Nous sommes nombreux à nous poser des questions sur les chaînes à neige, quelles sont leurs différences et leurs efficacités, notamment pour les véhicules non chaînables. Ne trouvant rien en terme de comparatifs de chaînes dans les médias automobiles, j’ai décidé de comparer en conditions réelles à Serre Chevalier les deux principales chaînes à neige haut de gamme à montage frontale : les König (Thule) K-Summit et les nouvelles Polaire Steel Grip (V2). Avec un prix équivalent, l’une des deux se démarque fortement…
Présentation
Les chaînes à neige sont un équipement hivernal très important, pouvant servir à celles et ceux qui souhaitent se rendre en station de ski sans être équipés de pneus hiver (à déconseiller), pour se sortir d’une mauvaise situation en cas de chutes de neige inattendues même avec 4 pneus hiver, …
Choisir des chaînes, c’est comme choisir des pneus. Il existe différents modèles plus ou moins haut de gamme, adaptés à sa voiture et à son utilisation. Sans vous représenter l’histoire des chaînes, leurs techniques et leurs normes (voir article sur la présentation de l’historique et de l’univers des chaînes), il existe des chaînes s’adaptant à différents véhicules et il n’existe pas de généralité. Chaque véhicule, en fonction de sa monte pneumatique, est différent. Pour savoir quel type de chaîne à neige est adaptée à votre voiture, il suffit de lire votre carnet de bord ou d’aller en concession. Le fabricant français de chaînes Polaire vient de refaire son site Internet et propose de savoir quelles chaînes sont compatibles avec votre véhicule via un précieux outil interactif.
Quand on parle de chaînes à neige, il existe deux cas de figure : les véhicules pouvant recevoir un grand nombre de chaînes (dits chaînables) et ceux ayant un encombrement réduit autour des roues (dits non chaînables). Ces derniers ne sont pas forcément des véhicules sportifs mais des véhicules pouvant aller jusqu’à la nouvelle Dacia Sandero. Avec la récente norme WLTP et la mode de monter de grosses roues, il existe de moins en moins de véhicules chaînables. Ces derniers doivent ainsi être équipés de chaînes à montage frontal comme les deux produits testés sur le circuit de glace de Serre Chevalier, permettant de reproduire une utilisation réelle.
Les deux chaînes testées représentent les versions haut de gamme disponibles sur le marché. La première est la Polaire Steel Grip V2, seconde génération dernièrement commercialisée. J’avais déjà pu la présenter et tester début 2018 via une version de pré-série.
Le produit concurrent – la König K-Summit (anciennement Thule K-Summit) – est beaucoup plus ancien, sa conception datant de 2006 et commercialisée depuis une dizaine d’année. König est un fabricant renommé de chaînes à neige, offrant des produits endurants et de qualité depuis des dizaines d’années. La marque a changé de mains à plusieurs reprises, et étaient longtemps la propriété de Thule.
Ces deux chaînes haut de gamme offrent des performances exceptionnelles, au-dessus des chaînes traditionnelles, mais aussi un montage facilité.
Le chemin de chaîne est assez similaire sur les deux produits, avec deux chaînes en parallèle écartées à certains endroits par des barrettes transversales en métal offrant une meilleure accroche dans la neige et dans la glace. Ces barrettes ne sont présentes que sur les chaînes à neige haut de gamme, permettant de meilleures performances. Elles donnent aussi un coût plus élevés, expliquant leur absence sur des chaînes traditionnelles. 4 bras permettent de maintenir et plaquer le chemin de chaîne sur la bande de roulement du pneu.
Le montage frontal permet aussi de ne pas abîmer les jantes, ce qui est un sérieux argument.
Montage / Démontage
Ces étapes sont très importantes et sont à prendre en compte dans le choix d’une paire de chaînes. C’est sur ce point que les deux paires de chaînes testées se démarquent fortement via la simplicité et la rapidité de montage / démontage.
