Essais et secrets des pneus usés – Michelin s’engage pour plus de sécurité

Essais et secrets des pneus usés – Michelin s’engage pour plus de sécurité

« Un bon pneu neuf n’est pas forcément un bon pneu usé ». Cette phrase résume parfaitement la situation actuelle des pneumatiques commercialisés. A l’occasion d’un atelier dans un centre d’essais routiers à côté de Vienne en Autriche, Michelin a convié et sensibilisé quelques médias dont 4Legend sur les dangers des pneus usés, notamment sur chaussée humide et sur le fait de faire évoluer les lois actuelles.

Fabriquer des pneus neufs est une chose, les rendre plus sécuritaires tout au long de leur vie et notamment lorsqu’ils sont usés est un défi bien plus grand. Bons nombres de pneus actuellement en vente, même de grands fabricants de rang 1 n’offrent pas assez de performances lorsqu’ils sont usés (jusqu’à 1,6 mm de profondeur de gomme : la limite légale), essentiellement sur chaussée humide. Le manufacturier français de pneumatiques Michelin milite depuis quelques années pour faire évoluer les normes afin d’offrir plus de sécurité sur les routes.

Des essais très parlants avec différents pneus de marques différentes ont été organisés par Michelin au centre technique ÖAMTC de Teesdorf, près de Vienne. Pour une fois, l’objectif des essais n’était pas de découvrir la performance d’un nouveau pneumatique, mais de parler sécurité, environnement et pouvoir d’achat. Et c’était très révélateur des dangers pouvant survenir en conduisant une voiture chaussée de pneus usés, notamment sur route mouillée.

Démarche Long Lasting Performance (LLP) de Michelin
La démarche de Michelin dite LLP, « LONG LASTING PERFORMANCE » (pour des performances qui durent), est au cœur de l’action du manufacturier au service des consommateurs.

Aujourd’hui, rien n’interdit de commercialiser des pneus dont les distances de freinage se dégraderont très fortement au fil des kilomètres. Cette absence de règle sur les performances minimales à l’état usé peut pousser les professionnels et les utilisateurs à changer les pneus avant leur limite d’usure légale. Certains fabricants de pneus conseille même de changer les pneus dès qu’ils arrivent à une certaine usure, par exemple 4 mm, soit environ la mi-usure du pneu.

De son côté, Michelin soutient la mise en place d’une réglementation qui répondra à des enjeux majeurs pour la sécurité, le pouvoir d’achat des automobilistes et la protection de l’environnement. Chaque automobiliste est en droit d’exiger des pneus sûr du premier au dernier kilomètre.

En interrogeant un grand panel d’automobilistes, deux questions reviennent régulièrement au sujet de leurs pneus :

– Suis-je en condition de sécurité avec mes pneus?
– Quand dois-je changer mes pneus, pour avoir la garantie d’être en sécurité?

Aujourd’hui, en l’absence de test réglementé sur les pneus usés, il n’existe pas de réponse. De plus, différentes études montrent qu’il est impossible de donner les informations sur une idée des performances des pneus en fonction de leurs âges et usures.
Pour connaitre les réelles performances des pneus usés, il faut les tester de manière indépendante et neutre!

A ce jour, les seuls tests réalisés par les manufacturiers de pneumatiques, les constructeurs automobiles, les associations de consommateurs et même par certains médias concernent principalement les pneus neufs.

Un pneu est considéré comme neuf de sa fabrication à son montage sur la voiture. Dès que l’automobile sort du garage, le pneu commence à s’user, faisant évoluer ses performances kilomètre après kilomètre. Ainsi un pneu à 100 km n’aura pas les mêmes performances qu’à 10 000 km et à 50 000 km.

Certaines performances s’améliorent avec l’usure, notamment le freinage sur sol sec et la consommation de carburant. Cependant le freinage sur sol mouillé est la principale performance de sécurité qui se dégrade, parfois très fortement au fur et à mesure que le pneu s’use.

