24H 2017 – Dans les coulisses des pneus Michelin durant la course au Mans

24H 2017 – Dans les coulisses des pneus Michelin durant la course au Mans

Pour les 24 Heures du Mans 2017, Michelin a mis à disposition de ses partenaires et clients la totalité de sa gamme de pneus d’endurance, que cela soit pour les catégories LM P1, LM P2, LM GTE Pro et LM GTE Am. Le manufacturier de pneus français a apporté un peu plus de 5000 pneus au Mans à l’aide de 13 camions pour équiper un total de 29 voitures (sur les 60 engagés) dont les Porsche 919 Hybrid et les Porsche 911 RSR. Découvrons les coulisses des pneus Michelin durant la plus célèbre course d’endurance.

Une préparation en amont de la course
Les 24 Heures du Mans représentent un grand défi en termes d’organisation pour Michelin. Toutes les facettes de la participation de la firme clermontoise aux 24 Heures du Mans doivent parfaitement se combiner, de manière à apporter un service parfait aux équipes clientes.

La course des 24 Heures du Mans a démarré pour Michelin plus de deux mois avant le début de la course dans l’usine de Cataroux, à Clermont-Ferrand, là où sont fabriqués les pneus pour les courses automobiles.

Plus de 5000 pneumatiques y ont été produits, puis stockés dans des conditions idéales de température, d’humidité et de lumière, avant d’avoir été transportés dans la Sarthe, à l’aide de 13 semi-remorques aux couleurs de la société en parallèle de tout le matériel nécessaire à l’activité de Michelin au Mans.

Une offre complète de pneumatiques Michelin
Pour les pneumatiques, les 24 Heures du Mans représentent historiquement un défi de taille. Au Mans plus encore que sur d’autres circuits, la performance doit s’allier avec la constance et la longévité. Avec des vitesses moyennes en augmentation et des charges aérodynamiques de plus en plus importantes, les voitures de dernière génération comme la Porsche 919 Hybrid, basées sur le règlement introduit par les instances en 2014, imposent à Michelin un travail de développement continu.

La dernière évolution de ce règlement, qui est centrée sur un principe d’efficacité énergétique, date de 2017 et réduit d’un tiers (de la moitié pour certaines épreuves) la quantité de pneumatiques utilisable par les équipes en qualification et durant la course, lors des manches de 6 heures. Les concurrents des catégories LM P1 et LM GTE Pro ont désormais à leur disposition 4 trains de pneus par voiture, à la place de 6 trains l’an dernier.

Pour répondre à ces nouvelles dispositions, Michelin a conçu une nouvelle génération de pneus Endurance qui permet une constance et une longévité accrues, tout en préservant le niveau de performance de l’an dernier. Les nouveaux pneus, validés lors des deux premières manches du Championnat à Silverstone et Spa, ont été proposés par Michelin à ses clients pour les 24 Heures du Mans 2017, les incitant à multiplier les relais.

Trois modèles de pneus slicks : SOFT, MEDIUM et HARD

Michelin a mis à la disposition de ses partenaires trois modèles de pneus slicks, qui se différencient par les mélanges de gommes utilisés dans la construction de leur bande de roulement : SOFT (tendre, conseillé en dessous de 24°C), MEDIUM (conseillé entre 18°C et 35°C) et HARD (gomme dure, conseillé au-dessus de 35°C). Ces trois typologies de gomme correspondent à des plages d’utilisation en fonction des températures (au sol et dans l’air), même si, bien entendu, des plages de recouvrement leur permettent de pallier tous les besoins des concurrents pendant la course.

Ainsi, les différentes écuries, sur les recommandations des conseillers techniques d’écurie Michelin – 20 d’entre eux étaient dépêchés au Mans depuis Clermont-Ferrand – affinant en permanence le plan de course pneumatique qu’ils ont élaboré avant le départ.

Deux modèles de pneus pluie : WET et FULL WET

En cas de précipitations (ce ne fut pas le cas en 2017), Michelin pouvait proposer deux modèles de pneus pluie sculptés, appelés WET et FULL WET. Ils correspondent à des conditions de pluie évoluant de «normales» (WET) à «fortes» (FULL WET). Ce dernier peut atteindre une capacité d’évacuation de 120 litres d’eau par seconde, à haute vitesse.

