Mondial Auto 2022 – Que penser de ce salon ? Visite et avis sans tabou…

Mondial Auto 2022 – Que penser de ce salon ? Visite et avis sans tabou…

Plus petit, plus court, moins de constructeurs automobiles, axé sur la mobilité électrique et les services, stands minimalistes : le nouveau salon automobile de Paris – le Mondial de l’Auto 2022 – a pris un virage étonnant et surprenant après 4 ans d’absence. Découverte de cette nouvelle édition via mon retour d’expérience et des photos se passant de commentaires…

Travaillant dans le domaine automobile depuis plus de 20 ans et ayant la chance d’avoir pu visiter de très nombreux salons depuis quelques décennies, j’ai vécu de nombreux changements et évolutions dans le marketing des principaux constructeurs automobiles. Les salons ont été pendant très longtemps l’une des pierres angulaires de leurs stratégie de communication. Il était possible de voir en un seul lieu et assez rapidement de très nombreux modèles de différentes marques et les comparer. C’était également le lieu pour choisir sa nouvelle voiture en s’asseyant dans de nombreux véhicules.

Lors des journées presse, il était possible de découvrir en toute simplicité les dernières nouveautés et les différents concept cars qui n’étaient pas dans notre ligne éditoriale. Aujourd’hui, de nombreuses marques ont fait le choix d’arrêter les salons et de convier certains médias du monde entier (journalistes, influenceurs) triés sur le volet à des évènements privés afin de dévoiler leurs nouveaux modèles ou showcars. En plus de priver certains médias de la possibilité de travailler convenablement, cela est une véritable hérésie alors que ces marques automobiles prônent la mobilité propre et le zéro CO2 émis : multiplications des trajets en voitures, en avion, …, pour assister à leurs présentations isolées.

De plus, si vous n’êtes pas dans les listings de ces constructeurs, vous ne serez pas conviés. Cette stratégie de communication fait également perdre beaucoup de temps, les présentations étant chronophages et multipliées. Les salons étaient la solution idéale et la plus conviviale : tous se regrouper dans un même lieu et fêter l’automobile.

Mais depuis quelques années, une mutation était en cours de la part de certaines marques premium et exclusives ne voyant plus la rentabilité d’exposer des véhicules se vendant bien avant leur commercialisation.

La pandémie que nous avons tous vécu et subi depuis 2020 a été le coup fatal pour les gros salons automobiles qui ne séduisent plus comme avant et qui doivent se réinventer afin de survivre. Le terme est fort mais c’est bel et bien le cas. Après les nombreuses annulations et reports de l’emblématique et très attendu salon de l’auto de Genève, l’IAA se tenant auparavant à Francfort a déménagé en 2021 à Munich.

Un nouveau concept est né avec une partie des exposants dans des halls du parc d’exposition et l’autre partie au centre ville de Munich. Sur le papier, c’était prometteur. Dans la réalité, c’était mitigé du fait d’une mauvaise communication et d’un éloignement des deux zones d’exposition avec une grande absence de certains grands constructeurs habitués du salon.

Cette hémorragie n’a fait qu’empirer et porte le coup de grâce à Paris : un salon tout petit avec peu de nouveautés croustillantes et une image tirée vers le bas malgré des efforts importants réalisés par des organisateurs ayant fait leur maximum pour maintenir un salon automobile alors qu’un grand nombre de marques n’ont pas souhaité venir dans la capitale française, auparavant hôte de nombreuses premières mondiales. Même Mercedes-Benz était présent à Paris au même moment afin de dévoiler ses nouveautés électriques dans son coin.

A quelques jours de l’évènement, il était impossible de savoir quels exposants étaient réellement présents afin de préparer la visite lors de la seule journée presse (amplement suffisante pour visiter et couvrir l’évènement). Idem pour le plan des halls avec les différents stands inaccessibles sur internet avant l’ouverture. Ce manque de communication est surement du fait que certains exposants ont confirmé définitivement leur venue quelques semaines avant le salon.

Auparavant, le Mondial de l’Auto se tenait sur l’ensemble du Parc des expositions de Paris à la Porte de Versailles, utilisant durant certaines années tous les halls sans exception dont les 3 étages du hall 7 avec l’exposition de véhicules d’occasion et un centre d’essai très actif permettant d’essayer les dernières nouveautés dans les rues de Paris.

Au fil des années, l’espace d’exposition a commencé à diminuer jusqu’à arriver à seulement 3 halls en 2022 : les 3, 4 et 6. Les traditionnels halls 1 et 2.2/2.2 étaient occupés en parallèle par le salon Equip Auto 2022 dédié aux professionnels de l’automobile (réparations, outillages, …).

La splendeur des éditions passées a laissé place à une édition tristounette mettant en avant sur de petits stands des constructeurs automobiles français – Groupe Stellantis (Jeep, Peugeot, DS Automobiles), Groupe Renault (Renault, Alpine, Dacia) -, d’un constructeur américain avec Ford via 1 seul véhicule exposé sur moins de 30m², de marques chinoises – BYD, Great Wall (WEY, Ora) – et même de la marque vietnamienne (Vinfast).

Le thème de la mobilité urbaine était présente avec différents petits constructeurs automobiles allant de la voiturette (quadricycle Chatenet avec un prototype à pile à combustible à hydrogène) à la petite citadine électrique allemande via e.Go.

Des constructeurs automobiles français souvent méconnus ou nouveaux ont fait une apparition remarquée comme NamX ou Hopium (regroupement de différents acteurs de l’automobile française) avec des technologies dites vertes.