Le problème est ainsi bien réel pour tester cet organe qui lie la voiture à la route. L’objectif poursuivi par Michelin et dorénavant d’autres manufacturiers de pneumatiques consiste à ce que chaque consommateur ait une information pertinente sur la performance de ses pneus, tout au long de leur durée de vie.

Une solution : la mise en place d’un test réglementaire sur les pneus usés en France, en Europe et même sur d’autres continents.

Intérêt de l’union européenne à un test des pneus usés d’ici 2024
Afin de garantir la sécurité du consommateur, en mars 2019, les institutions européennes ont inscrit le principe d’un test pour les pneus usés dans le règlement européen, dit de sécurité générale des véhicules, qui doit être adopté à l’automne 2019 pour une mise en œuvre au plus tard en 2024.

Un groupe de travail a été ouvert à l’UNECE (United Nations Economic Commission for Europe) afin de définir les modalités de ces tests, les pneus de référence et les seuils règlementaires qui devront être respectés. Michelin soutient de son côté la mise en place d’un seuil minimal pour le freinage sur sol mouillé à l’état usé, afin d’assurer aux consommateurs une performance minimale pour l’ensemble des pneus du marché.

Selon Michelin, l’étiquetage européen ne doit pas évoluer, proposant toujours à une température ambiante talon le freinage d’un véhicule passant de 80 à 20 km/h sur un revêtement routier standard avec une hauteur d’eau de 1mm, la résistance au roulement et le bruit des pneus qui devraient, selon Michelin, continuer à être testés à l’état neuf.

Il y a deux raisons principales pour lesquelles Michelin considère ce test comme le plus adapté pour mesurer la performance des pneus à l’état usé :
1. Ce test sur sol mouillé est actuellement en vigueur pour définir le seuil de sécurité des pneus neufs dans les règlements et il est largement reconnu par les experts et professionnels du pneumatique (fabricants de pneus, distributeurs, associations de consommateurs, prescripteurs, etc.)
2. Il répond aux conditions réelles des risques qu’un automobiliste peut rencontrer sur la route :
– Une vitesse de début de freinage à 80km/h,
– Une hauteur d’eau jusqu’à à 1mm.

Des faits réels montrent que ces deux paramètres sont parfaitement adaptés pour tester les pneus dans les conditions réelles de conduite.

Hauteur d’eau de 1 mm
Une hauteur d’eau de 1 millimètre peut sembler faible, et pourtant cela ne pardonne pas avec certains pneus usés. En Allemagne par exemple, 99% des conditions de conduite se déroulent sur route sèche, humide ou mouillé avec moins d’1 mm d’eau (selon les données des analyses de la DWD – Deutscher Wetterdienst sur 2017-2018).

En cas de fortes pluies, l’automobiliste réduit drastiquement sa vitesse à cause notamment de la visibilité réduite. La vitesse peut alors descendre de 15 à 40km/h, selon l’intensité des phénomènes orageux. Ces données sont corroborées par une récente étude réalisée par le VUFO (Verkehrsunfallforschung – centre d’accidentologie de l’université de Dresde), toujours en Allemagne, démontrant que seulement 1 accident de voiture sur 1000 a été causé par de l’aquaplaning.

Vitesse de 80 km/h
Les données du Gidas (German In-Depth Accident Study project) indiquent que dans 90% des accidents sur route mouillée, la vitesse à laquelle la voiture roule avant que l’accident ne survienne (par exemple avant le coup de frein ou avant le braquage) est inférieure à 80km/h.

Par ailleurs, en Allemagne en 2017, environ 65% des accidents se produisent en zone urbaine et seulement 10% sur autoroute. Cette tendance à l’échelle planétaire va s’amplifier avec notamment le développement exponentiel des grands centres urbains.