Un pneu hybride, pour la catégorie LM P1
La catégorie LM P1 a également bénéficié des qualités du pneu Michelin Hybride, qui offre des performances de haut niveau sur un sol humide et asséchant alors que sa bande de roulement soit dénuée de toute sculpture.

Ce pneu a déjà été l’artisan de nombreuses stratégies gagnantes depuis son apparition, en 2012. Bien entendu, comme tous les pneus Michelin, il évolue de manière constante pour offrir plus de performances, de longévité et de sécurité aux pilotes.

12 trains pour 24 heures
Les concurrents des 24 Heures du Mans 2017 ont eu le droit d’utiliser 7 trains de pneus pour les essais qualificatifs et le warm-up, ainsi que 12 trains pendant la course. Les pneus pluie et hybride s’ajoutaient à cette allocation.

Technologie RFID dans les pneus Michelin pour l’affichage des informations
La stratégie pneumatique revêt une importance particulière dans une course d’Endurance, où le bon choix des pneumatiques, outre à la performance maximale, permet de profité pleinement de la longévité et de la constance au fil des tours. Chaque fois que l’on économise un changement de pneumatiques au stand, on gagne 25 secondes sur la piste, ce qui fait de la gestion des pneus un élément clé de la stratégie de course.

D’ailleurs, toutes les équipes ont utilisé la journée du vendredi avant la course des 24 Heures du Mans pour définir en détail le plan de la course. Il s’agit d’un programme détaillé, contenant de nombreuses informations, telles que l’ordre des pilotes en piste, les nombres de relais, les ravitaillements et le choix des pneumatiques.

Cette stratégie, à laquelle Michelin participe activement grâce à l’expérience et aux analyses menées par ses conseillers techniques d’écurie, est ensuite adaptée selon les facteurs extérieurs comme, par exemple, les changements imprévus de la météo ou les neutralisations dues à la voiture de sécurité ou à d’éventuels Full Course Yellow (FCY) intervenants durant l’épreuve.
Une nouveauté importante pour cette édition des 24 Heures du Mans est la possibilité de suivre et mieux comprendre les décisions pneumatiques des équipes, grâce à l’affichage des informations durant la retransmission. Une nouvelle charte graphique a permis de connaitre le type de pneu équipant les voitures à chaque moment de la course, ainsi que le nombre de tours déjà parcourus. L’affichage de ces informations est possible grâce à l’emploi de la technologie RFID. Elle consiste en l’insertion d’une puce électronique dans le flanc des pneus, laquelle communique avec un système informatique qui retranscrit les informations en temps réel.
Outre l’affichage sur les écrans, le système de lecture dynamique des puces RFID, qui est placé à la sortie de la pitlane, a envoyé les informations aux commissaires de la Fédération Internationale de l’Automobile (FIA) afin de contrôler le respect des allocations.

Logistique des pneus Michelin au Mans
A l’arrière des paddocks du Circuit des 24 Heures, Michelin disposait d’un entrepôt sous bâche de 800 mètres carrés, aménagé dans l’espace pneus du circuit. Le transport est optimisé pour réduire l’emprunte carbone des déplacements. Michelin Motorsport travaille depuis plusieurs années sur la polyvalence de ses pneus. En élargissant les fenêtres d’utilisation des différents modèles, le manufacturier français a simplifié considérablement la gestion des pneus pour ses partenaires, et a aussi fortement réduit la quantité d’enveloppes à produire et à transporter pour la course.

Accolé à son entrepôt de 800 mètres carrés, Michelin disposait d’un espace de travail de 600 m² sous une grande tente, dans laquelle les 45 monteurs travaillaient sur 3 lignes complètes (montage/démontage, gonflage, équilibrage). Autant vous dire que ce lieu est une très grande tente qui est loin d’être une canadienne et le magasin n’est pas la petite épicerie du coin. Tout est démesuré au Mans!

Une fois que le conducteur du quad de l’équipe cliente est arrivée, il s’annonce pour commander de nouveaux pneus alors que des techniciens récupèrent les anciens pneus avec les jantes de la voiture de course.

Les techniciens Michelin posent les roues montées devant les chaines de travail. La première étape est le démontage des pneus usés sur une machine spécifique. De nouveaux pneus, cherchés dans la tente de stockage constituant un labyrinthe de pneus, sont apportés au pieds du monteur pour les installer sur les jantes d’origine.

