Porsche 356 « Nr.1 » Roadster de 1948 – La première voiture Porsche

Porsche 356 « Nr.1 » Roadster de 1948 – La première voiture Porsche

Le 8 juin 2018, Porsche fêtera ses 70 ans. Cet anniversaire sera également celui de la première Porsche a voir été construite et immatriculée, celle par qui la légende Porsche est née grâce à Ferdinand Porsche et à Ferry Porsche : la Porsche 356 N°1 Roadster de 1948 (Type 356/1). Ferry Porsche s’était fixé l’objectif de construire une petite voiture de sport dotée d’un bon rapport poids/puissance. Découvrez son histoire fascinante et l’évolution de son design.

Origines du projet
A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, la bureau d’ingénierie Porsche se trouvait dans une situation difficile. Les bureaux situés à Stuttgart-Zuffenhausen étaient occupés par les forces militaires françaises et américaines, alors qu’un permis provisoire avait été délivré en août 1945 pour poursuivre les opérations à Gmünd en Carinthie, en Autriche, permettant à la société de poursuivre ses activités.

Porsche engineering comptait 140 personnes qui pouvaient concevoir des projets de tracteurs motorisés, de générateurs de gaz, et d’autres équipements civils. La société pouvait également réparer des véhicules motorisés ainsi que des machines agricoles.

Les premiers produits développés et vendus sous le nom Porsche (la marque automobile n’ayant pas été encore créée) étaient des turbines d’eau, des treuils à corde, des remontées mécaniques et différents types de tracteurs développés sur la base du tracteur du peuple (Volkstractor) qui seront vendus plus tard en tant que produits Porsche.

L’objectif de Porsche engineering était clairement de revenir dans l’industrie automobile gravement touchée par la guerre. En novembre 1945, Ferdinand Porsche et son fils Ferry Porsche ainsi que son beau-fils Anton Piëch ont accepté une invitation d’une commission française à Baden-Baden, dans le but de signer un contrat. Mais avant de pouvoir s’y rendre, les trois participants de la famille Porsche ont été arrêtés par les services secrets français. Ferry Porsche et Anton Piëch ont été rapidement relâchés alors que le Professeur Porsche, âgé et malade, était maintenu en détention. Son fils Ferry devait alors prendre l’initiative de continuer le travail mené par son père.

En juin 1946, un client suisse, Rupprecht von Senger, a contacté le bureau d’ingénierie Porsche afin de concevoir une voiture à quatre places (avec la permission des autorités militaires britanniques) qui deviendra le projet Porsche Type 352. Un modèle miniature a été conçu, avec une carrosserie dessinée par Erwin Komenda qui avait déjà une ressemblance frappante avec la future Porsche 356. Le projet ne vit finalement pas le jour.

Afin de prévenir la menace d’expropriation de la société allemande, la société autrichienne « Porsche Konstruktionen GmbH » (Porsche KG) a été créée le 1er avril 1947 et inscrite officiellement au registre du commerce autrichien le 24 avril de la même année. Le siège était basé à Gmünd. La nouvelle société, dirigée par la fille du Professeur Porsche, Louise Piëch et l’ingénieur en chef Karl Rabe, ont pris en charge à la fois les employés et les machines de l’ancienne société « Dr. Ing. h.c. F. Porsche KG » qui étaient situés en Autriche. Avec cette organisation, Ferry Porsche pouvait ainsi se concentrer sur les nouveaux projets qui permettrait au bureau de design de sortir de la crise rencontrée à l’époque.

Le premier client après-guerre était la jeune société italienne Cisitalia (Compagnia Industriale Sportiva Italia) créée en 1946 et basée à Turin qui a fait appel au bureau d’études Porsche pour un travail de développement. Cisitalia a commandé à Porsche Konstruktionbüro GmbH trois modèles : un tracteur compact, une turbine à eau, une voiture de sport à 2 places à moteur central ainsi qu’une voiture de course afin de l’engager dans des Grand Prix. Ce sera la Type 360 Cisitalia.

Grâce à ce projet, Ferry Porsche avait les fonds afin de pouvoir faire sortir son père de prison en payant 1 million de Francs. Le Professeur Porsche a ainsi été libéré et est retourné en Carinthie le 1er août 1947. Étant en mauvaise santé, Ferdinand Porsche avait malgré tout une très forte détermination pour aider son fils Ferry afin de construire une voiture de sport portant le nom de Porsche et à l’aider sur le projet Type 360 dont le design avait été conçu par Ferry.