Test de freinage sur route mouillée et comparatif entre deux pneus usés entre 1,8 et 1,6 mm
Le premier atelier – qui se déroule au sein du centre technique de l’ÖAMTC, à Teesdorf au Sud de Vienne – est le test de freinage avec pneus usés (à environ 1,6 mm) sur route droite mouillée avec 1 mm d’eau. Deux voitures équivalentes (des GOLF VII SW) équipées de pneus usés différents en 205 55 R16 freinant à 80 km/h sur la piste mouillée. L’appareil de mesure embarqué calcule la distance de freinage, entre 80 et 20 km/h. L’essai inclut également d’autres paramètres très précis tels que le coefficient de frottement et la température ambiante.

Lors des premiers essais à bord de la voiture équipée de pneus Michelin Pilot Sport 4 usés, la voiture s’arrête à 52,4 m et 53,6 m.

Les tests de freinage sont renouvelés avec une seconde Golf équipés de pneus sportifs concurrents Avon ZT5 au même niveau d’usure. Les résultats sont assez frappants : 76,0 m et 82,0 m. Lors de la phase d’accélération, ces pneus patinent au contraire des Michelin. Au freinage, la voiture se dérobe légèrement, pointant du doigt un gros manque de grip des pneus usés sur sol humide. L’un des freinage s’est même fait au delà de la piste humide.

Ces ordres de grandeurs seront observés par les autres journalistes et affichés sur un tableau permettant de voir que les résultats sont assez similaires pour chaque pneu testé. L’un des pneus est sécurisant tandis que l’autre peut faire peur.

Cela signifie que deux types de pneus de deux marques concurrentes peuvent avoir des performances très différentes au même degré d’usure et que le choix d’un pneu de qualité est important pour la sécurité en toute situation. Ces essais n’ont pas pour objectif de montrer la supériorité des pneus du manufacturier français par rapports à des concurrents. D’autres pneus auraient pu être pris et des résultats similaires auraient été observés.

Test de conduite sur parcours sec/humide avec des pneus neufs et usés à 1,6 mm
Le deuxième atelier est encore plus surprenant. Une piste longue, sinueuse et en dénivelé offre une chaussée sèche et humide en alternance. Des Audi A3 chaussées de pneus en 205 55 R16 sont mises à disposition afin de tester 3 configurations : pneus Avon ZT5 neufs, pneus Avon ZT5 à la limite d’usure, pneus Michelin Pilot sport 4 à la limite d’usure.

Le roulage sur cette piste permet de découvrir des différences d’adhérence qui sont révélateurs avec les pneus Avon (neufs et usés) alors qu’avec le PS4 usés, cela passe sans problème. La vitesse des essais se faisait en moyenne autour de 50 km/h avec des pointes à 80 km/h.

La première A3 testée était équipée de pneus Avon usés. Dès le premier virage humide, la voiture part en sous-virage, les pneus avant perdant l’adhérence avec la route. Les autres virages sur chaussées humides confirme sur plusieurs tours le grip catastrophique de ces pneus. A la sortie d’un virage humide, la piste devient sèche. Lors du changement d’adhérence, le sur-virage se manifeste, ce qui est assez inattendu et pouvant effrayer. La vitesse de roulage ne dépassait pas les 40-50 km/h. Au-dessus, c’était la sortie de piste assurée.

Le deuxième essai se fait toujours en A3 avec des pneus neufs Avon. On sent une différence de grip sur sol sec et la vitesses est un peu plus élevé. Mais à différents endroits du circuit qui étaient mouillés, le patinage des pneus se ressentaient à l’accélération ainsi qu’un manque évident de grip en virage, notamment dans le passage humide/sec. Dire que le pneu à l’état neuf présente de mauvaises performances similaires à l’état usé fait réfléchir sur la qualité du pneu. On se sent en danger en roulant avec. Si la vitesse était bien supérieure sur route ouverte, je n’ose imaginer les dégâts pour un conducteur lambda…

