jours sont assez longs en Suède mais la luminosité diminuait rapidement au fil des heures passées sur place.
L’exploration et la prise des photos a duré près de 3 heures. Pas mal de photos ont été ratées dû à la forte humidité et à la faible luminosité. La pluie et la nuit tombant m’ont contraint à abréger mon séjour sur place.
D’un côté, on trouve des dizaines de voitures dans un pré où les herbes folles cachaient en grande partie les voitures. Cet endroit est la partie visible de l’iceberg.
Ma première découverte intéressante fut une Audi 60 rouge 3 portes, alignée avec ses voisines face à la route.
De hautes herbes et orties l’entouraient et il fallait véritablement se frayer un chemin afin de la découvrir.
Derrière la maison du propriétaire des lieux se trouvaient le plus gros des voitures. En effet, sur le côté de la route se dévoilent certaines épaves toutes aussi rares comme des Combi Volkswagen, des Cox, des voitures américaines des années 1950 et 1960, et même une vieille Cadillac des années 1940.
En empruntant un petit chemin, on découvre d’autres perles et notamment quelques petites maisons remplies de pièces détachées comme des parechocs, des enjoliveurs, des transmissions, …
Afin de passer un petit ruisseau, le fond plat d’une voiture sert de pont.
On y trouve aussi des bus et des camions. On se demande vraiment comment ils ont pu être amené à ces endroits reculés et parfois escarpés.
De nombreux petits sentiers permettent de découvrir le gros de ce trésor, disséminé en pleine forêt. Après quelques longues minutes de recherches, je tombe enfin sur une première Audi : une Auto Union Audi de 1966 blanche 4 portes avec intérieur marron.
Il s’agit de l’une des premières Audi produites, dotée d’un starter manuel, caractéristique des années 1965 et 1966. Par le suite, le starter sera automatique sur toutes les Auto Union Audi Type F103.
Son état de décomposition était assez avancé. Cette Audi était en équilibre sur une autre voiture, comme c’est souvent le cas dans cette partie du cimetière à voitures.
L’accès à l’intérieur est difficile car en plus du danger des lieux avec toute cette ferraille rouillée, les portes sont coincés par la rouille et la voiture menace de s’écrouler.
La balade parmi ces épaves se poursuivait. J’y ai découvert des murs de plusieurs mètres de haut, faits d’empilements de voitures.
La végétation a pris sa place en recouvrant certaines épaves. Toutes les marques de voitures étaient présentes, de l’américaine, à la suédoise en passant par de l’allemande et même de la française.
Tout amoureux des voitures anciennes ne peut être qu’admiratif de ce véritable musée à ciel ouvert. L’état des voitures fait mal au cœur mais au moins elles sont en paix en pleine nature. Un tel spectacle en plaine nature sans autre bruit que les feuilles bercées par le vent est fantastique et inoubliable.
Au détour d’une allée de carcasses, je suis tombé nez à nez avec quelques anciennes DKW 3=6 empilées les unes sur les autres et plus que mûres au niveau corrosion.
Je ne m’étais pas aventuré plus près afin de les voir plus en détails. L’équilibre des voitures était incertain.
Au sol, on pouvait même découvrir des moteurs 3 cylindres DKW. Des questions viennent automatiquement à l’esprit : « Mais comment ces voitures sont arrivées ici et comment ont elles pu être empilées de la sorte? »
Pensant ne plus la trouver, j’ai enfin pu découvrir la fameuse Audi 60 Variant beige dont m’avait parlé Francis. Elle était à moitié cachée par la végétation, un arbre aplatissant tout l’avant de la voiture.
Après m’être fait un chemin dans cette verdure, digne à certains endroits des forêts tropicales, je me suis très vite rendu compte que la voiture était perdue à jamais. Tous les éléments de la carrosserie était rongées par la rouille et l’intérieur moisissait à grande vitesse. Quelle tristesse de voir des raretés dans cet état et d’être dans l’impossibilité de les sauver. Pour la sortir, il aurait fallu l’hélitreuiller et dégager à la tronçonneuse tous les alentours.
Les heures avancèrent et la luminosité diminuait à grands pas alors que la pluie continuait à tomber. La visite de ce lieu touchait à sa fin.
Ce lieu semblait à l’abandon, quelques jeunes venaient s’amuser entre les voitures du pré.
Ce lieu était bien connu des riverains de la ville voisine, situé à plusieurs dizaines de kilomètres.
Aucune dégradation n’était faite à ce lieu, une forme de respect se créé pour tout nouveau visiteur. Ce qui fut aussi mon cas.
Un détail m’avait frappé : il y régnait un silence absolu et les voitures reposaient ainsi en paix.
Malheureusement, quelques mois plus tard, une grosse opération de nettoyage fut effectuée, le propriétaire étant décédé. Aujourd’hui, il ne reste plus rien de ce lieu extraordinaire.
Malgré cet entassement de véhicules, une « certaine » propreté y était présente.
Pas de mare d’huile ou d’autres liquides polluants. Cette balade valait déjà à elle seule le déplacement en Suède.
Pour le reste, le pays offre des paysages à couper le souffle et un accueil très chaleureux.
Photos : 4Legend.com