Polaire Steel Grip V2
Le premier essai concerne le produit phare de la marque Polaire : la Steel Grip V2 qui se démarque de la version précédente par des ajouts de barrettes transversales améliorant le grip. Le système de montage/démontage reste identique.
Comme pour toute chaîne à neige, il faut bien avoir un produit compatible avec sa taille de roue. Dans le cas de mon essai, c’était la taille la plus répandue : 205/55 R16.
Une notice d’utilisation explique bien comment la monter et la régler. Il est très important de la lire avant. Dans mon cas, la chaîne ne nécessitait pas d’adaptation au niveau de la circonférence. Par contre, comme tout premier montage, un réglage est à faire au début.
Afin de la monter, il suffit d’appliquer en haut du pneu le V formé par 2 bras de la chaîne puis de positionner de chaque côté le chemin de chaîne sur le pneu. La partie basse reste à mettre un peu plus tard, ce qui est normal.
La seconde étape est de fixer sur l’un des écrous (sauf celui de l’antivol) l’adaptateur de fixation de la chaîne. Polaire a conçu un adaptateur quasi universel, permettant de se fixer sur un grand nombre de véhicules sans avoir de bague d’adaptation (ce n’est pas le cas sur la chaîne König).
Via la fixation servant aussi d’outil pour visser la douille de fixation sur l’écrou, on la serre puis on clipse la fixation dessus en respectant bien le sens. L’inverse peut aussi être fait.
Ensuite on règle la tension de la cordelette en jouant sur une molette située sur la face avant de la chaîne. Une fois la tension de la cordelette, on rabat le levier rouge permettant de mettre en tension. On fait de même pour la seconde roue. Lors du premier montage, il faut rouler quelques mètres pour que les chemins de chaîne se placent. On vérifie, on ajuste le chemin de chaîne et on ressert de la même manière qu’auparavant. Ensuite on refait quelques mètres pour finaliser l’installation et le réglage des nouvelles chaînes sur les roues. Après revérification et tension, les chaînes sont définitivement réglées à la voiture. Les prochains montages se feront très rapidement, en 1 seule fois et l’adaptateur peut même être laissé sur l’écrou si vous en avez l’utilité. Des centres auto et des magasins spécialisés pourront régler les chaînes achetées chez eux sur votre voiture.
Pour le démontage, c’est encore plus simple et instantané : on déverrouille via le levier rouge, on déclipse la chaîne de la douille et on enlève la chaîne en la tirant vers soi, du haut en bas. Il suffit ensuite d’avancer ou reculer la voiture. Cela prend moins de 10 s pour retirer la chaîne du pneu. (cf vidéo ci-dessus).
König K-Summit
La chaîne à neige König K-Summit, de conception beaucoup plus ancienne, se base sur la légendaire chaîne Trak auto, qui l’a fortement inspirée. Pour cette chaîne neige, les réglages pour le premier montage sont plus longs et parfois embêtant.
En effet, il faut bien regarder dans la notice les réglages à faire concernant le chemin de chaîne à allonger si nécessaire en ajoutant des barrettes puis identifier les vis et adaptateurs nécessaires à sa taille de pneu.
Quand vous ouvrez la grosse sacoche des K-Summit (de meilleure qualité que celle de Polaire), vous découvrez un grand nombre de pièces qu’il faut assembler, tel un jeu de construction. C’est un premier mauvais point. Après toutes les pièces nécessaires, il faut adapter les chaînes puis les monter.
Le montage est plus long et fastidieux. En effet, il faut d’abord positionner la chaîne sur le pneu. Ensuite il faut aller positionner la douille avec la fixation de la chaîne sur l’écrou et serrer avec une grosse clé fournie. Si vous la perdez, vous êtes mal. La concurrent a son propre outil intégré et une clé 6 pans de secours est fournie afin de la garder dans sa voiture.
Ici, le serrage est moins évident, car il faut garder la pièce en plastique vers le centre de la roue. Le serrage doit être suffisant pour ne pas perdre la chaîne en roulant.
