Audi a réalisé dans le passé d’étonnants prototypes sous l’aspect de voitures normales, les fameux mulets, qui sont parfois étonnants comme cette Audi A3 Sportback quattro 8P embarquant un moteur V6 bi-turbo en cours de développement.
Depuis 2001, nous avons pour habitude de nous rendre plusieurs fois par an chez Audi à Ingolstadt et à Neckarsulm, parfois en semaine permettant parfois de faire de belles découvertes comme l’Audi S3 Cabriolet de 2008 ou certains mulets croisés sur la route voire sur des parkings comme ici à Ingolstadt.
Durant l’été 2008, une étrange Audi A3 Sportback a retenu notre attention de part son échappement atypique avec de très grosses sorties d’échappement (cf la comparaison avec une pièce de deux euros), son compteur révélateur et une inscription sur son volant.
Quand on s’approche de plus près de la voiture, on découvre que cette Audi A3 quattro n’est pas du tout d’origine, mais alors pas du tout!
Nous sommes en 2004, soit 1 an après la présentation officielle au salon automobile de Genève 2003 de la seconde génération d’Audi A3, la 8P. La version sportive, S3, arrivée seulement en 2006, n’était alors pas encore connue.
Cette A3 a une apparence assez sage, avec un sublime intérieur en cuir beige avec des décorations en bois : l’inverse de l’image d’une voiture au tempérament sportif.
Quand on regarde les jantes au design d’Audi RS 6 C5 en 18 pouces (pas commun de voir cette taille à l’époque sur l’A3), on comprend mieux pourquoi : le système de freinage était bien plus gros – notamment à l’avant – que celui proposé par Audi de série.
En faisant le tour de la voiture, qui n’avait pas d’éléments extérieurs spécifiques comme de plus grosses aérations dans le pare-chocs avant, un autre détail trahissait sa particularité : un silencieux d’échappement à 2 sorties à la taille XXL. Le diamètre des sorties n’avait rien à voir avec celui proposé de série sur les moteurs essence de l’époque, la pièce de deux euros permet de se rendre compte de leur taille.
En regardant à l’intérieur, le compteur est gradué jusqu’à 280km/h et un étiquette collée sur le volant indique au conducteur que le régime à ne pas dépasser est de 7 500 tours.
Arrive ensuite un employé Audi avec les clés de la voiture. S’empressant de rentrer rapidement dans la voiture, une conversation s’engage malgré tout avec lui au sujet de la voiture. Bien qu’il ne confirme pas la motorisation exacte, il ne nie pas du tout la présence du V6 bi-turbo sous le capot de cette voiture, associé à une boîte manuelle à 6 rapports. Le moteur semble être un dérivé du fameux V6 bi-turbo de 2,7 litres présent sur l’Audi RS 4 Avant B5 mais aussi sur les Audi S4 B5 et les Audi A6 et allroad C5.
Après le démarrage du moteur, le bruit très très rauque et la sonorité d’un moteur bi-turbo se fait bien entendre. A côté de ce chant, le V6 présent dans le TT 3.2 fait pale figure à coté. C’est limite une sonorité de V8.
Quelques années plus tôt, Audi avait d’ailleurs déjà fait l’exercice d’installer un moteur de RS 4 Avant B5 dans une Audi TT Coupé Mk1 : Prototype Audi TT V6 biturbo de 2001.
Après avoir posé quelques questions à deux sources très bien renseignées, Audi travaillait bien à l’époque à Ingolstadt sur un nouveau moteur V6 bi-turbo. Cette A3 Sportback était un mulet de développement pour le futur RS 3. Ce moteur n’a finalement pas été retenu. L’Audi RS 3 n’a vu le jour que bien plus tard, motorisée par le fabuleux 5 cylindres turbo de 2,5 litres alors que l’Audi S3 8P se basait sur le 2.0 TFSI développant 265 ch.
Photos : 4Legend.com
