Audi Torpedo Type E 21/78 de 1923

Audi Torpedo Type E 21/78 de 1923

L’Audi Type E Torpedo 21/78 de 1923 de la collection Schlumpf est une voiture unique. Carrossée par Erdmann et Rossi, elle est le dernier spécimen d’une lignée aujourd’hui quasiment disparue.

Audi Type E 1913-1924
L’Audi Type E est apparue en 1913 en 22/55 ch et doté d’un moteur de 5 699 cm3. Ce modèle répondait à des principes mécaniques semblables à ceux de la 10/22 ch mais avait un châssis beaucoup plus long. La Type E était destinée à être la version luxueuse de la marque Audi.

Courant 1914, le radiateur plat des voitures fit place à un radiateur en « coupe-vent » présent sur les modèles suivants. Le radiateur « coupe-vent » et la carrosserie Torpedo, signée Erdmann et Rossi, sont typiques du style germanique de la première partie des années 1920.

Les carrosseries étaient d’étonnantes créations aérodynamiques dessinées selon les directives de August Horch (le fondateur des marques Horch et Audi) et dont l’allure rappelait celle d’une torpille, « Torpedo » en allemand. Ce fut l’origine d’un type de carrosserie qui se répandit plus tard dans le monde entier.

L’Audi Type E fut déclinée en diférentes carrosseries, de 1913 à 1924 : Torpedo, Torpedo-sport, berline à toit arrondi et grandes surfaces vitrées ainsi qu’à conduite intérieure. A partir de 1923, des Type E furent transformées en véhicules utilitaires, de transport et servant également pour les forces de l’ordre (production en petite série de 1923 à 1927), en raison de son châssis long pouvant servir à recevoir diverses carrosseries imposantes.

Audi Type E 21/78 Torpedo de 1923
Ce modèle, seul survivant du type E 21/78 avec une carrosserie Erdmann & Rossi, est la version modernisée d’une voiture née en 1913.

L’auto est très représentative de ces voitures-charnières entre les modèles d’avant 1914 et ceux qui, dans les années 1920, équipées de freins sur les quatre roues, du démarreur électrique ou des soupapes en tête. Modèle haut de gamme dont le fondateur de la marque, August Horch, appréciait particulièrement la robustesse et la finition luxueuse, l’Audi Type E 21 est équipée d’un moteur 4 cylindres de 5 699 cm3, délivrant 55 chevaux à 1 750 tr/min.

D’un poids total inférieur à deux tonnes (le châssis roulant pesait 1 450 kg), l’Audi Torpedo Type E 21/78 atteint près de 100 km/h, et consomme 21 litres aux 100 kilomètres. En 1922, le châssis nu coûtait 14 500 marks, mais il fallait faire fabriquer la carrosserie à ses frais. Par comparaison avec des voitures de cylindrée analogue, une Opel ne coûtait que 4 800 Marks en Torpedo.

L’exemplaire conservé à Mulhouse a reçu, en 1924, une jolie caisse Torpedo décapotable 4 portes – réalisée par l’artisan berlinois Erdmann & Rossi.

Erdmann & Rossi était le carrossier le plus affluent et respecté de la carrosserie de grande qualité en Allemagne avant la seconde guerre mondiale. Cinq passagers pouvaient prendre place dans cette Torpedo, sur des banquettes à l’avant et à l’arrière, ainsi que sur un strapontin central.

Restauration de cette voiture grâce à AUDI AG
Redonner à l’Audi Torpédo l’aspect le plus proche de celui quelle avait à sa sortie d’usine… Tout un art, dû aux talents des spécialistes du Musée de Mulhouse… et à Audi!

Un jour de 1984, les responsables des grandes firmes automobiles mondiales tiennent une réunion de travail à Mulhouse. Pas question évidemment pour ces passionnés de l’automobile de ne point profiter d’une belle occasion, et de faire l’impasse sur la visite du Musée National de l’Automobile.