Cette commande de Cisitalia a été un point important dans la naissance de la marque Porsche. Au printemps 1947, Ferry Porsche a émis l’idée de créer une voiture de sport en utilisant des pièces Volkswagen et s’inspirant de la Type 64 « Berlin-Rome » de 1938. Ce fut la naissance du projet « VW Sport » qui deviendra ensuite le projet 356. Ferry voulait concrétiser la vision de sa voiture de sport. Au même moment, Cisitalia développait une petite voiture de sport équipée d’un moteur Fiat. Ferry s’était dit : « Pourquoi ne pas faire la même chose avec des pièces VW? » La Type 64 conçue par le bureau d’études Porsche pour la course Berlin-Rome était une voiture similaire faite avant la Seconde Guerre Mondiale.

Conception de la Porsche 356 N°1 Roadster
Le projet 356 a officiellement démarré le 17 juin 1947 à Gmünd dans un hangar en bois d’une ancienne scierie là où le bureau d’études Porsche s’était installé, juste avant que Ferdinand Porsche ne soit libéré.  Ce premier modèle prototype était un projet cher au cœur de Ferry Porsche mais aussi à Ferdinand Porsche.

Rupprecht von Senger – architecte suisse et passionné de voitures – allait aider à lancer la marque Porsche en commandant dès 1947 les cinq premiers modèles de la future Porsche 356, souhaitant acquérir les droits pour les importer en Suisse. Grâce à ses nombreux contacts avec VW, il pouvait obtenir des pièces détachées et des tôles de carrosserie en aluminium afin de lancer la production. Selon la légende, il était très créatif et avait un très bon réseau pour se procurer de nombreuses pièces, les lendemains de la Guerre étant difficiles en Allemagne et en Autriche.

Un premier modèle devait être roulant 1 an plus tard, en juin 1948. Pour cela, il a investi 100 000 Francs suisses dans ce projet d’une nouvelle voiture de sport, se basant sur des pièces Volkswagen, avec un moteur arrière permettant d’avoir un coffre à bagages à l’avant. Ce sera la future Porsche 356/2. Un prototype d’une Porsche 356 Coupé fut construit en parallèle du projet 356/1 à moteur central.

En parallèle, les plans N°356.00.015 ainsi élaborés le 17 juillet 1947 allaient donner naissance à la Porsche 356 N°1 Roadster. Karl Rabe déjà très impliqué sur de nombreux projets du bureau d’études Porsche s’est chargé de la conception technique.

La base choisie fut la Volkswagen Coccinelle, la marque Volkswagen ayant survécu à la guerre malgré que son usine ait été détruite aux 2 tiers puis reconstruite par l’armée britannique. La production des VW a d’ailleurs continué en Allemagne.

Malgré cela, il était difficile de se procurer des pièces récentes. Ainsi, des pièces VW antérieures et certaines pièces récupérées chez Volkswagen constituaient la base de ce projet automobile. Le projet 356 a été construit autour d’un moteur, d’une boîte de vitesses manuelle à 4 rapports, de suspensions, de freins à câbles, d’une direction et d’autres pièces plus petites d’origine Volkswagen.

Comme pour la Volkswagen, la fameuse « voiture du peuple » qui devait être une voiture économique et bon marché, Porsche allait appliquer les mêmes principes pour la 356 en simplifiant sa conception et en étant très ingénieux.

Moteur d’origine VW
En 1947, ne disposant que du moteur Flat 4 de 1 131 cm3 refroidi par air de puissance modeste issu de la Volkswagen Coccinelle, la voiture devait être légère, disposée d’une bonne tenue de route ainsi que d’excellentes qualités aérodynamiques.

Avec un moteur refroidi par air placé à l’arrière, en porte-à-faux, il n’y avait pas besoin d’un arbre de transmission, de radiateur, d’une pompe de liquide de refroidissement, de durites et de liquide de refroidissement. Cela faisait de belles économies. Le moteur était implanté en avant de la boîte de vitesses, ayant pour conséquence un inversement de la suspension avec des bras poussés et non pas tirés.

En se basant sur le moteur Flat 4 Volkswagen, il fallait le rendre plus puissant et certaines modifications furent opérées. Les culasses furent modifiées avec des soupapes de diamètre légèrement supérieur et une augmentation du taux de compression. Au final, le moteur développa 35 ch (26 kW) à 4000 tr/min, soit 10 ch de plus que celui de la Coccinelle. Deux carburateurs Solex étaient également utilisés. Ce moteur est identifié par le numéro 356-2-034969.

