Rétromobile 2018 – Bugatti Type 57C Coupé Atalante de 1938 avec caisse en aluminium

Rétromobile 2018 – Bugatti Type 57C Coupé Atalante de 1938 avec caisse en aluminium

L’une des stars de la vente aux enchères Artcurial au salon Rétromobile 2018 était la Bugatti Type 57C coupé Atalante du 28 janvier 1938 portant le numéro de châssis 57624. Sa particularité est d’avoir une caisse aluminium et d’avoir été présentée à l’époque au salon automobile de Genève.

Le véhicule proposé à la vente possède toutes les qualités des derniers exemplaires de Type 57C Atalante : moteur à compresseur, caisse aluminium, freins hydrauliques et phares intégrés. La carrosserie porte le numéro d’assemblage 25, indiquant qu’il s’agit de la 25e Atalante produite sur le châssis long Type 57, réalisée dans les ateliers de la carrosserie Bugatti, sur une série de 34 véhicules assemblés de 1935 à 1939. Toutes les teintes possibles et variantes de tons semblent avoir été essayées sur la carrosserie de la Bugatti châssis 57624 : la découpe en deux tons noir/bleu d’origine indiquait sûrement une caisse presque uniformément noire avec des panneaux latéraux de capot, sous la flèche, et des portes bleu marine.

Selon le livre d’atelier carrosserie de Bugatti, le châssis 57624, équipé du moteur 448, est assemblé en décembre 1937, et part en carrosserie début 1938. La voiture est sortie de l’atelier Bugatti le 28 janvier 1938 avec une teinte de caisse bleu / noir et un intérieur cuir havane. Le . Cette Bugatti Type 57C Coupé Atalante est la septième Bugatti sortie de la carrosserie en 1938. A l’époque, le rythme de fabrication est de quatre à huit voitures par mois. 1938 est la dernière année où figure sur le catalogue Bugatti le « Coupé Atalante, 2 places ». Il y aura bien encore une ou deux voitures assemblées en 1939, suite à des commandes spéciales, dont celle préparée pour le Salon de New-York. La production totale des Atalante sur châssis 57 ou 57C (C indiquant la présence d’un compresseur) est de 34 voitures. Le modèle avait été présenté à la presse en avril 1935, alors dénommé « Faux-Cabriolet », et il ne sera officiellement baptisé Atalante qu’à partir du salon d’octobre 1935. Le chiffre de production de ce coupé est le double de celui des coupés Atalante sur châssis 57S, qui est de 17 exemplaires.

Cette voiture a été acheminée de l’usine Bugatti à Molsheim au Salon de Genève par chemin de fer le 2 février 1938. La voiture n’est pas encore promise ou achetée par l’agent genevois. C’est un prêt ou une exposition seule, décidée par Molsheim. Ayant été terminée cinq jours seulement avant son expédition pour le Salon de Genève, elle a sans doute été réalisée spécialement pour cette exposition, et qu’un soin tout particulier a été attaché à sa construction. Le véhicule est officiellement vendu le 5 avril 1938 au concessionnaire Bugatti de Genève, Jean Sechaud. Le Garage Sechaud a succédé vers 1932 au Garage Blanc et Paiche dans la représentation de Bugatti à Genève. Beaucoup de Bugatti Type 57 seront vendus neuves en Suisse, mais seuls deux coupés Atalante y seront mis en circulation : les châssis 57402 et 57624.

Vers 1948, Gilbert de Marignac et son cousin Bernard Darier vont acquérir la Bugatti 57624. La voiture porte alors la plaque d’immatriculation GE 11146.

Le propriétaire suivant de cette Atalante est Alphonse Gontran-Weber. Il immatricule le véhicule en Suisse sous le numéro NE 2542 (canton de Neuchâtel). Aujourd’hui résidant à Lugano, il était originaire de Boudry, près de Neuchâtel. C’est dans un important garage de cette ville qu’il découvre la voiture vers 1950. Gontran-Weber a couru à Monza au volant de sa Bugatti Type 57C Coupé Atalante. Il la cède plus tard en 1952 par l’intermédiaire d’Hubert Patthey au proche ami de celui-ci, Charles Renaud, originaire lui aussi de la région de Neuchâtel.