Certains stands liés notamment à la mobilité urbaine et aux services (comme les assurances) exposaient des véhicules inattendus et quelques nouveautés comme la nouvelle Fisker Ocean et un SUV SportEquipe 8.

Pour une journée presse, les allées étaient assez vides avec une grande majorité de médias francophones et surtout un très grand nombre d’influenceurs provenant des réseaux sociaux (impensable il y a plus de 10 ans). La cohue habituelle de la première journée presse était inexistante, traduisant un manque d’intérêt de la presse étrangère pour ce salon français qui était auparavant une formidable vitrine automobile.

La Bugatti EB110 tout comme la Porsche Carrera GT (un exemplaire était exposé contre toute attente) avaient été dévoilés et exposés à Paris tout comme de nombreux concept car comme l’Audi Steppenwolf en 2000.

Alors que penser de cette édition 2022 très attendue ? Décevante mais attrayante comme le montre la photo principale de l’article : de nombreux espaces vides, un sol nu auparavant recouvert de moquette alors que de belles nouveautés et concept cars étaient présentés. Je n’ai jamais visité aussi rapidement un salon de catégorie 1 (Paris, Genève, Detroit, Pékin, Francfort/Munich) : moins de 2 heures en prenant le temps d’admirer les modèles exposés et même à discuter.

Je ne regrette pas ma venue car les exposants ont mis en avant de nombreux modèles à majorité électrique et surtout de beaux concept cars pour les constructeurs français, notamment Alpine et sa sublime Alpenglow qui vaut le déplacement.

Mention spéciale pour le Groupe Renault qui a joué le jeu en dévoilant de nombreux concept cars via ses marques Renault, Dacia et Alpine. Du côté de Stellantis, un concept car a été annoncé lors de la journée presse mais pas présenté! Allez comprendre la stratégie… Celle de décevoir les visiteurs qui ont payé le prix fort ?

Heureusement que les marques Asiatiques ont apporté une vague de fraicheur avec de nouveaux modèles électriques méconnus et bien finis mais loin d’être économiques avec des prix pas donnés. La démocratisation de la voiture électrique n’est pas pour demain. Cela reste inaccessible à beaucoup de français.

La marque chinoise Ora s’inspirant de nombreux modèles automobiles avait même installé un terrain de pétanque sur son stand !

Les supercars faisaient partie du paysage automobile de ce salon avec des marques comme Ferrari, Lamborghini, Porsche, Gumpert. Souvenez-vous quand il fallait faire la queue afin de pouvoir entrer au compte gouttes sur certains stands comme Porsche ou arriver à s’approcher avec difficulté du stand Ferrari.

La foule très massive était l’une des caractéristiques principales du Mondial de l’auto avec des records de fréquentations dépassant le million de visiteurs, le salon se tenant sur 15 jours. Les abords de la Porte de Versailles étaient bondés de voitures, créant d’importants embouteillages. Aujourd’hui ce n’est plus le cas.

L’organisateur du salon a mis en avant la présence de nombreux véhicules d’exception (seize Ferrari) qui ont été rassemblés afin de récolter des fonds pour une association. Si vous souhaitez les voir de près, il va falloir de nouveau passer à la caisse : 5 euros. Même durant la journée presse, le stand n’était pas accessible. Un comble !

Certains stands exposant des véhicules sportifs étaient même fermés aux visiteurs…

D’autres véhicules sympas étaient exposés dont d’anciennes voitures de course de l’ère du Groupe B et même une Pagani Huayra Roadster.

Un étonnant Fiat Multipla transformé en voiture de course par des youtubeurs était exposé sur un stand qui leur a été mis à disposition (gracieusement selon certains médias) par les organisateurs du salon : une stratégie afin d’y attirer de jeunes spectateurs pas forcément habitués du salon et ainsi engranger plus d’entrées.

Cela n’aurait jamais eu lieu dans le passé, les places étant chères et difficiles à avoir, notamment en plein centre du hall regroupant le plus de stands de constructeurs automobiles.

Mais malgré cela, le salon était morose et non festif. Les très larges allées (dans lesquelles la circulation était parfois très difficile du fait du nombre de visiteurs et de leur étroitesse), les espaces vides non cachés, le sol disgracieux laissé à nu, la petite taille des stands des constructeurs français habitués à occuper le Hall 1 avec des aménagements pharaoniques exposant toute leur gamme, un manque de journalistes, l’absence d’un parking presse (une première pour un salon de ce rang!), un appel des organisateurs à ne pas se rendre au salon en voiture et se garer dans les parkings, des stands improbables manquant d’intérêt, …, font penser que l’avenir de cet évènement est loin d’être certain signant la fin d’une ère qui m’est chère : le salon automobile comme nous le connaissions jusqu’à la dernière décennie.

Dans la pratique : le prix du billet d’entrée (selon la formule choisie via des horaires à réserver ou toute une journée) est hors de prix pour des passionnés attendant d’être émerveillés. Cela ne les vaut pas en regard de ce qui est présenté. Le Mondial de l’Automobile se veut fédérateur afin d’être une vitrine des marques automobiles du monde entier.

En 2022, il s’agit plus d’une coquille à moitié vide, étant une belle vitrine pour l’industrie automobile française et de quelques marques asiatiques. Son titre devrait être renommé « salon automobile de Paris » qui serait plus judicieux. Il n’a plus rien de mondial.

Cette édition morose – se tenant jusqu’au dimanche 23 octobre 2022 – pourrait malheureusement être la dernière si une solution n’est pas trouvée afin d’attirer les marques et faire venir les visiteurs. Est-ce la fin ?

Photos : 4Legend.com

About The Author

Passionné de tout ce qui roule, vole et flotte.

Related posts