La carrosserie choisie était celle d’un roadster à 2 places. Le moteur fut implanté en position centrale-arrière, sur un axe arrière de VW retourné à 180°, derrière la banquette. A l’arrière du moteur se trouvait une batterie de 6V ainsi que la roue de secours.

Châssis et suspension
Le châssis servant de plateforme était différent de la Coccinelle : au lieu d’être en tôle embouti, Porsche a choisi et conçu à Gmünd un châssis tubulaire en acier, comme en compétition automobile. A l’avant, la suspension était constituée d’amortisseurs, de barres de torsion transversales et de bras superposés issus de la Coccinelle. Idem pour la direction et les freins à tambour à commande mécanique à câble.

A l’arrière, des modifications ont dû être faites pour la suspension. Porsche a équipé la 356/1 de bras poussés nécessitant de fixer les barres de torsion complètement à l’arrière du châssis, ce qui n’était pas l’idéal mais économiquement favorable. Des amortisseurs étaient également présents. Ce choix technique n’a pas été choisi pour les Porsche 356 de série.

Carrosserie en aluminium
Sa carrosserie légère et basse de type roadster était faite en tôle d’aluminium, façonnée à la main. Le choix de ce matériau simple était signe d’économie à une époque où l’acier était difficile à se procurer en Autriche et en Allemagne suite à la Guerre.

Son design s’inspire de la ligne de la Porsche Type 64 (en enlevant le haut), elle aussi en aluminium et motorisée par un moteur 1,5 litres d’origine VW. La carrosserie de la Porsche 356 fut dessinée par Erwin Komenda et réalisée par le carrossier Friedrich Weber, ayant auparavant travaillé avec Ferdinand Porsche chez Austro-Daimler.

L’empattement de cette 356 était de 2150 mm, soir 250 mm de moins que celle d’une VW Coccinelle.

En regardant la Porsche 356 « No. 1 », on observe une ligne très aérodynamique et profilée. Elle est large et basse avec une ligne de nez plongeante. Le pare-brise en 2 parties n’est pas très haut et est très incliné avec un absence de montant latéral. Ce type de pare-brise avait une fonctionnalité : être amovible afin de pouvoir utiliser la voiture dans des courses automobiles.

A l’arrière, un long capot était dépourvu de grille de ventilation alors que les 356 en seront équipées. Néanmoins de petites aérations faisant une sortie de ligne pointillée étaient présentes de chaque côté du capot, le long des ailes.

Les roues avec de gros enjoliveurs sont enveloppées par l’élégante carrosserie. Les poignées de porte escamotables ont été intégrées dans la porte pour une meilleure aérodynamique. La voiture ne possède d’ailleurs aucun rétroviseur extérieur.

Les pare-chocs prolongent la carrosserie de manière discrète. Les phares ronds, situés en bout d’ailes, sont inclinés du même angle que ceux de la Coccinelle. Cette particularité sera gardée sur les Porsche 356 et même sur les 911.

Le sigle Porsche n’était pas présent sur la carrosserie. Seule l’inscription « Porsche » (en arc de cercle et non droit) était apposée sur le capot avant.

A l’arrière, le style est tout aussi épuré avec deux petits feux juste au-dessus du pare-chocs. Aucune inscription ou identification n’est présente, hormis le fameux « A » indiquant que la voiture était immatriculée en Autriche sous le numéro « K 45 286 ». La lettre K fait référence à la région de Carinthie (Kärnten) où se trouvaient les premiers locaux du constructeur Porsche, à Gmünd.

La Porsche 356/1 possédait une simple capote de secours, rangée derrière la banquette. La seule photo de cette capote fut d’ailleurs utilisée par Porsche pour la demande d’homologation et d’immatriculation.

Un petit espace de rangement était présent tout à l’arrière, derrière le moteur ainsi que sous le capot avant à côté du réservoir de carburant.

Les dimensions de la voiture étaient à l’origine de 3860 x 1670 x 1250 mm.

Intérieur
L’habitacle de la Porsche 356 N°1 Roadster est assez épuré avec le minimum syndical : une banquette en cuir rouge au dossier encastré, un rétroviseur central fixé sur le montant central du pare-brise, un seul compteur de vitesse gradué de 0 à 160 km/h incluant un afficheur kilométrique, 4 voyants (2 de chaque côté du compteur), des interrupteurs beige de chaque côté du compteur servant à actionner les phares, les essuie-glaces et les clignotants. Face à la place du passager se trouve la petite boîte à gants dont le couvercle accueille une horloge.

