DKW STM III de 1956 – L’ultime prototype STM à carrosserie en plastique

DKW STM III de 1956 – L’ultime prototype STM à carrosserie en plastique

De 1951 à 1956, Auto Union s’est intéressée à des micro-voitures à carrosseries ultra-légères en plastique. Trois générations de prototypes DKW STM (Stationär Motor) ont été fabriquées à un total de 12 exemplaires mais aucune d’elles n’a été produite en série. La 3ème génération – la DKW STM III de 1956 – a été la plus aboutie et témoigne aujourd’hui de cette époque.

Origine des DKW STM
Le milieu des années 1950 a vu l’essor de la vente de petites voitures simples avec un minimum d’équipements, légères et bon marché, adaptées à la conjoncture économique difficile. Alors que pratiquement toutes les entreprises automobiles et de motos en Allemagne ont lancé sur le marché de toutes petites voitures (comme Messerschmitt, Isetta BMW et Zündapp), Auto-Union n’avait rien à montrer.

Après la guerre, lorsque Auto Union GmbH a pris ses nouveaux quartiers à Ingolstadt, elle a commencé à partir de 1950 à se pencher à nouveau sur les carrosseries en plastique, cette fois à base de résines de polyester renforcées de fibres de verre. La première application pratique de ces nouveaux matériaux a pris la forme en 1953 d’un véhicule de reconnaissance militaire à quatre places et à traction intégrale : la DKW Munga. Il s’agissait des premiers modèles d’essai d’un véhicule polyvalent tout-terrain dont le développement avait fait l’objet d’un appel d’offres par le gouvernement fédéral allemand : le DKW M (pour Mehr-zweck, c’est-à-dire polyvalent). Après une série de tests complets, le véhicule DKW M commença à être livré à la nouvelle armée allemande en novembre 1956. En 1962, le véhicule tout-terrain de DKW reçut la désignation concise et frappante de « Munga » (pour Mehrzweck-Universal-Gelände-wagen mit Allradantrieb, c’est-à-dire véhicule tout-terrain universel polyvalent avec transmission intégrale), sous laquelle il est encore bien connu.

Parallèlement, les usines d’Ingolstadt et de Düsseldorf ont entamé une recherche fondamentale sur les propriétés des stratifiés polyester et le développement de méthodes de production techniques. En effet, même si Auto Union était une marque très demandée dans les années 1950 et vendait de nombreuses automobiles et motos, les technologies de ses voitures étaient dépassées, datant d’avant-guerre.

Dès 1949, les techniciens d’Auto Union étaient convaincus de la nécessité de passer à la génération suivante et imaginaient la solution sous la forme d’un véhicule simple, léger et de petite taille.

Le département central de recherche d’Auto Union avait déjà entrepris des travaux de recherche fondamentale à la fin des années trente sur les carrosseries en plastique à l’aide de résine phénol formaldéhyde avec renforcement en papier. Des prototypes prêts à l’emploi utilisant des équipements techniques de la DKW F7 ont été soumis à un programme de test intensif comprenant des crash tests. Peu avant le début de la Seconde Guerre mondiale, une gigantesque presse chauffée de 15 000 tonnes a été acquise pour la production en série prévue de composants en plastique.

Un premier projet (décliné en 4 versions) avait été préalablement réalisé en 1951 sous la direction de Kurt Schwenk (ayant participé au développement de la DKW F 89 L), la DKW FX : F = Frontantrieb (traction avant), X= Experimental (expérimental). Ce petit véhicule à 4 portes était une traction avant avec un moteur à deux temps. Parallèlement, Auto Union a développé en 1952 un scooter à plusieurs places, d’une très petite voiture, qui ne devait pas coûter plus qu’une moto avec side-car. En parallèle, un second bureau d’études fut créé sous la direction de Karl Jenschke, mettant inutilement en concurrence ces deux départements.

Ce désordre amena l’embauche en 1953 de l’ancien directeur des essais du service de course d’Auto Union, le professeur Robert Eberan von Eberhorst, afin d’offrir plus de rigueur et de résultats suite à sa forte expérience et ainsi développer une petite voiture en carrosserie synthétique : c’est la naissance du projet STM.

3 générations de DKW STM : STM I, STM II, STM III
Une fois la décision prise de lancer le projet STM, trois générations de prototypes de cette petite voiture en matière synthétique furent créés et ont ensuite subi de longues séries de tests. L’objectif était de concurrencer la VW Coccinelle en étant moins cher.