Si le Dr. Hahn et le Dr. Piëch, qui représentaient à l’époque la direction du Groupe VW-Audi, ne manquaient pas d’admirer les œuvres d’Ettore Bugatti (le Musée qui abrite la Collection Schlumpf, compte plus de 150 Bugatti), ils remarquent aussi une Audi Torpedo (Torpedo : carrosserie ouverte munie d’une capote en toile repliable). C’est une robuste et luxueuse 4 cylindres de 5,7 litres fabriquée par la jeune firme Audi entre 1913 et 1924. Le modèle exposé en Alsace est l’un des derniers exemplaires sortis d’usine ; en attestent la date figurant sur sa plaque-moteur (19/03/23) et le fait que sa carrosserie Torpedo 4/5 places ait été réalisée par les ateliers Erdmann & Rossi, à Berlin, en 1924.

Les Audi Type E rescapées sont rarissimes, ce qui ajoute à l’intérêt que porte immédiatement les dirigeants du Groupe à cette automobile découverte par hasard. Elle est alors, dans son « jus » comme disent les collectionneurs. Entendez dans son strict état d’origine… Évidemment, on est loin de la présentation impeccable qui caractérise certaines restaurations! Les ailes sont déformées, la carrosserie repeinte à la va-vite, la sellerie est bien abîmée, etc.

Le Dr. Piëch demande si le Musée prévoit une remise en état du véhicule, laquelle ne figure pas parmi les priorités du moment. Ne serait-ce que du côté des finances : une restauration effectuée dans les règles de l’art coûte très cher, même si, comme c’est le cas à Mulhouse, le Musée dispose d’un atelier spécialisé. Audi trouve la vraie solution : la marque prend en charge les frais de remise en parfaite santé de la voiture née en 1923. Comme si soixante dix années étaient, d’un coup, abolies…

Ce sont les spécialistes du Musée qui se chargent des travaux sur le châssis et organes mécaniques, et dirigent les différentes opérations de sous-traitance. Avec le souci constant de ne pas se livrer à une entreprise de pure reconstitution, comme cela se pratique très (trop!) souvent dans les ateliers des restaurateurs spécialisés – où certaines autos sont davantage reconstituées que remises en conformité – et de respecter l’originalité du modèle. Bref, de conserver à cette Audi « dans son jus » un aspect aussi proche que possible de celui qu’elle avait le jour de sa sortie d’usine. Au demeurant, cette réfection fut la toute première restauration complète entreprise par l’atelier du Musée National.

Bien sûr, il a fallu confectionner des pièces neuves pour remplacer celles qui étaient irrécupérables ; par exemple refaire entièrement la sellerie de cuir. Mais chaque fois que les artisans ont pu sauver et réparer, redresser et corriger, ils l’ont scrupuleusement fait. Un détail résume bien cet esprit : les peintres ont su, sous les couches de « barbouille » successivement appliquées au Torpedo Audi, retrouver la teinte originelle de la voiture et la lui restituer : une superbe livrée bleu sombre rehaussée de filets droits jaune d’or.

Aujourd’hui, l’Audi Type E 21/78 Torpedo de la collection Schlumpf de Mulhouse n’a rien à envier à ses prestigieuses voisines : aussi rare – ou presque – qu’une Bugatti Royale, aussi remarquablement présentée que les plus belles de ses voisines, elle constitue l’une des pièces historiquement majeures d’une collection qui, unique en Europe et même au Monde, compte pourtant quelques-uns des grands Joyaux de l’histoire de l’automobile.

Découvrez ou redécouvrez ce véhicule, en parfait état de marche, en allant visiter le Musée National de l’Automobile à Mulhouse (Alsace – France), où il est en exposition permanente parmi la plus grande collection de Bugatti au monde : la collection Schlumpf.

Photos : 4Legend.com / Audi / DR

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