NSU Uruguay P6 & P10 – Des modèles NSU made in Uruguay produits de 1969 à 1971

NSU Uruguay P6 & P10 – Des modèles NSU made in Uruguay produits de 1969 à 1971

En 1969, un break à 3 portes a été spécialement créé par Nordex et Quintanar pour être vendu en Uruguay, utilisant des éléments et moteurs du constructeur automobile allemand NSU. Deux modèles ont été conçus et commercialisés entre 1969 et 1971 via deux modèles : P6 (Prinz 6) avec moteur NSU de 600 cm3 avec grandes vitres latérales et P10 (Prinz 10) avec moteur NSU de 1 000 cm3 avec 3 grandes vitres latérales.

NSU n’a pas fabriqué de break, uniquement des deux-roues, des berlines, des coupés et de cabriolets. Pourtant un break NSU a bel et bien été produit en petite série en Uruguay (Amérique du Sud) par la société Nordex, qui a commencé en 1963 à assembler NSU Prinz via des kits provenant d’Allemagne de l’Ouest.

Origine du projet via le prototype NSU Uruguay de 1969
L’Uruguay a une histoire automobile passionnante avec au commencement une production locale sous licences de quelques modèles de différentes marques comme Renault, Citroën et NSU.

Il n’existait pas de marque automobile locale et les kits des véhicules y étaient expédiés par bateau depuis l’Europe et les États-Unis afin de les assembler et les commercialiser.

Tout a commencé début mai 1969, Jorge Soler et Nelson Guelfi étaient dans un avion en partance de Montevideo en Uruguay et à destination de Francfort. Les deux hommes sont des représentants de la société Quintanar, important des pièces NSU en Amérique du Sud. Il étaient également des experts des modèles du constructeur allemand. Ces pièces sont ensuite assemblées sur des carrosseries autoportantes (une première en Uruguay) créées localement par le carrossier Nordex, une NSU Prinz 4 made in Uruguay, dénommée NSU P4.

En visite chez NSU à Neckarsulm, Jorge Soler et Nelson Guelfi y présentaient leur dernière création : un break équipé de la technologie de la NSU 1000. Ils avaient envoyé le prototype en Souabe avant leur visite, démonté en pièces détachées. Pour réduire les coûts de transport, les pièces d’origine NSU étaient d’abord assemblées en Allemagne. Le 5 mai 1969, le « véhicule de l’Uruguay » – comme il était surnommé en interne chez NSU – était prêt pour les tests.

Ce nouveau break n’était pas une réussite en terme de design, loin des modèles NSU : la forme de la carrosserie est inhabituelle avec un aspect global peut flatteur. Les designers d’Uruguay semblent avoir conçu la voiture avec une règle vu le nombre de lignes droites et d’angles. Seuls les phares et les feux arrière sont ronds.

La NSU Uruguay offre quelques curiosités intéressantes : l’absence de calandre, non nécessaire vu l’installation du moteur à l’arrière. Des aérations sont d’ailleurs présentes sur les ailes arrière afin apporter de l’air frais au moteur. Seuls les doubles phares et les feux arrière indiquent la relation avec les modèles européens de NSU.

Le moteur NSU n’est pas un moteur boxer comme le break VW 1600 Variant. En Uruguay, la NSU Uruguay P10 a un moteur à quatre cylindres en ligne de 1 000 cm3 empiétant fortement sur l’espace de chargement arrière. Le coffre est à l’avant avec une bonne contenance.

Après les essais de NSU à Neckarsulm, la première impression, en termes de comportement de conduite, était positive. D’après une note interne datée du 7 mai 1969, les développeurs en chef de NSU, Hans-Gerd Wenderoth et Ewald Praxl, avaient également consulté des experts externes pour une évaluation fondamentale de la voiture. Après des tests approfondis, la liste des défauts étaient assez longue, comme un confort insuffisant, des jointures soudées médiocres ou une insonorisation insuffisante.

Ces points négatifs pouvaient se résoudre facilement, ne bloquant pas la production de ce modèle exotique réservé uniquement à l’Uruguay et non pour le marché européen et allemand.

Ce prototype, qui appartient à Audi Tradition et stocké à Neckarsulm, reste le premier et la seule voiture NSU Uruguay à avoir roulé sur les routes allemandes.

Une production limitée de 1969 à 1971
Jorge Soler et Nelson Guelfi, les deux Uruguayens, avaient obtenu l’accord de NSU afin de produire à partir de 1969 le break en petite série pour le marché local. Près de 500 voitures familiales sont sorties de la chaîne de montage du carrossier Nordex – sous le nom de « NSU P6 » avec un moteur à deux cylindres de 600 cm3 refroidi par air (le 6 étant une référence à 600) et sous le nom de « NSU P10 » avec un moteur à quatre cylindres de 1 000 cm3 refroidi par air (le 10 fait référence au 1000) et un empattement plus long de 21 cm. Environ 400 exemplaires de la NSU P6 auraient été produits et une centaine de P10.

La production a pris fin en 1971, suite à la rétractation de NSU de l’ensemble du marché sud-américain pour des raisons financières. Bien qu’aucun successeur n’est apparu par la suite, Volkswagen a rendu hommage à ce modèle. NSU ayant été rachetée par Volkswagen, VW s’était très fortement inspirée du design la NSU P10 pour créer un nouveau modèle réservé au marché brésilien et lancé en 1973 : la Volkwagen Brasilia.

Quelques modèles survivants en Uruguay
Aujourd’hui, l’entreprise Quintanar n’existe plus et Jorge Soler ainsi que Nelson Guelfi sont morts. Néanmoins, quelques NSU P6 et NSU P10 continuent à rouler grâce à une bande de passionnés locaux (Amigos del NSU) et notamment Nelson Fuentes.

Ce dernier était mécanicien chez l’importateur de pièces NSU de 1967 à 1975, ayant acquis une solide expérience dans ces modèles NSU. Selon lui, les NSU fabriquées en Uruguay sont de bonnes voitures faciles à réparer.

Dans son atelier local, l’homme de 80 ans répare occasionnellement les voitures de ses amis. D’ailleurs, une P6 et une P10 sont toujours dans son atelier.

La société Nordex SA existe toujours, fabricant des camionnettes indiennes Mahindra, des berlines Peugeot, des camions Renault et même des berlines chinoises Geely.

Photos : 4Legend.com / Audi / DR

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