Au milieu de l’habitacle se trouve le levier de vitesse.

Les portes sont simples et creuses : elles se ferment en tirant sur une cordelette servant de poignée. Les contre-portes recouvertes de cuir possèdent un petit rangement.

Mise au point et lancement de la Porsche 356 N°1 Roadster
En février 1948, la voiture encore dépourvue de carrosserie était roulante. Ferry Porsche fut le premier à la tester. Le lieu privilégié pour les différents essais était le col de Katschberg offrant une pente de 32 %, à une trentaine de kilomètres au nord de Gmünd. La voiture a aussi été testée sur la route alpine du Grossglockner. Lors des essais, Ferry était accompagné de Robert Eberan von Eberhorst, alors encore consultant sur le projet Type 360 Cisitalia. La voiture a atteint les 135 km/h. D’abord silencieux, puis en secouant la tête, Eberan dit alors : « C’est vraiment quelque chose. Et tout ça avec des pièces Volkswagen! » L’assemblage final de la carrosserie en aluminium dessinée par Komenda s’est déroulé rapidement après. La carrosserie fut réalisée par un artisan talentueux, Friedrich Weber, durant quelques semaines.

Après un an de travaux, la première voiture de sport portant le nom de Porsche et construite à Gmünd fut terminée en mai 1948. Avec ce véhicule, Ferry Porsche a réalisé son rêve de ce que devait être une voiture de sport moderne.

Le 28 avril 1948, Ferry a invité son père Ferdinand à l’essayer ensemble à l’occasion d’une sortie dans le sud de Gmünd, en direction de Spittal, la carrosserie finale n’étant pas encore peinte. Au cours de cet essai sportif, le châssis de la Porsche 356/1 a cassé. Après les réparations, le directeur des travaux Otto Husslein l’a essayé à son tour le 1er mai, pas du tout familier à la conduite d’une voiture sportive. Il est d’ailleurs revenu avec quelques bosses sur la partie arrière du véhicule qui ont été réparées après son retour.

Le 13 mai, la 356 Roadster a été peinte en jaune, pesée et remise à Ferry Porsche pour une évaluation plus approfondie. Une semaine plus tard, Ferdinand Porsche et son chauffeur Josef Goldinger ont réquisitionné la voiture pour une après-midi d’essais qui fut concluante.

Peinte en gris argent, la Porsche 356 « No. 1 » Roadster était présentée le 8 juin 1948 aux autorités de l’État de Carinthie en Autriche pour une immatriculation routière. La marque Porsche a pour la première fois été enregistrée en tant que constructeur automobile, avec pour nom de modèle « Sport 356/1 », portant le numéro de châssis 356-001 et le numéro de moteur 356-2-034969. L’homologation définitive a été accordée le 15 juin 1948, la voiture portant l’immatriculation « K 45 286 ».

La voiture de sport à moteur central était propulsée par un moteur Flat 4 de 1,1 litres développant 35 ch (26 kW). Pesant seulement 585 kilogrammes, la Porsche 356 « No. 1 » Roadster avait une vitesse maximale de 135 km/h, vitesse importante pour l’époque.

Le 4 juillet 1948, lors du Grand Prix de Suisse à Bern, la Porsche 356 Nr.1 Roadster a fait sa première apparition publique et a été prêtée à quelques journalistes afin qu’ils puissent l’essayer. Trois jours plus tard, le magazine suisse « Automobil Revue », via notamment son rédacteur en chef Robert Braunschweig, mettait en avant cette voiture, ses qualités et la naissance de la marque Porsche via un premier article intitulé «Un grand nom qui a de l’avenir». C’était le début de l’histoire de Porsche qui a débuté grâce au marché suisse (voir article 70 ans de voitures de sport Porsche en Suisse).

En août 1948, la Porsche numéro 1 a démontré son aptitude à la compétition lors de la course de rue d’Innsbruck en remportant une victoire dans sa catégorie (moteur de moins de 1,2 litres), avec au volant Herbert Klaes, le cousin de Ferry Porsche. Malgré sa faible puissance, sa conception et son faible poids en faisait une voiture performante pour l’époque avec une assez bonne tenue de route. La voiture était accompagnée d’un Coupé Volkswagen Berlin-Rome de 1939.