DKW STM I
En 1954, sous la supervision de Robert Eberan von Eberhorst, Auto Union à Ingolstadt a commencé à développer une petite voiture à carrosserie en plastique, initialement avec trois sièges, propulsée par un moteur bicylindre à deux temps de 400 cm3 : la DKW STM I. La carrosserie se composait de 36 éléments, pour lesquels des modèles et des outils spécifiques ont été développés en vue d’une courte production. Ces éléments ont été assemblés avec de l’adhésif et par rivetage. Pour plus de stabilité, des sections en tôle ont été incorporées, mais uniquement pour les panneaux verticaux dans le compartiment moteur, le tableau de bord, le support de colonne de direction et la tablette de lunette arrière. La carrosserie n’était pas entièrement porteuse mais reposait sur un cadre en V avec suspension avant par triangles et ressorts à lames transversales montés sur le dessus. Un essieu arrière à torsion a été utilisé. Le train roulant en acier absorbe toutes les forces verticales et horizontales des roues.

Extérieurement, la voiture ressemblait plus à une chaussure sur roues avec à peine assez de place pour les trois occupants installés vers l’arrière du véhicule. Cette voiture n’avait pas de portière, mais avait un toit et les vitrages d’un seul bloc basculant sur le côté fin d’accéder au véhicule, façon verrière d’avion comme sur la Messerschmitt.

DKW STM II
Suite aux premiers essais et aux études de marché, le premier projet STM I n’était pas concluant. Certaines caractéristiques comme les 3 places avec le conducteur en position centrale, la carrosserie en plastique plus légère et une motorisation de toute petite cylindrée ont été gardées pour un second projet baptisé STM II. Les portières sont désormais présentes avec un toit fixe. Le design est un peu plus recherché, mais toujours aussi étrange.

Des essais de collision effectués avec deux prototypes DKW STM II en juin 1956 ont prouvé que le nouveau matériau convenait aux carrosseries de véhicules. Comme pour la STM I, les dirigeants d’Auto Union n’était pas convaincu. Il fallait apporter quelques modifications donnant naissance à une troisième génération de STM.

DKW STM III
Les tests de la STM II ont été intégrés aux travaux de développement en cours sur la DKW STM III qui se démarquait par ses 4 places et sa taille un peu plus grande. Les dommages accidentels survenus lors des essais se sont également révélés moins graves que sur les voitures équivalentes de construction conventionnelle.

Cette nouvelle voiture était plus aboutie et proche de la production en série. Cependant, cela nécessitait des investissements de 35 millions de marks pour les très grandes presses, une somme pratiquement impossible à réunir vu le manque chronique de capital d’Auto Union à l’époque. La direction du constructeur automobile n’était également pas très emballé par cette voiture et son développement via 3 générations de prototypes avait coûté beaucoup de temps et d’argent.

Les actionnaires étaient mécontents et cela s’était traduit par la suite à un remaniement au sein de la direction d’Auto Union.

En mai 1956, William Werner, directeur technique d’Auto Union AG à Chemnitz avant la guerre, fut nommé directeur du développement technique dans la maison mère de la société à Düsseldorf. Werner amena avec lui Oskar Siebler, l’ancien concepteur en chef de l’époque de Chemnitz. Avec le directeur commercial Werner Henze, qui était entré chez Auto Union en octobre 1956 sur une intervention de Friedrich Flick et avait remplacé Richard Bruhn en tant que gérant, William Werner commença par arrêter le projet de voiture en matière synthétique, suite à quoi le professeur Eberan-Eberhorst quitta Auto Union.

DKW STM III – 3 prototypes construits
Au total, 12 véhicules ont été construits dans les trois séries de modèles STM. Cette DKW STM III de 1956, propriété d’Audi Tradition, est la dernière de sa série à survivre, 3 prototypes ayant été construits).

La DKW STM 3 de 1956 est motorisée par un bi-cylindre à 2 temps, refroidi par air, développant 20 ch via sa boîte de vitesses manuelle à 4 rapports et pesant 390 kg. Sa vitesse maximale est de 100 km/h, pouvant emporter 4 personnes et leurs bagages.

Certains éléments ont d’ailleurs été repris, notamment dans la DKW Junior.

Découverte dans une étable au début des années 1960, elle a ensuite été remise en état de marche. La carrosserie avait très bien survécu dix ans en plein air. En dehors des charnières de porte rouillées qui ne pouvaient plus être ouvertes, tout le reste était en bon état.

La voiture a ensuite subi une restauration afin de pouvoir la contempler dans son état actuel.

Photos : 4Legend.com /Audi / DR

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