Treser Audi quattro roadster – Un Ur-quattro cabriolet à 39 exemplaires

Treser Audi quattro roadster – Un Ur-quattro cabriolet à 39 exemplaires

De 1983 à 1987, l’Audi quattro a été transformée en version décapotable à toit rigide par l’ancien directeur Audi Sport et responsable du projet quattro – Walter Treser – ayant monté sa société de construction automobile, basée à Hofstetten proche d’Ingolstadt. La Treser Audi quattro roadster a été produite à seulement 39 exemplaires.

Walter Treser
Après des études en ingénierie automobile et de premières expériences chez Daimler-Benz et Veith-Pirelli, Walter Treser a été embauché par Audi en 1976 afin de piloter le développement d’un nouveau véhicule révolutionnaire pour l’époque : l’Audi quattro, un coupé à quatre roues motrices motorisé par un 5 cylindres turbo. Walter Treser lui a même trouvé un nom : « quattro » (signifiant quatre en italien). En 1980, il devient directeur d’Audi Sport, engageant le constructeur d’Ingolstadt en rallye afin de remporter de premières victoires avec Hannu Mikkola et Michèle Mouton au Championnat du monde des rallyes avec le dérivé sportif de l’Audi quattro.

En 1982, il quitte Audi afin de créer sa propre société de construction automobile : Walter Treser GmbH basée à Hofstetten, à quelques kilomètres au Nord d’Ingolstadt. Son idée est d’adapter et de personnaliser des modèles Audi existants et notamment les modèles quattro à 4 roues motrices. En dehors du côté personnalisation de certains éléments de carrosserie et même des jantes spécifiques avec son logo « 1 », certains modèles sont innovants (quattro roadster, Hunter, Liner, Largo). En plus de la transformation esthétique et technique (changer un modèle traction en 4 roues motrices), Walter Treser propose également des améliorations des performances des moteurs Audi : le moteur 5 cylindres turbo de l’Ur-quattro peut développer 250 ch au lieu des 200 ch d’origine. Quelques années plus tard, la société a déménagé à Ingolstadt.

Un coupé-cabriolet innovant à 4 roues motrices
Walter Treser a toujours été un visionnaire et un passionné automobile. De formation technique, son but est de construire des voitures innovantes, ce qui l’a poussé à créer sa propre société de construction automobile afin de proposer des véhicules haut de gamme en petite série n’intéressant pas les grands constructeurs automobiles comme Audi.

À cette époque, Audi n’est pas un constructeur premium et sa gamme est loin d’être exclusive. De plus, aucun cabriolet n’existe, le premier étant apparu en 1991 via l’Audi 80 Cabriolet.

Papa de l’Audi quattro, son idée est de proposer une version décapotable tout en gardant la ligne d’un coupé, en ajoutant plus de luxe et de sportivité.

La simple capote n’est pas la solution : pas assez innovante! En tant que pionnier, il a développé bien avant tout le monde un ingénieux toit rigide rétractable, automatique et assez léger.

Certes, de tels systèmes avaient déjà été étudiés depuis les années 1930 sans grand succès. Il faudra attendre les années 1990-2000 pour voir l’apparition de modèles CC (Coupé-Cabriolet) comme la Mercedes SLK, les Peugeot 206 CC & 307 CC, la Renaut Mégane, les Opel Tigra & TwinTop, la VW Eos, …

Walter Treser ainsi que son équipe n’avaient jamais construit de cabriolet. Il fallait ainsi concevoir un système complet en partant d’une feuille blanche et renforcer la voiture de base. A partir de 1982, cela a été rapidement fait dans le bureau d’études de Hofstetten où différentes solutions et esquisses de modèles à l’échelle 1:1 ont été présentées à Walter Treser.

Après différentes propositions et de longs jours de travail, une solution est apparue afin de pouvoir loger facilement le toit escamotable en une seule partie à l’arrière de la voiture et en partie sous la banquette arrière via un simple mouvement de rotation.

Par une simple pression sur un bouton, le couvercle arrière s’ouvre. Il suffit ensuite d’enlever les deux loquets retenant le toit à la baie de parebrise, de sortir afin de lever complètement le capot derrière le toit en fibre de verre afin de libérer l’espace nécessaire au mouvement pendant le processus de pivotement. Ensuite le capot peut être refermé.

Production limitée de 1983 à 1987
Après avoir développé un prototype fonctionnel rouge (immatriculé EI-WT 3), Walter Treser s’est fait connaître du grand public au salon automobile de Francfort (IAA) de 1983 en dévoilant la Treser Audi quattro roadster. La voiture a fait sensation, attirant de belles critiques, notamment dans le milieu de l’automobile. Le célèbre designer automobile italien Nuccio Bertone a déclaré à son sujet : « Il y a eu de nombreuses tentatives pour produire un cabriolet à toit rigide. Mais personne n’a encore trouvé une solution aussi parfaite. »

Face à l’intérêt du public, Walter Treser a engrangé quelques commandes du monde entier afin de continuer la production du quattro roadster.