Cette première Porsche fut une réussite qui a donné naissance en 1948 à la Porsche 356/2, projet lancé alors que la 356/1 n’était pas encore terminée. C’était la naissance de la marque Porsche et du premier modèle ayant permis au constructeur de Zuffenhausen de devenir ce qu’il est aujourd’hui. La Porsche 356 de série (Type 356/2) a repris quelques éléments de la 356 Nr.1 Roadster mais ce fut une nouvelle voiture avec un châssis similaire à la Coccinelle et déclinée en différentes carrosseries.

En collaboration avec Bernhard Blank, un hôtelier devenu concessionnaire automobile, Rupprecht von Senger a jeté les bases d’une coopération future entre Porsche et le concessionnaire automobile suisse AMAG (Automobil- und Motoren AG) devenu importateur officiel VW à partir de 1948.

Une vie mouvementée avant de revenir chez Porsche
La Porsche 356 Nr.1 Roadster n’ayant été fabriquée qu’à un seul exemplaire, elle fut vendue en septembre 1948 à Josh Heintz, gérant du garage Riesbach à Zurich, au prix de 7 000 Francs suisse. Pendant longtemps, une rumeur annonçait que Rupprecht von Senger l’avait achetée à Porsche, mais ce ne fut pas le cas

La voiture fut exposée dans le showroom du garage Riesbach à Zurich parmi d’autres voitures neuves. De nombreux visiteurs ont pu admirer la Porsche sans pour autant oser l’acheter, la marque et le modèle étant inconnus. Un ami de Josh Heintz, Peter Kaiser, l’a ensuite achetée au prix de 7 500 Francs suisses, devenant ainsi le premier propriétaire de Porsche de l’histoire.

La Porsche 356 Roadster fut immatriculée pour la première fois en Suisse le 20 décembre 1948, portant le numéro de plaque « ZH 20 460 ». Le lettrage «Porsche» présent sur la capot avant ne plaisait pas à Kaiser. Il estimait que cela ne cadrait pas bien avec les noms d’autres voitures de sport du type Alfa Romeo ou Jaguar. « Je n’étais pas intéressé par le nom de Porsche, alors j’ai changé le nom », a t-il dit. Il a ainsi réarrangé le lettrage original pour « Pesco ».

Peter Kaiser utilisait la « Pesco » au quotidien, ce qui lui plaisait fortement car elle était très agile et vivante mais aussi futuriste et originale : « Je devais me garer dans les rues les plus sombres de Zurich car sinon il y aurait une foule de gens autour de moi quand je reviendrais. Ils ne savaient pas reconnaître l’avant de l’arrière. »

Au printemps 1949, Kaiser envoya la voiture à Metsch, un ami basé à Frankental en Allemagne, pour faire évoluer les freins à câble d’origine vers des freins hydrauliques plus performants.

Pour l’anecdote, en 1951, après le déménagement de Porsche à Stuttgart, il a décidé de faire une visite surprise à l’usine Porsche avec sa 356 Roadster, pensant leur faire plaisir. Au lieu de cela, c’était l’inverse. Il pouvait ressentir une certaine honte des employés de Porsche, lui faisant comprendre que le « design raté » de cette voiture n’a rien à voir avec les nouveaux modèles produits par Porsche.

C’était le coup de grâce. Après trois ans à ses côtés, la voiture ne lui donnait plus satisfaction : ses sièges étaient inconfortables, des claquements audibles et agaçants étaient fréquents à différents endroits de la voiture, les portes s’abaissaient à cause des charnières, le moteur était moins vigoureux, l’espace entre les poutrelles était étroit et la suspension n’était plus efficace.

En 1951, Peter Kaiser vendit la 356 Roadster à AMAG, l’importateur VW de Zurich, pour 4 500 Francs suisses. Peu de temps après en 1951, Rosemarie Muff (originaire de Zürich) a acquis la Porsche auprès d’AMAG pour 10 000 Francs suisses.

La nouvelle propriétaire se fichait des différents défauts, elle aimait les formes de la Porsche 356 N°1 Roadster. Elle n’était pas très douée pour la conduite, principalement dans les rues de Zurich, occasionnant quelques dommages à la voiture de sport. Toujours en 1951, quelques mois après son achat, elle finit par la vendre pour 3 000 Francs suisses à un professionnel de l’automobile et grand amateur de voitures, Hermann Schulthess, qui l’a restaura complètement. La première Porsche était enfin entre de bonnes mains!

