Bugatti Type 101 C Coupé de 1951 carrossée par Van Antem

Bugatti Type 101 C Coupé de 1951 carrossée par Van Antem

Saviez-vous que des modèles Bugatti ont été construits aux lendemains de la Seconde Guerre Mondiale, bien avant l’EB110 des années 1990? La Bugatti Type 101 C Coupé carrossée par Van Antem en 1951 en est le parfait exemple que nous avons découvert aux 110 ans de Bugatti à Molsheim.

Difficultés financières de Bugatti dans les années 1940
Malgré des années de succès dans les années 1920 et 1930, en courses automobiles et en construction de voitures, l’histoire de Bugatti a pris une autre direction à la fin de la Seconde Guerre Mondiale dans la fin des années 1940 avec l’apparition de difficultés financières.

Le personnel du constructeur et ses machines ont été détournés durant la guerre pour construire des torpilles et les véhicules amphibies de Hans Trippel. L’héritier d’Ettore Bugatti, le talentueux et créatif Jean Bugatti, est décédé dans un tragique accident lors d’essais en 1939, privant la société de ses prouesses considérables en matière de design.

Ettore Bugatti lui-même, isolé à Paris après la fin de la guerre, a été jugé belligérant par le gouvernement français d’après-guerre en raison de sa nationalité italienne et a été dépouillé de ses biens. À sa mort en août 1947, à l’âge de 58 ans seulement, les reste de l’entreprise Bugatti fut divisé en deux, répartis avec ses héritiers issus de ses deux mariages.

Quelques semaines avant son décès, Ettore Bugatti a fait part – via un communiqué de presse – de son intention de construire à nouveau des voitures portant son nom. A cette occasion, une liste de modèles Bugatti fut dévoilé, afin de les exposer au salon automobile de Paris en octobre 1947.

Cette renaissance de l’activité de la marque faisait suite à la récupération de son usine de Molsheim qui avait été occupée par les allemands durant la guerre.

Ce nouveau programme automobile comportait trois véhicules : une berline Type 73 à 2 portes, une voiture de course Type 73 ainsi que l’étonnante Type 68 (une micro-voiture à l’allure de l’Atlantic).

Exposées au Salon de Paris en 1947, ces véhicules n’ont jamais dépassé la phase prototype. Les commandes de pièces et de services pour les trains (autorails) propulsés par Bugatti, la fabrication de métiers à tisser et les travaux d’usinage pour Citroën ont permis à Bugatti de rester à flot en cette période difficile, mais les automobiles de sport étaient sa véritable passion et sa raison d’être.

Bugatti Type 101 – 6 modèles produits et 1 châssis
En conséquence, le directeur général de Bugatti, Pierre Marco, et Roland Bugatti, le plus jeune des enfants d’Ettore, ont créé la Bugatti Type 101 et l’ont dévoilée au salon automobile de Paris 1951 via deux modèles : une décapotable et un coupé, tous deux carrossés par Gangloff. Ce nouveau modèle était largement basé sur la légendaire Bugatti Type 57 d’avant-guerre.

Ce nouveau modèle diffère de la Type 57 que par sa boîte de vitesses électro-magnétique Cotal et par une nouvelle pipe d’admission du carburateur Weber. Le moteur huit cylindres à double arbre à cames en tête de 3,3 litres et les suspensions d’essieu avant et arrière semi-indépendantes ont été conservés pour des raisons de coûts. Bugatti n’avait pas les moyens financiers d’étudier une nouvelle suspension à roues indépendantes et un nouveau moteur plus puissant.

La Bugatti Type 101 était disponible avec (190 ch) ou sans compresseur (140 ch). La grande nouveauté fut sa carrosserie très moderne pour l’époque, avec un très long capot moteur et une largeur plus importante avec toujours la présence de la grande calandre Bugatti.

Au final, cette voiture fut un échec commercial, avec seulement 6 exemplaires produits en berline, coupé et cabriolet (2 modèles) ainsi qu’un châssis. La raison principale était son prix très élevé (3,2 millions d’anciens Francs) et la cylindrée importante de son moteur de 19 CV qui plaçait la voiture dans une catégorie fiscale peut avantageuse pour les clients devant payer de grosses taxes

Bugatti Type 101 C carrossée par Van Antem de 1951
Sur les six Bugatti Type 101 construites, un modèle sort du lot : le beau coupé (châssis 101504) carrossé par Van Antem à Neuilly-sur-Seine

Il s’agit du 4ème modèle construit en 1951 et qui a été entièrement personnalisé au niveau de sa carrosserie unique, dont les lignes sont bien différentes de celles des autres Type 101.

Brillamment présenté en noir sur rouge, le coupé Bugatti Type 101 Van Antem a été préservé au fil des ans par sa succession de propriétaires-collectionneurs réputés. Il représente le chant du cygne d’une marque française vénérée qui a été mise en berne durant quarante années avant sa renaissance dans les années 1990 avec l’EB110 et, plus récemment, avec les Veyron et Chiron.

La Bugatti Type 101 Coupé Van Antem se démarquait également par son moteur compressé, développant 190 ch.

Gene Cesari, qui s’est rendu à Molsheim avec le célèbre collectionneur d’automobiles Jean DeDobbeleer et est devenu, après plusieurs réunions, le représentant nord-américain de la société, l’a acheté fin 1958. M. Cesari a finalement récupéré la voiture à New York avant qu’elle ne soit vendue à Robert C. Stanley, fils de Fair Haven, dans le New Jersey, fils de l’homme d’affaires de premier plan et ancien président de la société INCO (International Nickel Company), qui a produit 90% de l’approvisionnement mondial en nickel au début des années 1950.

Le coupé Type 101 C est ensuite devenu un élément important de la légendaire collection de Bill Harrah jusqu’en 1986, date à laquelle il a été vendu à l’éminent promoteur automobile français Jacques Harguindeguy. De là, la star de cinéma Nicolas Cage l’a acquis et l’a ajouté à sa collection grandissante de voitures de collection. En 2005, la voiture a rejoint la collection de Gene Ponder, dont la vaste collection a été vendue aux enchères en 2007 par RM Auctions. Avec seulement 11 369 km au compteur, le plus offrant a payé 990 000 dollars pour « La dernière Bugatti ». Son nouveau propriétaire John O’Quinn l’a gardé jusqu’en 2011 où la voiture a été acquise par un collectionneur danois qui l’a possède toujours à ce jour.

Photos : 4Legend.com / RM Auctions / DR

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