Évolution des Audi quattro en rallye de 1981 à 1987

Évolution des Audi quattro en rallye de 1981 à 1987

Avec l’apparition de l’Audi quattro en 1980, Audi a marqué le monde automobile en lançant la technologie des 4 roues motrices dans des voitures de production du type coupé et berline et non plus seulement pour les 4×4. Afin de promouvoir son innovation, des voitures de course Audi quattro ont été engagées en rallye de 1981 à 1986 avec pour couronnement le triomphe dans le Colorado de l’Audi Sport quattro S1 Pikes Peak en 1987 avec Walter Röhrl.

Le constructeur Audi est entré dans le monde des rallyes avec une équipe officielle à partir de 1978, avec – à l’époque – des voitures à traction avant. Le règlement interdisait l’utilisation de la transmission intégrale dans le Championnat du monde des rallyes, et aucun constructeur n’a même remis en question son utilisation lorsque la Fédération allemande, à la demande d’Audi, a demandé à la Fédération internationale des sports mécaniques l’autorisation de permettre la participation de véhicules avec quatre roues motrices. La marque qui avait fait la demande à l’époque n’avait même pas de véhicule avec ces caractéristiques dans son catalogue. Puis est apparue au salon automobile de Genève 1980 l’Audi quattro. Cependant, les succès au Championnat du monde des rallyes sont survenus un an seulement après la présentation de l’Audi quattro originale : l’Ur-quattro.

De nombreuses victoires en rallye avec les Audi quattro A1 et A2 de 1981 à 1984
Le règlement du groupe B laissait à la configuration technique des voitures des marges de manœuvre assez larges et son époque correspond de ce fait à de nombreuses innovations. A l’époque, les écuries comme le développement mettaient les bouchées doubles pour faire évoluer techniques et pilotage face à la concurrence.

Une voiture de course est ainsi spécialement conçue : l’Audi quattro A1 développant entre 300 ch (221 kW) et 340 ch (250 kW) via un moteur 5 cylindres turbo, issu du modèle de série.

Sur la neige du Rallye de Monte-Carlo 1981, le pilote finlandais Hannu Mikkola a remporté les six premières spéciales avec une supériorité absolue : la victoire a été perdue en raison d’un problème avec l’alternateur, alors qu’il avait un avantage de près de six minutes. La première victoire ne tarde pas à venir : c’est lors du prochain test, le Rallye de Suède de la même année.

En 1981, l’Audi quattro fait jouer ses atouts dès sa première saison : le Finlandais Hannu Mikkola remporte deux étapes et se classe troisième du championnat des pilotes et ce, en dépit des défauts de jeunesse dont souffre encore la voiture. Au rallye de San Remo, la Française Michèle Mouton est la première femme à remporter une course comptant pour le championnat du monde des rallyes.

En 1982, toute l’équipe d’Ingolstadt se lance dans la mêlée pour concrétiser le slogan Audi « Vorsprung durch Technik » (L’avancée par la technologie) en dominant le championnat grâce à la transmission intégrale. Une évolution de la quattro de course fait son apparition avec plus de puissance et une petite évolution stylistique : l’Audi quattro A2 développant 360 ch (265 kW). Hannu Mikkola, Michèle Mouton et le Suédois Stig Blomqvist remportent sept victoires en onze manches ; Audi décroche ainsi le championnat des constructeurs et Michèle Mouton la seconde place au classement des pilotes.

En 1983, Audi est deuxième mais les quatre victoires de Hannu Mikkola lui valent le titre de meilleur pilote de la saison.

En 1984, l’équipe Audi Sport termine sur un double titre des constructeurs et pilotes grâce aux cinq victoires de Stig Blomqvist, devenant le premier pilote à remporter 5 victoires lors d’une même saison. La saison avait débuté en fanfare avec une triple victoire Audi : au rallye de Monte-Carlo, l’Allemand Walter Röhrl venu renforcer le team Audi Sport s’était imposé devant ses co-équipiers scandinaves à l’issue d’un duel époustouflant.

Ère des Audi Sport quattro et Audi Sport quattro S1 de 1984 à 1986
Fin 1984, l’Audi quattro A2 est remplacée par l’Audi Sport quattro une version raccourcie (empattement plus court de 32 centimètres) offrant plus de légèreté et de maniabilité. La puissance du moteur 5 cylindres turbo atteint 450 ch (331 kW).