La voiture reste dans la même région et conserve sa plaque d’immatriculation NE 2542. Quelques modifications et améliorations ont été apportées au véhicule pendant sa propriété : ajout du compresseur chez Bugatti à Molsheim et restauration de la carrosserie chez Köng à Bâle qui modifia également la caisse, surement suite à un accident.

Le galbe des ailes arrières, se rejoignant sur le dessin d’origine au milieu de la poupe, se voit interrompu et séparé par un bandeau arrière, droit sur cette Bugatti, telle qu’elle se présente aujourd’hui. A bien regarder la vue arrière de l’auto photographiée dans le parc du château d’Ermenonville en 1958, il semble que la modification existait déjà.

En 1956, la voiture a été vendue à Dietrich Marx, de Berne. La Bugatti reçoit les plaques BE 59930 mais elle changea rapidement de propriétaire. : Roger-Georges Poinsot, originaire de Carouge, un quartier de Genève puis pour ensuite être achetée par Jean-Louis Fatio, originaire d’une vieille famille genevoise. Ce dernier, alors étudiant, avait immatriculé la Bugatti dans le canton de Genève avec la plaque GE 56608. Mais la voiture avait un problème d’embiellage non signalé à la vente. Très rapidement, l’étudiant coulais quatre bielle et à demander au propriétaire de la reprendre ou d’oublier les 1 500 FS du solde, sur les 5000 FS du prix d’achat. Cette deuxième option fut acceptée.

L’Atalante était équipée de pare-chocs arrière de Jaguar XK 120, mais la restauration qui datait de C. Renaud avait été de grande qualité et la voiture avait une allure magnifique. La réparation moteur fut confiée à l’ancien mécanicien en chef du Garage Sechaud : Gaillepand.

Selon les souvenirs de J-L Fatio, lors d’un rallye au Mans au volant de l’Atalante de la vente, il rencontre Charles Renaud qui participait, lui, avec une 57SC. Sur la ligne droite des Hunaudières, il se rappelle avoir doublé la 57SC de Renaud à plus de 200km/h! La voiture était très performante avec sa caisse aluminium et son compresseur.

Après quelque temps de plaisir intense au volant de son Atalante remise en état, J-L Fatio doit partir travailler aux États-Unis vers 1960-1961. A cette époque il est déjà en contact avec le grand collectionneur Milton Roth, de Long Beach, Californie. Celui-ci est déjà venu dans la propriété familiale des Fatio à Messery, côté français du lac. Roth y a vu plusieurs Bugatti Type 57 que J-L Fatio héberge et vend pour le compte de Robert Baer, un marchand genevois spécialisé dans les très belles voitures de collection dont les amateurs américains sont friands dès le début des années 1950. Pendant le séjour de son fils Jean-Louis aux États-Unis, M. Fatio père s’occupe de la vente de 57624 à Milton Roth, par l’intermédiaire de Robert Baer.

La suite de l’histoire se poursuit aux États-Unis, où le nouveau propriétaire Michael H. Strater, californien lui aussi, a racheté vers 1961 la voiture à Roth. La transaction s’était faite pour 3 500 $.

En 1963, la voiture est cédée au futur président de l’American Bugatti Club, le neurologue réputé Peter Williamson. La restauration complète du véhicule sera entreprise par le spécialiste Bugatti O-A Phillips. Ce mécanicien, installé dans la banlieue de Los Angeles, entretenait déjà les rares Bugatti californiennes en 1931! Les nouveaux coloris de la caisse en deux tons inversés rouge et noir datent de cette restauration.

Le coupé Atalante sur châssis Type 57 est une des plus belles Bugatti qui puissent être présentées à un Concours d’Elégance et un des modèles les plus désirable et exclusif de la production Bugatti.

Photos : 4Legend.com / Artcurial / D.R.

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