Porsche 550 A Spyder de 1957 – Châssis 550A-0126

Porsche 550 A Spyder de 1957 – Châssis 550A-0126

Une rare Porsche 550 A Spyder de 1957 a été mise en vente par Artcurial au salon Rétromobile 2019. Estimée entre 3,8 et 4,8 millions d’euros, elle n’a pas trouvé preneur.

La Porsche 550 A Spyder était une version plus aboutie de la 550 Spyder, première Porsche de course à moteur central. Dotée d’une structure tubulaire au lieu du précédent châssis en échelle, la 550 A était à la fois plus rigide et plus légère. Elle reprenait le quatre-cylindres à plat quatre arbre et double allumage, dans une version plus puissante, et la suspension était modifiée, ce qui permettait d’améliorer la tenue de route de façon significative. La 550 A Spyder a été produite de 1957 à 1959 à 40 exemplaires, avec des numéros de châssis de 0101 à 0146.

Artcurial nous présente cette Porsche 550 A (châssis 550A-0126) qui a été livrée neuve en 1957 au Guatemala, ce qui n’est pas commun. Son premier propriétaire – Hubert Wiesse – se l’est faite livrée via Carribean Motors Co. Pilote amateur, Wiesse l’a engagée avec succès dans plusieurs épreuves sud-américaines, décrochant fin 1957 la victoire à la Carrera Amatitlan et à la Buen Corazon (au Salvador), avec une dixième place au classement général des 1 000 km de Buenos Aires où il partageait le volant avec Jaroslav Juhan alors que Huschke von Hanstein (alors directeur de la compétition chez Porsche) était prévu mais n’avait pas pu prendre part à la course.

Lors de la saison 1958, Wiesel remportait encore deux victoires avec cette voiture, au Circuito Santa Anna (Salvador) et au Circuito San Benito, devenant ainsi Champion d’Amérique centrale tel qu’il apparaît sur une publicité Porsche rappelant les succès de la marque en course. A Santa Anna, une autre Porsche 550 A Spyder était engagée par Ricardo Rodriguez qui a du abandonner après avoir perdu une roue. En 1958, le moteur d’origine a été remplacé par un autre du même type, n°90101.

En 1959, cette voiture a été vendue en France à Robert Buchet, bien connu des amateurs de Porsche. En effet, après un début modeste à la tête d’un garage situé à Poitiers, Robert Buchet s’est fait un nom en course automobile, tout en faisant de son garage une concession Porsche. Personnage haut en couleurs, ex-rugbyman, il a remporté avec Claude Storez, à bord d’une Porsche 356, le Rallye des Routes du Nord, celui d’Armagnac et le redoutable Liège-Rome-Liège. On le reverra tout au long des années 1960 au volant de diverses Porsche de compétition de cette époque, à commencer par une 904 avec laquelle il s’adjuge avec Guy Ligier la catégorie GT moins de 2 litres aux 24 Heures du Mans 1964 (course à laquelle il participe à six reprises), puis la victoire au Tour de France Automobile avec Herbert Linge (classement handicap). En 1967, il est couronné Champion de France des circuits. Toutefois, il ne semble pas qu’il ait utilisé cette 550 A Spyder en course.

En 1974, il succombe à un accident de la route provoqué par un chauffard et la Porsche 550 est vendue à un autre amateur de Porsche bien connu, Raymond Touroul. Avec son style généreux, ce pilote originaire de St-Lô a participé à toutes sortes de compétitions au volant de diverses voitures, que ce soit courses de côte, rallyes où épreuves d’endurance comme les 24 Heures du Mans (auxquelles il a pris part 16 fois, dont 11 en Porsche). Au chapitre de ses exploits, il a remporté un titre de Champion de France de Rallyecross au volant de sa Porsche 911 et a même effectué des interventions au cinéma, comme cascadeur.

Au bout de près de 10 ans, Raymond Touroul a cédé la voiture en 1985 à M.G. Bochand, basé à Compiègne, et lui aussi grand amateur de Porsche. Raymond Touroul était le mécanicien de son père et les deux hommes se connaissaient de longue date. La Porsche était alors partiellement démontée avec le châssis et la carrosserie d’un côté, elle était équipée d’un pont arrière de RSK. C’est en 2010, sur les conseils de Jean-Philippe Grand, que l’actuel propriétaire en a fait l’acquisition. Porschiste exigeant, ayant participé plusieurs années à la Carrera Cup, il va alors se lancer dans une importante restauration qui sera supervisée par un spécialiste monégasque bien connu. Le châssis a été vérifié au marbre, et ne montrait pas de signe de déformation majeure. La carrosserie d’époque était trempée dans un bain afin de la décaper. Il apparaissait alors qu’elle était trop endommagée pour être réutilisée. Une nouvelle carrosserie en aluminium fut alors refaite par un artisan de Turin.

Concernant la partie mécanique, il était naturel de se tourner vers les établissements Freisinger, ces derniers conservant un important stock de pièces d’époque. Le carter de la boîte en magnésium d’origine a été racheté pour la somme de 55 000 €. Son n°690016 renvoie à une fiche de fabrication manuscrite, datant du 15 avril 1957 et qui fait référence au travail n°8607. Le carter moteur n°90120 a également été racheté aux mêmes établissements, et il correspond au Type 547/2 conforme au modèle, d’une cylindrée de 1 498 cm3 et développant 135 ch à 7 200 tr/mn. L’ensemble moteur et boite fut alors entièrement refait chez le spécialiste du moteur quatre arbre allemand, Karl Lorh et son propriétaire nous a confirmé que les montées en régime étaient particulièrement vigoureuses.

Aujourd’hui, cette Porsche 550 A Spyder respecte quasi-parfaitement la configuration initiale de la voiture. L’habitacle comporte des sièges baquet en tissu conformes à l’origine, en face du tableau de bord complet et du volant à jante bois conforme à l’origine. La voiture porte toujours sa plaque de la « Karrosserie Wendler », de Reutlingen, affichant le numéro 550 A 0126 et la date 1957. Le capot avant dissimule un réservoir de grande capacité et la carrosserie présente la forme fine et élégante de celle qui fut la première Porsche exclusivement conçue pour la course.

Photos : 4Legend.com

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