Lors d’un voyage au col du Saint-Gothard à travers les Alpes, la Porsche a failli entrer en collision avec une chèvre qui était sur la route. En l’évitant, Schulthess freina tellement fort que l’Opel qui le suivait, occupée par six nonnes du couvent d’Einsiedeln, lui rentra dedans. La Porsche 356 Roadster entra à son tour, poussé par l’Opel, dans la voiture se trouvant devant.

La voiture ayant été abîmée à l’avant et à l’arrière, la carrosserie AMAG de Zurich a réparé la voiture en modifiant son design avant et arrière plus proche de celui des Porsche 356 récentes. La Porsche 356 Nr.1 Roadster avait connu sa première grosse transformation!

En 1952, Hermann Schulthess se rendit à l’usine Porsche à Stuttgart-Zuffenhausen afin d’y faire installer de plus grands freins hydrauliques et un moteur 1500 S plus puissant. Sur place, une seule personne de Porsche s’intéressait à cette voiture historique : le responsable des ventes, Albert Prinzing, un ami d’enfance de Ferry Porsche.

De retour en Suisse, Schulthess voulait faire des courses avec sa voiture plus performante. Mais la seule véritable course à laquelle a participé la première Porsche a été la course de côte suisse de Mitholz-Kandersteg en 1953. Pilotée par le suisse Mark Engler, elle est arrivée à la deuxième place derrière le vainqueur Hans Stanek au volant d’une Glöckler Porsche. Toujours en 1953, la voiture a également participé à plusieurs rallyes suisses.

Lors d’un entretien chez AMAG, la voiture a suscité l’intérêt d’un boulanger de Zürich nommé Igoris. Ce fut le coup de foudre lorsqu’il a vu la voiture. Igoris a proposé d’échanger sa récente Porsche 356 1300 Coupé contre la voiture de Schulthess, ce dernier ayant accepté. Igoris s’est rapidement rendu compte que cette voiture ne lui plaisait pas et a même tenté d’annuler l’échange, ce qu’a refusé Schulthess. Igoris a alors laissé stationner la voiture dans son garage sans s’en occuper, ce qui l’a détériorée.

Un peu plus tard, un dernier propriétaire récupéra cette Porsche : Franz Blaser, un mécanicien automobile habitant Laachen en Suisse. Lors de l’un de ses voyages réguliers à Zurich, il a repéré la voiture dans le garage d’Igoris, lui a fait une offre et l’a achetée. La voiture fut complètement révisée, restaurée et remise en route.

 

En 1958, célébrant sa première décennie et dans le but de créer un musée ouvert au public afin d’y exposer tous les modèles précédents, Porsche a pris la décision tardive de récupérer sa première voiture : la Porsche 356 N°1 Roadster de 1948. Richard von Frankenberg, alors pilote de course Porsche et ami de Hermann Schulthess, a supposé qu’il était toujours en possession de la Porsche châssis 356-001. Après lui avoir demandé s’il vendrait la voiture, Frankenberg a pris contact avec Blaser. Au final, l’usine Porsche lui a échangé le « vieux » Roadster âgé de 10 ans contre une Porsche Speedster flambant neuve.

La première Porsche intégra ainsi la collection Porsche. Elle fut fortement utilisée, connaissant de nombreuses modifications, l’éloignant de sa configuration d’origine comme en témoigne certaines photos d’époque.

En 1975, Porsche a décidé de lui redonner une apparence plus proche de son aspect externe original. Son intérieur avait beaucoup changé avec notamment un nouveau tableau de bord à 2 compteurs et des sièges au lieu de la banquette.

Le capot arrière à l’origine en une seule partie a été modifié par deux éléments amovibles.

Le moteur d’origine avait aussi été remplacé, nécessitant une adaptation de la structure tout comme le système de freinage.

Plus récemment à partir de 2010, Porsche a entrepris quelques travaux afin de lui redonner une instrumentation plus fidèle à l’origine ainsi que ses roues d’origine. Aujourd’hui, la Porsche 356 Nr.1 Roadster a une place importante dans le Porsche Museum de Stuttgart.

Elle ressemble de loin au modèle lors de sa présentation mais quelques éléments principaux permettent encore de la différencier : capot arrière en 2 parties, sièges en cuir rouge, boutons sur le tableau de bord.

Construction d’une réplique exacte de la voiture originale
Un autre exemplaire a été dévoilé début 2018, reprenant le design original de la voiture de 1948 avec sa teinte d’origine.

Il s’agit d’une version showcar (une réplique non roulante) commanditée par Porsche afin de célébrer les 70 ans de la marque à travers différents évènements à travers le monde.

Photos : 4Legend.com / Porsche / D.R.

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