Précurseur de toute une génération de cabriolets à toit rigide, l’Audi quattro roadster de Treser a des proportions similaires à l’Audi quattro de série, offrant une polyvalence : sportivité, utilisable au quotidien, cabriolet, coupé, 4 roues motrices. Néanmoins le prototype commence à s’éloigner du modèle de série. Ce n’était plus une Audi. Reconnu officiellement comme constructeur automobile, la voiture n’est plus enregistrée comme une Audi mais adopte le nom officiel de Treser avec une carte grise et une plaque constructeur à ce nom. Les modifications apportées à l’Ur-quattro servant de base au modèle quattro roadster sont des renforts importants dans tout le véhicule et une carrosserie assez différente. Contrairement au quattro de série qui est une vraie quatre places, la Treser quattro roadster offre deux petites places arrière convenant uniquement à des enfants, un choix technique afin de pouvoir loger le toit.

Afin d’améliorer son modèle et malgré un budget R&D assez faible en tant que jeune entreprise, la société construit une deuxième variante du roadster avec une nouvelle solution entièrement automatique.

Cette seconde génération du système de toit (proposée en option) utilise un système entièrement automatique avec des vérins hydrauliques qui soulèvent le couvercle, permettant au toit de se replier à son emplacement et inversement. Seulement 20 secondes sont nécessaires pour rouler cheveux au vent ou revenir en coupé.

Les dimensions de la Treser Audi quattro roadster sont de 4,404 m de long, 1,723 m de large et 1,327 m de haut. Le coffre a été gardé tout comme le réservoir de carburant de 92 l.

L’un des premiers clients du Treser quattro roadster a été le joueur de tennis professionnel français Henri Leconte. 39 modèles ont été construits par Treser entre 1983 et 1987 pour de riches clients principalement basés au Moyen Orient et en Europe (principalement en Allemagne) et même en Angleterre 10 versions ont été produites avec le mécanisme de toit manuel et 29 avec le système hydraulique.

Équipements
On retrouve à bord les principaux éléments de l’Audi quattro : moteur 5 cylindres 2,1 l turbo de 200 ch, 4 roues motrices, ABS, climatisation manuelle (en option en 1983).

Le cabriolet proposé par Walter Treser se démarque par sa carrosserie CC spécifique (incluant des vitres en verre et un dégivrage électrique de la vitre arrière), son intérieur plus cossu avec de nouveaux sièges sport chauffants et enveloppants en mixte cuir (différentes couleurs) et velours Treser (gris argent, noir ou beige). Les vitres des portes sont électriques tout comme les rétroviseurs. Le verrouillage centralisé est également de série.

Le tableau de bord a été remanié par Treser avec 8 compteurs analogiques ronds. La console centrale intègre une radio K7 Stéréo avec commande et deux haut-parleurs arrière en plus de ceux de l’avant.

La voiture est aussi équipée de jantes Treser Turbo en 195 TR 390 chaussées de pneus Michelin TRX en 230/45 VR 390. La suspension sport abaissant la voiture est aussi de série.

La carrosserie de ce modèle comportende nouveaux éléments par rapport au coupé d’Audi : pare-chocs avant et arrière, spoiler arrière, différents logos et anneaux en noir sur la calandre. La teinte de la voiture était laissée au choix du client (uni ou métallisé).

Des options étaient proposées :
– puissance de 250 ch (184 kW) et 343 Nm permettant de passer de 0 à 100 km/h en 6,6 s (0 à 180 km/h en 22 s) contre 7,1 s avec le moteur de série à 200 ch (147 kW) et 285 Nm (37 s pour le 0 à 180 km/h),
– revêtement de l’habitacle en cuir dont les sièges, les panneaux de portes et le tableau de bord,
– système de toit hydraulique et automatique,
– peinture nacrée,
– volant sport en cuir (noir, argent, beige Sahara ou rouge Bordeaux),
– sièges sport confort en cuir et velours,
– calandre Treser.

Deux possibilités étaient offertes : soit le client commandait la voiture complète neuve directement à Treser (prix de 145 250 DM), soit la voiture était d’abord achetée chez Audi puis livrée chez Treser pour faire la transformation (prix de 74 100 DM).

Aujourd’hui, ce modèle est assez rare à voir et beaucoup d’exemplaires se trouvent en Allemagne. Il s’agit d’une voiture très prisée des collectionneurs, notamment d’Ur-quattro. Certains modèles se sont vendus depuis 2017 à des tarifs situés entre 65 000 et 90 000 euros.

Voici deux brochures d’époque : Catalogue Treser quattro roadster / Liste-prix-treser-audi-quattro-roadster

Photos : 4Legend.com / Treser – Vidéo : Audi

About The Author

Passionné de tout ce qui roule, vole et flotte.

Related posts

Leave a Reply