Après plus d’un an et demi de crise sanitaire et l’annulation des salons automobiles, le nouveau salon allemand IAA Mobility 2021 à Munich était très attendu afin de renouer les contacts physiques, découvrir et approcher les véhicules et surtout se remettre à voyager dans ce cadre. Après 2 jours passés sur place, voici un bilan mitigé loin d’être isolé…
Un nouveau concept de salon
Le dernier gros salon automobile international était l’IAA 2019 à Francfort. Autrefois considéré comme le plus gros salon et le plus intéressant, il a commencé à perdre de sa splendeur et a poussé l’organisateur du salon à procéder à un vote pour le changer d’endroit et notamment son concept.
L’époque faste du salon IAA qui présentait à Francfort depuis 1951 de très nombreux véhicules, des nouveautés, des concept cars incroyables sur une très grande superficie comportant différents halls et long à parcourir à pieds et en navettes presse mises à disposition par des constructeurs automobiles est bel et bien révolue. C’est la fin d’une époque exceptionnelle! Les vingt dernières années furent incroyables avec des stands parfois pharaoniques, technologiques. La gamme quasi complète des marques était exposée, permettant de rapidement découvrir la gamme et les nouveautés. Chaque constructeur essayait de séduire à sa façon les médias.
Aujourd’hui, cette époque semble bien lointaine, du moins en Europe. Le marché chinois continue dans cette lancée mais aujourd’hui y aller relève du parcours du combattant.
Après délibération, la ville de Munich a été choisie, offrant un cadre plus charmant que la ville de Francfort. Les visiteurs étant moins nombreux à Francfort, une redynamisation était nécessaire. Avec le virage pris par l’automobile vers la totale électromobilité, les organisateurs du salon ont décidé de prendre ce thème comme fil rouge, élargissant les véhicules à des drones, des vélos, des navettes autonomes et même aux véhicules se transformant en engins volants.
De nombreux ratés
Un adjectif qualifie l’édition 2021 de l’IAA à Munich : décevante! En effet, les attentes étaient fortes après un an et demi de restriction de déplacements et d’annulation de salons automobiles. L’envie de renouer avec les salons d’antan était très forte.
Manque d’attraits des constructeurs automobiles et des stands beaucoup plus petits
Notre objectif : voir un maximum de nouveautés et de concept cars, les toucher, les comparer, les sentir, … Tout ce que nous attendons d’un salon automobile! Depuis 2020, les marques automobiles ont fortement augmenté les évènements privés et les lancements presse en petit comité. Étant un média digital spécialisé dans les marques premium du Groupe Volkswagen, nous ne sommes pas sollicités par les constructeurs vu que nous n’avons pas pour objectif d’en parler. Par contre la découverte des modèles des marques concurrentes est primordiale afin de comparer et rester objectif. Un salon automobile permet cela en un seul lieu et en très peu de temps.
La faible présence de constructeurs automobiles était frustrante et cela ne va pas aller en s’arrangeant. Cette tendance s’était déjà amorcée il y a quelques années, chaque constructeur privilégiant certains marchés et évènements de plus en plus privés. Lamborghini, Bugatti et Bentley sont déjà bien rodés à cette nouvelle donne.
Les stands étaient aussi très fortement réduits avec des surfaces d’exposition assez faibles en comparaison avec ceux de l’IAA à Francfort. Heureusement que les stands des équipementiers comblaient l’espace.
Mauvaise communication
L’un des points les plus énervants est un manque cruel de communication et d’informations. Un nouveau concept de salon se déroulant à divers endroits dans une ville doit être simplement et efficacement expliqué en amont. En tant que membre des médias, la communication afin d’organiser notre venue était importante et très utile. Après avoir passé pas mal de temps sur le site officiel de l’IAA à préparer et organiser le déplacement, il était difficile de savoir où étaient exposés les différents constructeurs automobiles ainsi que les équipementiers. Il n’y avait pas de plan global, que des zooms sur les différentes places qu’il fallait ensuite localiser manuellement sur internet.
Alors que dans le passé l’IAA comportait 2 journées réservées à la presse, l’édition 2021 n’avait qu’une seule journée au niveau du parc des expositions. L’accès aux stands en centre-ville ne se faisait que le lendemain à partir de 14 heures avec les visiteurs.
A aucun moment cela était précisé : en arrivant sur place le lundi, la déception était de mise en voyant les stands inachevés avec une interdiction d’y accéder. Idem le lendemain matin : certains stands de constructeurs automobiles et d’équipementiers étaient facilement accessibles comme Kia, Dacia, Polestar, Mercedes-Benz et Ford alors que d’autres étaient totalement fermés comme Porsche voire sur invitation chez Audi. Mais pourquoi une telle disparité?
En discutant avec d’autres journalistes, exposants dont des constructeurs automobiles, le constat est le même : un manque cruel d’informations claires et une organisation bancale. Les constructeurs automobiles avaient interdiction d’ouvrir leur stand avant 14h00 au centre-ville, apparemment sur demande de la ville de Munich.