L’atelier se conclut avec le dernier essai d’une Audi A3 équipée de pneus Michelin Pilot Sport 4 usé. Dès les premiers tours de roue, le résultat est sans appel : un pneu sécurisant et directionnel offrant un bon grip malgré son état usé. Aux différents endroits où les pneus précédents offraient de grosses lacunes en terme de grip, on a l’impression de conduire avec des pneus neufs. A aucun moment la voiture n’a perdu de l’adhérence et les trajectoires a des vitesses plus élevées étaient parfaites. C’est assez bluffant de voir une telle différence entre deux pneus d’un segment équivalent.

Bien que ces essais ne soient pas nécessairement scientifiquement concluants, les résultats observés sont unanimes : deux pneus concurrents offrent des performances différentes, notamment entre un pneu bas de gamme et haut de gamme. La présence d’eau sur la route joue un rôle important dans la sécurité routière et le fait d’avoir des pneus de bonne qualité même quand ils sont usés est vital.

Exposition de différents pneus concurrents neufs vs usés
Michelin ne s’est pas arrêté avec un seul pneu concurrent. D’autres pneus même premium ont été exposés côté à côté : neuf vs usé.

Les modèles présentés étaient : Michelin Primacy 4, Goodyear Efficient Grip Performance, Hankook Ventus Prime 3, Nokian Weatherproof, Michelin Crossclimate +, Vredestein Quatrac 5, Avon ZT5.

Cette exposition permet de voir la différence de la bande de roulement entre le pneu neuf et le pneu au témoin d’usure.

Sur certains pneus, les rainures sont quasiment inexistantes à l’état usé, pouvant poser problème lors d’une averse voire d’un orage sur son trajet. L’autre point important est le composé de la bande de roulement qui joue un rôle important tout comme le dessin de ses rainures. Point à réserver à un prochain article…

Conclusion
Ces essais permettent de bien se rendre compte d’une différence de performances entre deux pneumatiques usés, notamment sur chaussée humide.

Sur sol sec, un pneu usé offre parfois des performances supérieures à celles à son état neuf. Mais en cas d’averse, d’orage et même de route légèrement humide par endroits, ce même pneu peut se révéler très dangereux. Dans certains cas, des pneus neufs peuvent être moins performants qu’un pneu usé à 1,6 mm et cela a pu être observé au volant sur circuit.

L’objectif de ces essais n’était pas de mettre en avant la qualité et le grip des pneus Michelin face à d’autres compétiteurs, mais de montrer qu’il existe un réel problème actuel sur la sécurité de continuer à utiliser des pneus usés.

Différents manufacturiers de pneumatiques ont pris conscience de ce problème et font bouger les choses pour qu’un futur test obligatoire des pneus usés sur sol mouillé soient obligatoires et indiquent aux consommateurs une information pertinente sur la performances des pneus (neufs et usés) et offrent un seuil de performances minimal. Les clients pourront ainsi choisir leurs pneus en toute connaissance de cause et se rassurer lorsque les pneus s’approcheront de la limite légale. Leur pouvoir d’achat sera également amélioré (pouvant aller jusqu’à 6,9 milliards d’euros par an pour les automobilistes européens).

Michelin a déjà avancé sur le sujet en commercialisant les pneus Primacy 4 et Alpin 6 qui offrent d’excellentes performances à la fois à l’état neufs qu’usés (actuellement en cours de tests par nos soins sur des dizaines de milliers de kilomètres).

A l’avenir, ce changement de stratégie de la part des manufacturiers permettra d’améliorer l’empreinte environnementale de toute l’industrie du pneu avec, en Europe, une économie de production pouvant aller jusqu’à 128 millions de pneus par an si tout le monde changera ses pneus à 1,6 mm d’usure, ainsi qu’une économie d’émissions de CO2 jusqu’à 6,6 millions de tonnes.

Photos : 4Legend.com / Michelin

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