En dépit de quelques victoires spectaculaires, l’Audi Sport quattro puis l’Audi Sport quattro S1 qui en était dérivée n’ont pas vraiment fait carrière. Par contre, leur technique a marqué l’histoire des courses de rallye du fait de son caractère extrême. Officiellement, le moteur cinq cylindres en aluminium délivrait une puissance de 476 ch (350 kW) mais il était doté d’une recirculation d’air qui améliorait le rendement du turbo et autour des 8 000 tr/mn, sa vraie puissance avoisinait plutôt les 500 ch. En démultiplication moyenne, le Sport quattro S1 mettait 3,1 secondes pour faire passer ses 1 090 kilogrammes à 100 km/h.

Certains exemplaires étaient déjà équipés d’une boîte à double embrayage permettant de passer les rapports sous couple, autrement dit l’ancêtre de l’actuelle boîte robotisée DSG / S tronic installée sur les modèles de série. La structure de caisse est faite d’un cadre-treillis habillé de tôles acier et de matériaux composites. Les radiateurs, le ventilateur et l’alternateur sont placés à l’arrière pour équilibrer les masses. Bardée d’ailerons et de spoilers qui améliorent la déportance dans les étapes rapides, l’Audi Sport quattro S1 est également équipée de freins qui sont refroidis par projection d’eau.

Au printemps 1986, le groupe B commence à susciter de réelles inquiétudes car les voitures se rapprochent techniquement parlant de la démesure, ayant occasionné des accidents graves (décès). C’est la fin du Groupe B et Audi décide de se retirer des rallyes. Enfin, pas tout à fait : en 1987 des Audi 200 quattro ont été engagées à quelques rallyes dont le fameux Marlboro Safari Rally Kenya remportée par le constructeur d’Ingolstadt.

Un prototype Audi Sport quattro Groupe B à moteur central
Au fil des ans, l’Audi quattro eut affaire à forte partie en dépit de sa domination – face à la Peugeot 205 Turbo 16 par exemple, la première voiture vraiment typée compétition à être équipée d’un moteur central. Il fut question d’adopter un concept analogue et un prototype a été construit pour la tester en 1985 pour le Groupe B. Au final, Audi finit par renoncer au projet afin d’éviter un écart trop important entre ses modèles de série et les versions rallye.

Prototype Audi Sport quattro RS 002 Groupe S de 1986
En prévision du remplacement des Audi Sport quattro dont les fameuses S1 et afin de respecter le règlement du Groupe S, Audi Motorsport a conçu en 1986 le prototype Sport quattro RS 002 développant 500 ch via ses quatre roues motrices. Ce prototype n’a jamais été testé afin de faire sa mise au point et n’a ainsi pas participé à des courses suite au retrait d’Audi du championnat du monde des rallyes suite à la disparition du Groupe B.

Montée de Pikes Peak avec un modèle sur-mesure
Suite à de graves accidents, la FISA interdit les voitures du Groupe B en rallye et passe au règlement du Groupe A, plus proche de la série. Audi a souhaité rendre hommage à sa dernière évolution de voiture de rallye en engageant en 1987 un modèle créé spécifiquement et pilotée par Walter Röhrl. L’Audi Sport quattro S1 Pikes Peak est animée par un moteur de 600 ch (441 kW). Le duo voiture/pilote devenu légendaire s’est adjugé un succès spectaculaire au Colorado dans la course de côte de Pikes Peak 1987, comportant 156 virages et un sommet à 4 301 mètres. Le record de montée a été battu en 10:47,85 minutes.

Cette performance de Walter Röhrl fait suite à celles de Michèle Mouton (1985) et Bobby Unser (1986), permettant ainsi à Audi de fêter trois victoires d’affilée dans cette grande course américaine qu’est la « Race to the Clouds » (La course aux nuages). Des années s’écouleront avant qu’un pilote ne parvienne à rééditer le temps de Röhrl au volant de la S1 Pikes Peak.

40 ans de quattro
L’Audi quattro, apparue il y a 40 ans en 1980, a permis à la marque Audi de se démarquer et se faire une solide réputation. Les Audi quattro de course ont profondément marqué le monde du rallye et l’influence qu’elles ont exercée sur la compétition continue de se faire sentir de nos jours. Aujourd’hui encore, la transmission intégrale permanente et le moteur avant font partie de la panoplie des modèles victorieux dans le championnat du monde des rallyes, le WRC.

Photos : Audi / DR

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