Mauvaise organisation
L’organisation était loin d’être optimale. Il était difficile de bien prévoir sa venue et gérer ses 2 jours sur place. Rien n’était clair et l’organisation faite un peu à la dernière minute, en raison de la situation sanitaire instable, a fait que le plaisir de participer à ce salon était mitigé.
Certains médias étant moins flexibles que nous, venant notamment en avion avec des horaires à tenir, n’ont pas pu bien travailler voire n’ont pas pu visiter les stands au cœur de Munich. Ce n’est pas normal! Le déplacement entre les différentes places extérieures hébergeant provisoirement des stands était parfois compliqué et long car les signalisations n’étaient pas assez visibles malgré de grosses flèches blanches peintes à certains endroits sur les trottoirs et les entrées étaient à certains endroits mal indiquées.
A l’intérieur du salon, certains stands, notamment celui de Volkswagen filtraient fortement les entrées en raison des dispositions sanitaires. Bien que le pass sanitaire était bien contrôlé et que le port du masque était obligatoire, certains constructeurs avaient des stands fermés avec un suivi rigoureux d’une jauge de personnes présentes alors que d’autres n’appliquaient pas ce principe de précaution. Cela entrainait ainsi des temps d’attente et de la perte de temps.
Des activités comprenant des démonstrations et des essais de véhicules étaient proposées. Malheureusement ce n’était pas assez clair. L’entrée des médias se faisant par la partie Ouest du parc des expositions, un certain nombre d’activités étaient présentes à l’opposé à la porte Est : l’entrée principale des visiteurs. La partie Est était la moins intéressante avec l’exposition de vélos et le lieu des différentes conférences organisées autour de la mobilité. Ainsi, à moins d’avoir du temps à perdre à s’aventurer là-bas, la mise en avant était faible.
Un salon original et plus interactif
La partie la plus plaisante de cette nouvelle édition à Munich était son emplacement central et la possibilité de prendre le métro à volonté grâce au ticket d’entrée afin de visiter la ville. L’utilisation de la voiture était nulle durant deux jours, évitant ainsi les bouchons habituels du matin et du soir à Francfort. En dehors des stands présents dans le parc des expositions situé à l’Ouest de la ville, les exposants présents sur diverses places en plein centre-ville ont offert un spectacle inédit.
Certains constructeurs automobiles comme Audi, Porsche, Kia, Volkswagen, Mercedes-Benz, Cupra, Ford, Wey, Dacia, Ora, Polestar ont répondu présent en mettant en avant à l’extérieur leurs dernières nouveautés et concept cars dans un décor typiquement bavarois avec de superbes monuments et immeubles.
Le beau temps étant de la partie, la visite du salon ainsi que du centre-ville fut très agréable, permettant de faire des pauses durant la journée et changer d’air. Les différents stands étaient dans un périmètre pas trop vaste, permettant d’y accéder assez rapidement.
Les organisateurs ont souhaité apporter plus d’interactivité avec les visiteurs, leur permettant de tester différents types de mobilité durable (vélos électriques, voitures électriques, navettes autonomes électriques, …). Certains constructeurs ont joué le jeu, facilitant les essais. Par manque de temps, cette possibilité n’a pas été testée.
Comme dans le passé, les équipementiers automobiles ont répondu présent en grand nombre, permettant de découvrir les dernières technologies qui seront présentes dans les voitures de demain et mieux comprendre les dessous de l’automobile.
Bilan
Dire que l’IAA Mobility 2021 était un mauvais salon serait mentir. Cette première édition se voulait différente et plus attractive pour une population plus large avec l’ouverture à d’autres moyens de mobilité que l’automobile. Cette piste est loin d’avoir fait l’unanimité, notamment chez 4Legend.com.
De nombreux couacs et le manque de communication subis autant par les visiteurs, la presse et même les exposants sont à améliorer tout comme le nombre d’exposants jugés pas assez nombreux. Avoir deux halls complets remplis de vélos alignés comme dans un magasin spécialisé n’avait aucun intérêt pour les fans d’automobile s’étant déplacés et souhaitant rentabiliser leur venue. Un salon automobile doit respecter cette thématique.
Malgré de nombreux points à améliorer, ce salon a eu le mérite de se tenir malgré une actualité sanitaire tendue. La sécurité assurée par les forces de l’ordre allemande était très efficace et assez discrète malgré la présence assez forte d’effectifs mobilisés dans Munich et tout autour face aux menaces de Greenpeace et autres mouvements écologistes.
Il a permis de présenter quelques nouveautés et concept cars dans un environnement inédit. Le bilan en terme de visiteurs est assez bon selon les organisateurs – 400 000 participants (et non visiteurs payants) en 6 jours, en sachant qu’un bon nombre de visiteurs asiatiques et d’Amérique du Sud n’ont pas pu s’y rendre. La prochaine édition est d’ores et déjà annoncée du 5 au 10 septembre 2023. Espérons que les couacs de la première édition seront analysés et corrigés.
Photos : 4Legend.com