Puis l’ensemble nouvellement monté est mis sur un tapis à rouleaux allant vers la deuxième ligne, celle du gonflage du pneu préalablement disposé dans une cage de protection en plexiglas pour éviter les risques de blessures du personnel en cas de rupture d’une jante lorsque le pneu claque à cette pression. On sait que la roue est bien gonflée quand on entend deux “clacs”. Après on met la valve, ce qui est l’inverse avec des pneus de tourisme.

Ensuite, le roue est regonflée à la bonne pression de 1,5 bars (oui, c’est peu!) et est dirigée vers la troisième ligne, celle de l’équilibrage, spécificité des courses d’endurance. Les marquages des pneus ont été effectués au préalable à l’usine.

Une fois le pneu monté et équilibré, il est chargé sur la remorque de l’écurie qui prend la direction du stand.

Comme dans les écuries de course, le personnel s’est relayé durant la nuit du samedi au dimanche pour assurer la continuité du service.

L’accompagnement des écuries clientes est aussi une priorité pour Michelin, qui leur a mis à disposition 20 conseillers techniques d’écurie pendant la durée de l’événement.

Quinze ingénieurs développeurs étaient également présents pour analyser le comportement des pneumatiques et collecter les données qui ont été ensuite remonter aux bureaux d’études de Clermont-Ferrand. Les pneus usagés ont, eux aussi, rapatriés au siège de Michelin pour compléter l’étude, avant d’être recyclés.
Dans la tente de stockage, chaque pneu porte une étiquette munie d’un code barre qui représente sa carte d’identité et qui permet de le suivre pas à pas et de savoir à tout moment vers quelle écurie est parti le pneumatique, sur quelle auto et même à quel emplacement il a été monté. Il s’agit là d’une véritable traçabilité du pneu. Dès que le pneu est usé, il sera analysé à postériori par Michelin et toute son histoire est ainsi tracé. La FIA a également accès à cette traçabilité.

Il faut également préciser que Michelin ne vend pas ses pneus pour la compétition, il s’agit de contrats de mise à disposition de toute l’infrastructure des pneumatiques : un ingénieur par équipe, la fourniture, le montage démontage, gonflage, équilibrage et étude en temps réel pendant la course.

En effet chaque pneu est mis à disposition des équipes, mais est suivi pas à pas comme un véritable trésor, et tous les pneus sortis du magasin sont récupérés, à l’unité près, après utilisation en conditions de course pour analyse par Michelin. Chaque pneu perdu entraîne une pénalité aux écuries de 1 million d’euros. Aucun pneu n’a été perdu à ce jour!!! Même lors d’un accident à l’autre bout du circuit, une équipe d’astreinte s’y rend en un temps record pour récupérer les débris des pneus et notamment de la bande de roulement.

Les jantes appartiennent à chaque équipe et doivent les nettoyer avant de les amener chez Michelin afin de recevoir de nouveaux pneus.

Un autre poste très important était présent, dissimulé dans un recoin de la tente magasin, lieu très restreint pour des raisons évidentes de confidentialité. Dans cette petite zone à l’écart, officient une poignée d’ingénieurs, dont la mission est d’étudier, de décortiquer, découper, observer sous toutes ses coutures les gommes fraîchement revenues des stands et encore chaudes. Ce qui pourrait passer pour une simple étude en live se révèle en fait d’une utilité et d’une importance capitale. En effet, si on se réfère à la course de 2011, ces ingénieurs, après examens de l’usure et du comportement des gommes, ont émis l’hypothèse qu’il serait éventuellement possible de faire un relais supplémentaire avec le train de pneus, soit 5 relais au lieu des 4 habituels. Ils ont reportés ces conclusions aux équipes, ce qui conduit le team Audi à prendre le parti d’un 5ème relais, contrairement à Peugeot, qui resta sur les 4 relais initialement prévus. Quand on sait que l’écurie Audi l’a emporté devant Peugeot avec 13 secondes d’avance, sachant qu’un changement de pneus « coûte » environ 25 secondes, on réalise alors toute l’importance de cette mini structure de quelques hommes pour conduire une équipe d’une centaine de personnes, ayant travaillé toute une année, vers la première marche du podium de cette course d’endurance, la plus mythique et médiatique du monde.

Toute cette infrastructure d’une centaine de personnes et d’une quinzaine de camions pour le transport des pneus et des machines était nécessaire pour accompagner avec succès les écuries clientes. En 2018, de nouvelles technologies feront leur apparition et je serais de nouveau présent au Mans pour vous les faire découvrir.

 

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