Ensuite il faut mettre la chaîne en tension via un système à cliquet comme pour les sangles. C’est moins évident que le concurrent. Un repère rouge sur la sangle doit être visible au centre, servant de repère de serrage. On renouvelle l’opération de l’autre côté.
Comme pour les autres chaînes, il fait faire quelques mètres pour ajuster les chaînes et les régler de nouveau. Les réglages sont à faire à chaque installation des chaînes, ce qui est plus contraignant et long.
Pour le démontage, c’est aussi un peu plus fastidieux : on déverrouille la chaîne via le cliquet, on désserre la douille avec la clé à reprendre dans la voiture (et surtout à ne pas perdre!) puis on la retire et enfin les chaînes peuvent être enlevées. Il suffit d’avancer ou de reculer pour récupérer la paire de chaînes.
Dans les deux cas, il faut les nettoyer à l’eau et les sécher avant de les ranger dans leur sacoche respective.
Essais
Les essais des deux concurrents se sont enchaînés pour essayer de ressentir des différences entre les deux. Après avoir fait beaucoup de roulage, de freinage, d’accélération, d’évitements d’obstacles, le bilan est simple : les deux chaînes offrent d’excellentes performances, quasi identiques.
Il est difficile de les départager. Leur grip est fantastique tout comme leur comportement à la fois sur la glace, dans de la neige épaisse non tassée, sur de la neige tassée ainsi que sur de la neige fondue.
En discutant avec certaines personnes de Polaire, j’ai eu la confirmation que les performances sont similaires. Même avec des outils de mesure, il est difficile de les départager. Ces deux chaînes méritent bien leur statut de produit premium. Si on les compare avec d’autres chaînes plus classiques, on ressent une différence de grip et de comportement, mais aussi de confort de conduite. La qualité des matériaux utilisés est aussi hait de gamme.
En roulant sur la neige et sur la glace, j’ai rapidement oublié que j’avais des chaînes à l’avant. Le confort est aussi bon.
En virage, elles se font remarquer par leur grip, permettant à la voiture de bien s’inscrire dans la courbe, qu’elle soit large ou très serrée. L’arrière, même en pneu hier (dans mon cas en Michelin Alpin 6), est joueur, s’expliquant par la différence de grip entre les deux essieux et la recherche de la limite d’adhérence.
Ayant ensuite conduit sur la piste uniquement en pneus hiver, les sensations sont bien différentes, démontrant l’efficacité des chaînes.
Durant les essais, je me sentais en sécurité, ce qui est un très bon point pour ces deux chaînes similaires en terme de design du chemin de chaîne.
Conclusion
Avant leurs essais, je ne m’attendais pas à cette conclusion. En effet, en dehors du montage et du démontage bien plus simple et rapide pour la Polaire Steel Grip V2, je pensais ressentir une différence durant la conduite. Mais ce n’était pas le cas et ce ressenti m’a été confirmé par des experts habitués à tester de nombreux modèles. Les performances sont similaires. La différence s’observe dans la technologie et l’ergonomie des chaînes, jouant sur leur installation et désinstallation.
Comme beaucoup de personnes, je suis sensible à la simplicité et à la rapidité d’installation. Alors que les chaînes Polaire offrent une ergonomie simple et bien pensée, les chaînes König sont énervantes à monter, surtout si vous le faites de nuit, dans une tempête de neige, dans le froid au milieu de la route.
Mon choix est vite fait : les Polaire Steel Grip, d’autant que les prix officiels sont similaires (entre 300 et 350 euros en fonction des dimensions). Les chaînes à neige König K-Summit sont de très bonne qualité mais sont aujourd’hui technologiquement dépassées. Autant choisir le produit le plus simple à utiliser et embarquant les dernières technologies.
Je remercie chaleureusement les équipes du circuit de Serre-Chevalier et de Polaire / Joubert Group pour leur accueil, ayant permis de réaliser ces essais indépendants.
Photos / Vidéos : 4Legend.com
